« Peut-on sans impiété se figurer et dire que la création a coûté quelque travail à Dieu, quand nous voyons les choses sortir du néant à sa parole ? Que l'exécution suive le commandement, ce n'est plus une fatigue, même pour l'homme. Sans doute, la parole exigeant qu'on frappe l'air, finit par devenir une fatigue : mais, quand il s'agit de prononcer quelques mots, comme ceux que Dieu fait entendre dans l'Écriture : fiat lux, fiat firmamentum, et ainsi de suite, jusqu'à l'achèvement de la création au septième jour, il y aurait une extravagance par trop ridicule a soutenir qu'elles lassent, je ne dis pas Dieu, mais un homme. Dirait-on que la fatigue consistât pour Dieu, non à donner des ordres immédiatement exécutés, mais à méditer profondément les moyens de réaliser ses plans; que délivré de cette préoccupation à la vue de 1a perfection de ses oeuvres, il se reposa et voulut avec raison bénir, sanctifier le jour où, pour la première fois, il n'eut plus à déployer une si grande attention? Un pareil raisonnement serait le comble de la déraison. L'intelligence est en Dieu infinie, illimitée, comme la puissance elle-même. » (Saint Augustin, la Genèse au sens littéral, Livre IV, chapitre VIII)abou rachid a écrit : La Bible :
" L'Eternel a fait en six jours le ciel et la terre, mais le septieme jour, Il s'est reposé et Il a respiré "
(Exode , Chap31,ver17)
insistance sur : " septieme jour, Il s'est reposé et Il a respiré "
question simple réponse simple ?
donnez moi une explication de votre Seigneur qui est fatigué ?
Le repos dont il est question ici ne suppose aucune fatigue en Dieu. Quand on dit qu’après que le vent est tombé, les eaux du lac sont au repos, on ne sous entend pas qu’elles sont fatiguées mais simplement qu’elles ont cessé d’être agitées. Le verbe schabath, s'emploie dans le sens de « cesser de parler » (Job 32:1), de même que noua'h qui signifie non seulement « être tranquille, se reposer », mais aussi « cesser de parler », comme en 1 Sam 25:9 où, selon Maïmonide dans le Guide des Egarés, le sens est « ils cessèrent de parler pour entendre la réponse ». Le Talmud prend également ce verbe en un sens transitif « Il fit reposer son univers au septième jour » (Bereshit Raba 10)
Ainsi le septième jour, selon les docteurs tant Juifs que Chrétiens, Dieu cessa d’agir en un sens, quoique non dans tous les sens. Il cessa d’agir en un sens particulier car après avoir créé le règne angélique, le règne minéral, le règne végétal, le règne animal et l’homme, il ne créa plus une nouvelle classe d’êtres. Mais en un sens plus géneral, Dieu ne cessa pas toute activité pour autant, car il maintient continuellement la création dans l’être, elle qui sans son gouvernement ne saurait subsister un seul instant. C’est pourquoi Notre Seigneur enseigna « Mon Père ne cesse pas d’agir » Jean (5,17) et Saint Paul apprit de même aux Athéniens que « c'est en Lui que nous avons la vie, le mouvement et l'être ».
« En effet, nous ne faisons pas partie de la substance divine, et nous ne sommes pas en lui au même titre qu'il à la vie en lui-même : or, du moment que nous sommes distincts de Dieu, nous ne pouvons avoir l'être en lui qu'autant qu'il agit en nous. Cette activité consiste à tout gouverner, à étendre sa puissance d'un bout à l'autre du monde, à tout disposer avec harmonie, et c'est grâce à cet ordre sans cesse maintenu que nous avons en lui l'être, le mouvement et la vie. Par conséquent, si Dieu cessait d'animer la créature, nous n'aurions plus l'être, le mouvement et la vie. Il est donc évident que Dieu n'a jamais cessé, même un jour, de gouverner les êtres créés, pour les empêcher de perdre ces mouvements qui les animent et les conservent avec les propriétés et selon les lois de leurs espèces; et qu'ils seraient immédiatement anéantis -sans cette activité de la Sagesse divine qui répand partout l'ordre et l'harmonie. Convenons donc bien que Dieu s'est reposé de ses oeuvres, en tant qu'il n'a créé aucun être d'une espèce nouvelle et non en vue d'abandonner le gouvernement et le maintien de la création. Ainsi se concilie cette double vérité, que Dieu s'est reposé le septième jour et qu'il ne cesse pas d'agir. » (Saint Augustin, la Genèse au sens littéral, Livre IV, chapitre VIII)
Comme digestif, vous prendrez bien un peu de Saint Thomas :
« Le mot "repos" peut prendre deux acceptions : 1. celle de cessation de toute oeuvre ; 2. celle de la satisfaction du désir. Et ce repos du septième jour s'applique à Dieu de ces deux manières. Au premier sens, parce que, au septième jour, il a cessé de constituer de nouvelles créatures ; ultérieurement en effet il n'a rien fait qui n'ait d'une manière quelconque préexisté dans ses premières oeuvres, ainsi que nous l'avons dit. - Au second sens, en ce qu'il n'avait pas besoin lui-même de ce qu'il avait créé : il est bienheureux en jouissant de lui-même. Aussi, après la création de toutes ses oeuvres on ne dit pas "qu'il a trouvé son repos dans ses oeuvres", comme s'il en avait besoin pour sa béatitude, mais "qu'il se reposa d'elles", en lui-même, car par lui-même il se suffit et satisfait son propre désir. En conséquence, bien qu'il se soit reposé en lui-même de toute éternité, après la création de ses oeuvres, il goûta en lui-même un repos qui appartient au septième jour. Et c'est en cela, dit S. Augustin, que consiste "se reposer de ses oeuvres". » (Somme Théologique, Ia, Q73, a2)