Ayant été assez sollicité récemment du fait de mon absence et malgré une très faible disponibilité, j'ai décidé de jeter un oeil sur le débat oecuménique du site. Et je suis surpris de voir comment il est possible de faire croire au lecteur qu'on puisse parvenir à faire un quelconque "rapprochement" entre les groupes chrétiens en employant les méthodes et arguties qui justement ont entraîné la division du monde chrétien, et cela, dès son origine.
Pourtant, le thème introduit par Téo a déjà fait l'objet de plusieurs réponses et il n'est plus possible aujourd'hui, de s'en tenir à quelques aspects réthoriques qui font bien en apparence, mais s'avèrent à l'analyse, hors de toute méthode et de tout enseignement traditionnel.
Car le christianisme n'est pas autre chose que la révélation du messianisme juif, comme le relèvent les publications les plus récentes de ces dix dernières années et notamment certaines conférences données ici en France en 2006 et 2007 en milieu universitaire. L'apport principal du christianisme est la révélation du corps mystique dont la réalisation sous l'emprise de Jésus est une condition particulière de l'établissement du royaume céleste évangélique. Aussi, je suis étonné de voir que le mot
génération soit encore interprété à la façon grecque comme opération de progénitalité, alors qu'il a un tout autre sens en hébreu et dans la tradition juive. Et ainsi d'ignorer que tous les acteurs proches de Jésus qui figurent dans le NT sont des juifs fortement imprégnés des enseignements messianistes, n'est certainement pas la meilleure approche doctrinale du christianisme originel. Pour comprendre le christianisme, il faut le resituer dans l'ensemble de la révélation biblique auquel il se rattache intégralement.
J'ai déjà exposé sur ce site comment la science se rapproche très subtilement de la religion, notamment avec la physique quantique. J'ai également expliqué comment des moines catholiques pratiquent l'oecuménisme avec l'Orient, en participant à des colloques ou parfois à des expérimentations destinées à comprendre le sens mystique des diverses traditions de la religion. Ces études, après 15 décennies de travaux divers aboutissent à reconnaître un ordre universel de la mystique, même si les langages sont différents. Ainsi, la base de l'oecuménisme passe naturellement par l'étude des symboles bibliques que le messianisme chrétien a adopté de fait, malgré la transposition en grec des écritures, transposition sans laquelle le christianisme n'aurait jamais vu le jour.
Aussi, il n'est peut-être pas inutile de reprendre le post de Téo en y apportant quelque commentaires !
Les trois évangiles synoptiques de Matthieu, Marc et Luc témoignent de la même conclusion du discours eschatologique de Jésus qui répond à ses disciples à leur question : « Dis-nous :quand ces choses auront-elles lieu, et quelle sera le signe de ta venue et de la consommation du siècle ? » Matthieu 24 :3 ; Marc 13 :4 ; Luc 21 :7.
Le mot
siècle se base sur le mot grec
aion qui désigne une période de temps, un cycle, une ère. Contrairement au dictionnaîre Strong d'origine anglosaxonne, il n'y a pas lieu ici de privilégier le sens premier que ce dictionnaire accorde au mot aion en lui donnant un sens inexact de "
pour toujours, à perpétuité, éternité", car cela s'oppose à la notion du mot qui précède le mot aïon, et qui est le mot
sunteleia, dont le sens est celui d'une fin, d'un achèvement, d'un accomplissement.
Mat 24:3 καθημενου δε αυτου επι του ορους των ελαιων προσηλθον αυτω οι μαθηται κατ ιδιαν λεγοντες ειπε ημιν ποτε ταυτα εσται και τι το σημειον της σης παρουσιας και της συντελειας του αιωνος
Mat 24,3 Il s’assoit sur le mont des Oliviers. Les adeptes s’approchent de lui, à part, et disent: «Dis–nous quand cela sera? Quel est le signe de ton avènement et de l’achèvement de l’ère?»
Si le verset évoque l'achèvement du temps, le sens du mot aion est donc celui de période de temps ou de cycle de temps, puisque ce qui est cyclique a un début et une fin, contrairement à ce qui est perpétuel ou éternel. De même, des périodes ou cycles temporels peuvent s'enchaîner les uns derrière les autres, et l'on a là, la caractéristique de ce qui est temporel, à savoir un début, une fin et une succession.
Toute la réponse de Jésus à cette question des apôtres du verset 24,3 repose sur une correcte interprétation du mot aion ! Jésus va parler des évènements qui doivent être le signe de son avènement proche, évènements qui définissent l'accomplissement du cycle présent. Cet avènement n'étant possible en tant qu'être universel que lorsque l'être individuel s'accorde spirituellement aux conditions nécessaires à la perception consciente de cette universalité, il est alors très logique que l'être universel (le Christ ou Messie) se révèle au minimum entre deux cycles de l'individu temporel, c'est-à-dire à la fin du cycle, puisque cette fin de cycle est aussi la fin de l'individu et qu'il ne subsiste de l'âme que sa part universelle. Le Christ peut se révéler aussi durant le cycle temporel à ceux qui, par leur prise de conscience spirituelle de l'existence universelle, s'accordent durant leur vie présente, à l'émergence de cette conscience universelle, que tous les êtres individuels possèdent dès le début de la création, mais dans un état d'oubli ou de mise en sourdine. C'est à cause de cet oubli ou de ce voile, que nous ne percevons pas le Christ comme le principe régnant, et que les hommes sont plus à même de lui substituer IHWH en tant que principe individuel "Je suis", plus facile d'accès, plus immédiat, mais dont l'objet est de conduire naturellement au développement de l'être individuel, jusqu'à ce que l'être individuel perçoive sa nature universelle et harmonise les deux natures, processus qui est littéralement le processus messianique.
Après avoir prophétisé en détails une suite d’évènements fâcheux qui se produiraient immanquablement, à commencer par la ruine de Jérusalem et de son temple jusqu’à l’angoisse des nations de la terre prises dans un tourbillon de tribulations sans précédent avant sa venue dans la gloire,
Tout cela est vrai, mais il existe une clé d'interprétation du temple dans le NT. Le temple est le corps. Le temple est toujours une construction du monde matériel, et donc, il est nécessairement corporel. Il a des dimensions, il a une structure, il a des fonctions et des domaines réservés. Or, dans le symbolisme biblique, l'être humain est le lieu de la conscience (Adam) et cette conscience construit le temple, c'est-à-dire le lieu de la contemplation. Chaque conscience ne peut fonctionner que dans un corps.
Jean 2:21 Mais il parlait du temple de son corps.
1 Corinthiens 6:19 Ou bien ne savez–vous pas que votre corps est le sanctuaire du souffle sacré qui est en vous? Vous l’avez reçu d’Elohîms; vous n’êtes donc plus à vous–mêmes.
Or le corps physique est temporel. Il a un début et une fin. Et lorsqu'approche la fin du cycle de ce corps, la plupart éprouvent bien des tribulations, soit liées à l'âge ou la maladie, soit liées à l'agonie qui est une phase préparatoire bien codifiée et démontrée du processus mortel. Ce sont là des signes pour chaque individu que quelque chose approche. Par ailleurs, il n'est pas établi que certains hommes aient pu perdurer dans un corps physique, même les plus religieux. Dans tous les courants chrétiens, il ne s'est pas trouvé un seul homme qui ne soit pas mort physiquement au terme de son cycle d'existence. Et dans le NT, même Jésus meurt, après Jean le baptiseur et d'autres personnages bien proches. Les médecins ont décrit l'agonie comme une phase où le mourant est sujet à des visions multiples, parfois horribles, parfois le conduisant à un renforcement de sa quête religieuse. Beaucoup de mourants se posent bien des questions sur Dieu au moment de leur agonie, même s'ils n'y avaient trouvé aucun intérêt durant le reste de leur vie.
C'est pourquoi, Jésus prévient que, durant cette phase:
Mat 24,5 Oui, beaucoup viendront en mon nom et diront: ‹Moi, le messie› et ils en égareront beaucoup.
Mat 24,23 «Alors si quelqu’un vous dit: ‹Voici, ici le messie› ou bien: ‹Là!›, n’y adhérez pas.
Or ces visions de l'agonie interviennent en plein dans les luttes de l'âme pour conserver son contrôle du corps physique, et les tribulations sont liées à la perte de ce contrôle. Il est alors facile pour la conscience d'être abusée par des visions multipliées par les circonstances d'affaiblissement du corps qui agissent en provoquant une sorte de demi-sommeil , libérant l'âme par courts instants de son attention au monde physique. La vie religieuse a pour objet d'exercer l'âme et atténue ce risque d'être abusé des visions. C'est que la vie religieuse se passe hors des tribulations du corps liée à l'agonie, et la religion est un acte de volonté d'échapper au contrôle de l'âme par le corps, ce qui est l'état exact de l'homme charnel ordinaire. La religion permet de redonner à l'âme son contrôle du corps. Les échappées qu'elle fait alors par la prière ou la méditation, lui permettent d'accéder à ces visions, et le religieux est donc abusé durant sa vie, dans un corps en pleine santé, et il peut donc corriger l'interprétation des visions ou recourir à des avis experts, afin de maîtriser ces visions religieuses. Mais lors de l'agonie ou de la tribulation finale, cela est bien tardif. La conscience doit alors lutter contre les tremblements de terre (tremblements du corps), contre les guerres et rumeurs de guerre (le corps s'affaiblissant en tant que corps central, chaque organe finit par être livré à lui-même, sans coordination et régulation centrale, générant une compétition entre eux qui accélère l'affaiblissement du corps) et ce corps est même envahi par la désolation, la famine (le vieillard a du mal à se nourrir durant cette phase). Enfin, les biologistes ont décrit le mécanisme génétique programmé que chaque cellule possède de sa propre destruction. La mort est en effet programmée dans le corps et l'individu ne peut rien y faire. Comment l'âme en proie à ces évènements dramatiques de la vie terrestre peut-elle maîtriser les visions, si elle ne s'y est pas accoutumée durant la période de paix et de libre choix ?
Depuis longtemps, les exégètes achoppent sur cette Parole de Jésus : « Cette génération ne passera pas que toutes ces choses ne soient arrivées. »
Voici le verset correspondant de Matthieu :
Mat 24:34 αμην λεγω υμιν ου μη παρελθη η γενεα αυτη εως αν παντα ταυτα γενηται
Mat 24:35 ο ουρανος και η γη παρελευσονται οι δε λογοι μου ου μη παρελθωσιν
34 Amén, je vous dis: cet âge ne passera pas que tout cela n’advienne;
35 Le ciel et la terre passeront, mais les paroles, les miennes, ne passeront pas.
Il est possible que des exégètes achoppent sur l'interprétation de ce verset. Mais c'est alors qu'une donnée du texte leur fait défaut. Ainsi, vous dégagez deux hypothèses qualifiées de
fâcheuses :
1- Le fait que le texte soit faux ou mal compris des apôtres, alors même que ces évènements ne seraient pas advenus à l'époque du Christ. (Ces évènements sont advenus largement à l'époque de Jésus).
2- L'exagération des sectes apocalyptiques qui ne cessent d'attiser l'interprétation d'une venue du Christ sur terre et qui selon vous, déshonoreraient le "Nom du Père".
Il est étonnant que vous n'ayez pas cité d'autres interprétations. Mais c'est ce qui suit qui est remarquable :
En effet, il existe trois réponses possibles en fonction de l’étymologie du mot génération et qui ne contredisent en rien les Ecritures ou qui puissent portent atteinte à leur sainteté.
Voici tous les sens connus et déclinés du mot ‘’génération’’ :
Le seul mot qui s'apparente à la notion de cycle temporel de façon immédiate est le mot
âge, car même le mot
temps n'est pas cyclique en soi, mais qualifie la nature des cycles. un âge est bien une période de temps et dans le temps, les âges se succèdent. Aussi, la seule définition du dictionnaire Strong qui se rapproche avec le verset 24,3 est la 4° définition du mot grec
genea qui est traduit habituellement par génération. Cette 4° définition est :
époque de 30 à 33 ans occupée par chaque génération successive
Autrement dit, la définition comporte le mot défini, ce qui apporte une réduction de sens par rapport au dictionnaire Grand Bailly, qui indique que genea est en rapport avec ce qui est terrestre et qui est
contemporain, issu du même engendrement.
Or ce qui est d'un même engendrement, contemporain et terrestre, c'est encore le corps physique. Ce corps est né après un engendrement terrestre et il qualifie une génération, même si celle-ci dure plus que 30 ou 33 ans. On peut donc admettre que les mots
génération ou
âge, lorsqu'ils traduisent
genea, désignent exactement ce qui correspond à l'existence terrestre, l'existence matérielle d'un être, dans le cadre d'un cycle d'existence physique et temporelle. Il existe un mot qui qualifie cette existence dans la chair : le mot
incarnation. Une génération est donc un cycle d'incarnation durant lequel l'être évolue dans le monde physique à travers un corps terrestre. Cette incarnation débute par un engendrement et se termine à la fin du cycle d'incarnation, laquelle fin est souvent la manifestation de perturbations psychiques et physiques, liées au vieillissement des cellules ou à des maladies.
Ainsi, il y a donc d'autres sens à apporter au mot genea que ceux que vous avez cités d'une source inconnue. Je dois vous dire que je n'ai pas trouvé dans les dictionnaires certains sens que vous avez cités comme par exemple les mots conception, copulation, accouplement, race, scissiparité, théogonie qui me semblent assez étrangers à la notion de genea.
Suivent trois options, toutes valides selon vous, qu'il convient d'examiner à présent.
PREMIERE OPTION VALIDE
Cette génération est une descendance provenant d’une souche, toujours en vie jusqu’à la venue de Jésus dans la gloire. De quelle génération peut-il bien s’agir sinon celle de Noé qui a été préservée des eaux du déluge et inscrite dans les reins de ses trois fils : Sem, Cham et Japhet dont toutes les nations de la terre ont été générées, engendrées.
Je suis assez d'accord avec cette option, mais avec deux réserves immédiates :
1° réserve : Noé est le début de toute nouvelle incarnation, ce qui lui confère un état cyclique que le NT testament introduit par les versets
Luc 17:26 Comme c’était aux jours de Noah ainsi en sera–t–il aux jours du fils de l’homme.
Luc 17:27 Ils mangeaient, buvaient, épousaient, donnaient en épousailles, jusqu’au jour où Noah entra dans la caisse. Le cataclysme advint, et les fit périr tous.
1 Pierre 3:20 à ceux qui désobéirent jadis, quand Elohîms, dans sa longue patience, attendait, aux jours de Noah. Une caisse fut alors construite, dans laquelle peu, c’est–à–dire huit êtres, furent sauvés des eaux.
2 Pierre 2:5 s’il n’a pas épargné l’univers ancien, mais en a gardé huit, dont Noah, héraut de justice, quand il a amené le déluge sur un univers criminel;
Ces versets montrent que quelque chose est préservé d'une incarnation à l'autre, car Noé a préservé la vie terrestre entre deux états d'existence, cette interruption de la terre étant symbolisée par l'invasion des eaux, manifestant alors l'absence de toute vie corporelle, les eaux symbolisant la conscience, c'est-à-dire le mental. On peut donc comprendre que mentalement sont conservés certains aspects terrestres de l'existence physique entre deux incarnations, bien que le corps physique ait disparu. Ce germe conscient redevient actif à la nouvelle incarnation, lorsque les eaux (maternelles) sont écoulées et c'est ce germe qui coïncide avec l'engendrement du nouveau corps. Ainsi, la génération part de Noé, et je suis bien d'accord avec ce fait.
2° réserve : le mot
nations a un sens à notre époque qui n'est pas forcément en phase avec le sens de la racine grecque
ethnos, qui signifie "peuple, tribu". La référence raciale de ce mot, n’est pas tout à fait celle du terme grec ethnos, qui qualifie des populations inorganisées ou secondaires (par opposition aux Grecs de la cité), et encore moins celle du latin
ethnicus qui désigne les païens ; la tradition chrétienne historique conservera d’ailleurs ce sens. La création des termes "ethnologie" et "ethnographie" remonte à la fin du XVIIIe siècle et n’impose pas pour autant la notion d’ethnie. Ce sont les théories de classification raciale du XIXe siècle qui vont conduire à hiérarchiser les peuples, à distinguer des sociétés dites civilisées des sociétés dites primitives, les nations des ethnies. Nous sommes devant une notion incertaine et le sens moderne des mots, exagérément mis en vogue dans les interprétations anglosaxonnes, ne semble pas devoir déboucher sur une interprétation juste. Par ailleurs, il semble que l'apôtre Paul emploie le mot dans le sens des
Gentils et que ce mot a à cette époque le sens de "
païens". Or le
païen, c'est "l'homme de la terre", "l'homme de la Adamah biblique", et le mot paysan qui désigne ceux qui travaillent la terre est en concordance avec la notion de
Gentil ou de
païen. Le
Gentil est étymologiquement ce qui est "d'une bonne génération", et comme la génération (genea) concerne le corps physique et terrestre, le gentil est alors l'homme terrestre, celui qui a des préoccupations légitimes en rapport avec la vie terrestre et qui cultive le corps. C'est aussi le sens du paîen (du pays, de la terre, du terrestre ou du physique) et l'on retrouve la notion de gentil dans la racine indo-européenne
gen qui a donné les mots
gens,
gent, comme le mot
génération lui-même, et que l'on retrouve universellement dans les langues, puisque même en chinois, cette notion gen désigne les gens, le peuple. Or gen est ce qui est obtenu par génération. C'est enfin, également le sens du mot hébreu
goïm, qui désigne aussi les gentils, ou les païens et que l'on traduit à notre époque par les mots nations, peuples ou tribus. Cet homme terrestre ou goim ou gentil s'oppose à l'homme spirituel (le juif) qui est représenté par Noé, Noé condamnant l'univers vu comme le monde terrestre ou physique, par opposition au monde céleste et spirituel, comme le dit le verset :
Hébreux 11:7 Par l’adhérence, Noah fut averti de ce qui n’est pas encore visible, veillant à préparer une caisse pour le salut de sa maison. Par cela, il condamnait l’univers. Il devint ainsi héritier de la justice par l’adhérence;
On voit donc que ce qui compose toutes les spécificités de la génération ou de l'incarnation représente la part païenne ou gentille de l'être, et cela est désigné par ethnos. Il s'agit de toutes les fonctions spécifiques terrestres du corps, et l'on peut y voir dans cette génération, toutes les organites, cellules, organes et appareils du corps physique en rapport avec l'existence physique et les éléments de l'âme qui sont en rapport avec ces multiples productions du corps ou ses exigences, et qui conditionnent les désirs, les pulsions animales et la vie psychique extérieure. C'est pourquoi, ethnos pourrait être traduit par les composants biologiques, physiques et psychiques, liés à l'incarnation. Ces composants nombreux composent les peuples, mais dans un sens du mot peuple qui n'a rien de comparable à celui d'aujourd'hui, dont la nature ethnique moderne est ignorée des anciens.
A son avènement se réalisera pleinement cette Parole d’Isaïe 9:6:
Ici, juste une remarque sur le mot siècle. Le mot en hébreu de la version des Massorètes n'évoque pas la notion de siècle, mais celle d'éternité. Un siècle est une période de temps, avec un début et une fin. Par ailleurs, les siècles se succèdent. Un siècle est donc un cycle temporel et il n'a rien à voir avec le mot hébreu
'ad qui désigne au contraire la perpétuité ou l'éternité, dont la caractéristique est de n'avoir ni début ni fin sans jamais pouvoir entrer dans une succession temporelle quelconque. L'enfant qui est engendré dans le texte d'Isaïe est donc l'image du Dieu El, le Père éternel. Jésus n'est donc certainement pas le "Père du siècle".
DEUXIEME OPTION VALIDE
Ce faisant, et par son témoignage, il a donné naissance, a engendré en quelque sorte, une ‘’génération’’ composite de gens de foi chrétienne attendant son retour, mais aussi de vrais et de faux chrétiens, d’ennemis du christianisme et d’une humanité livrée malgré elle à l’athéisme et au paganisme et à toutes sortes de fléaux et de plaies relatives à l’eschatologie annoncée, tout cela dans toutes les générations successives à son ministère des années 29 à 33 jusqu’à la fin prédite. Matthieu 24 :14
Cette génération là prendra aussi fin à son retour. Pourquoi ?
Parce que la foi ne sera plus nécessaire puisqu’elle aura atteint son but, que l’Epouse aura été préparée et enlevée, que les ennemis du Christ auront reçu leurs rétributions, et que l’évidence du Royaume sera à la portée visible des brebis du Berger Jésus Christ.
Un nouveau départ sera donné aux hommes sur ‘’une nouvelle terre et de nouveaux cieux’’. Une nouvelle génération naîtra sous l’autorité du Roi et de son Royaume débarrassé de ses opposants. Ephésiens 1 :9-10.
Les notions d'athéisme et de paganisme telles qu'on les évoque à notre époque n'existaient pas à l'époque où les écritures ont été composées. Ces notions modernes ont un contenu extrêmement péjoratif et sectarisant. Ainsi, lorsqu'un individu est face aux évènements annonciateurs de son agonie et de sa mort physique, quelle est la part de l'athée ? Quelle est la part du païen (dans le sens étymologique ancien que j'ai exposé) ? Quelle est la part du chrétien et de son corps mystique (ekklésia) ? Pour que l'âme puisse connaître une nouvelle terre et de nouveaux cieux sans cesser d'être dirigée par le royaume céleste, il est nécessaire qu'elle dispose du corps céleste. Pour ceux qui, par la religion, construisent un corps céleste, alors celui-ci, qui est l'église, sera rapatrié dans les cieux avant les évènements eschatologiques, ce qui maintient en vie l'être (c'est-à-dire le maintient conscient) et comme le précisent certains versets :
1 Corinthiens 15:51 Voici, un mystère, je le dis: nous ne nous endormirons pas tous, mais nous serons tous transformés.
Ici, la mort est assimilée à un endormissement, c'est-à-dire à une perte de l'activité consciente de l'âme, comme lorsque nous sommes endormis. Cela n'empêche pas que le corps physique sera intégralement perdu. Or, ce qui s'endort dans l'âme, c'est ce qui n'est pas en rapport avec un corps. A la perte du corps physique, les éléments de l'âme qui ont présidé à la vie terrestre sans considération de la vie céleste sont endormis. Seuls les états de conscience en rapport avec le royaume des cieux et qui appartiennent à l'église et qui sont en rapport avec le corps mystique restent en éveil. C'est pourquoi, Jésus apporte ces précisions :
Matthieu 26:40 Il vient vers les adeptes et les trouve endormis. Il dit à Petros: «Ainsi, vous n’avez pas eu la force de veiller une seule heure avec moi!
Ici, les apôtres sont endormis et inconscients. Ils ne sont donc plus en état de contempler Jésus et de préparer dans le temps, l'avènement du Christ. Car, la vie céleste est une vie d'éveil et il n'y a pas de place pour ce qui est inconscient, puisque tout doit y être connu de façon éternelle. Or, pour être conscient, il faut un corps et l'exercice de la conscience durant le repos du corps physique est la façon de veiller avec Jésus, même une simple heure de temps. Beaucoup de mystiques s'exercent à rester conscients durant le repos du corps physique, et c'est durant ces moments-là que la perception de Jésus se rapproche de la perception du Christ éternel et universel. Cela s'accompagne de la préparation du corps mystique, et plus ce corps mystique se développe, et plus il est facile au disciple de rester éveillé durant le repos du corps physique, puisque la conscience dispose d'un début de corps mystique pour pallier aux défaillances du corps physique fatigué.
Matthieu 16:28 Je vous le dis en vérité, quelques–uns de ceux qui sont ici ne mourront point, qu’ils n’aient vu le Fils de l’homme venir dans son règne.
Ici, on voit bien que dans ce qui définit l'homme terrestre, certains états de conscience ne s'endormiront pas avant d'avoir assisté à l'avènement du Christ. Cela veut dire que lors du processus de la mort physique et de l'endormissement des éléments de l'âme qui y sont attachés (seconde mort), la vision des évènements eschatologiques se produit et tout gentil vivant sur terre y a droit à la fin de son cycle d'existence. Cela se passe bien après l'enlèvement de l'église, c'est-à-dire des états consacrés de l'âme et qui participent de la conscience religieuse. On voit bien ici la transition qui est faite entre le corps physique et le corps mystique. Mais la conscience liée au corps physique ne cessera effectivement qu'après avoir visualisé le Christ triomphant.
Ainsi, il est difficile de voir en Jésus celui qui crée une "génération composite", car ce qui est céleste et éternel ne procède certainement pas d'une génération et la racine "gen" ou la notion de goim est assez étrangère à celle de corps mystique, qui tient davantage de l'éternité et de l'incorruptibilité. Par contre, ce qui est goim peut être sauvé, puisque la construction du corps mystique est une victoire sur la mort comme il est écrit :
1 Corinthiens 15:26 Le dernier ennemi détruit, c’est la mort.
De même, vous dites que la foi ne sera plus nécessaire ! Or la foi est absolument indispensable à l'unité du corps mystique, et même à l'avènement du royaume messianique, cette foi est complètement accomplie et l'adhérence entre l'être individuel et l'être universel est constante et totale. C'est la condition même de la voie chrétienne qui construit le corps mystique. Sans adhérence ou sans foi, il ne peut y avoir de corps mystique. Or ce corps mystique ne se développe que si l'âme se détourne du corps physique comme cela est écrit :
Romains 8:13 Oui, si vous vivez de chair, vous mourrez; mais si, par le souffle, vous mettez à mort les pratiques du corps, vous vivrez.
Si les préoccupations de l'âme sont tournées vers le corps physique, alors cette âme s'endormira (mourra) dès la perte du corps physique. Mais si elle lutte contre les exigences du corps physique dominateur de l'incarnation, alors, l'âme construit le corps mystique par l'intermédiaire de Jésus. Ayant un corps céleste, elle restera en éveil dans un royaume non temporel. Sans corps céleste, elle reprendra un corps physique, mais dans des conditions d'oubli de sa dimension céleste (Ivresse de Noé).
De même, la foi ou adhérence est le moyen de rassembler et de coller ensemble ou d'agréger les éléments constitutifs du corps mystique, et le mot
ekklésia signifie "assemblage, agrégation, consolidation", car il est de grande notoriété que des éléments ne peuvent devenir un corps que par réunion, par incorporation.
TROISIEME OPTION VALIDE : Cette option participe d'un certain nombre de confusions malheureusement rencontrées dans à peu près tous les christianismes institutionnels ou académiques.
1° confusion : Jésus et le Logos sont un seul principe. Cela est faux ! Le Logos est plutôt ce qui détermine le concept des choses et des êtres. Il participe de ce qui est logiquement possible sur le plan de l'existence, et c'est ce qui lui confère un aspect hautement logique, c'est-à-dire nécessaire. Par la logique ou encore par le Logos, on peut tout concevoir. Mais alors ce qui est conçu est rigoureusement logique. Ainsi, le Logos est davantage l'Esprit-Saint, car ce qui est d'ordre conceptuel ou logique est purement esprit. Jésus est alors le Logos exprimé et manifesté. Il est la logique incarnée et donc il est le côté rigoureux et nécessaire de la vie manifestée dans le monde physique et en dehors du monde physique. Jésus est aussi le verbe dans la conscience, puisque Jésus est humain. Faisant le lien entre l'esprit pur et la corporéité pure, il est alors de la nature de l'homme conscient, mais dans sa totalité, c'est-à-dire dans une conscience de plénitude, où réalité divine et humaine sont fusionnées et en harmonie.
Ainsi, on comprend très bien le texte de Jean où le verset 3 affirme que l'esprit est bien concepteur des choses et représente la parole conceptuelle, à l'origine de toute chose. Jésus est alors le Fils qui ne peut rien faire sans le Père, car étant une manifestation de l'être conscient, il est donc du domaine de l'âme, le principe de vie qui anime les formes corporelles. Or la nephesh (l'âme ou être vivant) est une construction d'esprit (haleine de vie) et de matière.
Gen 1,7 IHVH–Adonaï Elohîms forme le glébeux – Adâm, poussière de la glèbe – Adama. Il insuffle en ses narines haleine de vie: et c’est le glébeux, un être vivant.
Par ailleurs, Jésus est assimilé au nouvel Adam, qui corrige et rectifie la faute de la nephesh.
2° confusion : IHWH est le père. Voilà une confusion qui rend impossible la restitution du message messianiste. IHWH est le principe qui préside à l'apparition de l'être individuel. Son action est alors de faire passer l'unité de l'être universel à la multiplicité des êtres individuels, chacun représentant une petite unité. Quand IHWH est en association avec le principe créateur Elohim, il constitue l'Esprit-Saint, c'est-à-dire l'Esprit qui réalise la création de façon équilibrée entre l'unité et la multiplicité, entre le conceptuel et le réalisé, entre l'idée et la forme. De même, IHWH-Elohim est du domaine de l'éternité et il n'est pas possible d'envisager son action comme temporelle, ou, s'il l'on préfère, son action dans le temps est une constante (sans variation aucune). C'est également dans cet état que la conscience apparaît sous la forme d'une Nephesh, d'une âme, principe vital qui unifie esprit et corps et montre alors la multiplicité comme un résultat de l'unité. Comme la Nephesh est construite par IHWH-Elohim, l'Eternel, et que son action est éternelle, la Nephesh est éternelle.
A l'inverse, IHWH, lorsqu'il est envisagé isolément, et bien qu'il représente le créateur des formes individuelles, n'est plus associé au principe éternel Elohim. Et dès lors, comme je l'ai exposé déjà plusieurs fois de façon détaillée, il joue le rôle d'un principe cyclique et temporel, comme le suggère la signification de son nom. Il préside alors à la construction d'un monde physique et corporel, mais qui n'est plus en synchronisation avec l'éternel sauf dans les phases entre deux cycles, où le principe IHWH-Elohim reprend le contrôle des êtres individuels. Etant de nature spirituelle, il n'est donc pas de la nature de l'âme. Cependant, il est ce qui définit tous les individus en tant qu'êtres individuels et bien que ce principe vise une unité fonctionnelle de chacun des êtres, il produit en réalité une infinie multiplicité. Abraham, à qui il se révèle en conscience, est le "père de la multiplicité". Par IHWH, chaque être se divise et se structure, tout en développant une conscience d'unité, mais d'unité restreinte à l'individu et qui est l'Ego, "Je suis". Ensembles, les êtres se distinguent les uns des autres et ne peuvent plus trouver leur unité collective et encore moins leur unité universelle. Cela est du à la forme corporelle, qui les limitent, le corps ayant beaucoup d'influence dans la vie physique sur la conscience et l'âme. IHWH, en lutte contre le multiple, cherche à rassembler les individus vers une conscience d'unification, laquelle exerce chaque âme à perfectionner sa perception de l'universel. IHWH conduit les âmes au Christ par le spirituel. Mais cette perspective spirituelle entraîne lorsqu'elle est appliquée au monde physique une séparation de ce qui est conforme à cet esprit d'unité de ce qui s'en écarte. C'est pourquoi, IHWH est éminemment dualiste en regard de la vie individuelle du monde et sa loi incomprise sépare Israêl des autres au lieu de les agréger. Il ne peut donc être le Père de Jésus dont l'accent est plutôt universel et dont l'enseignement oriente l'unité de l'être comme une transcendance des êtres individuels. Seul IHWH-Elohim est synchrone à Jésus, et par Jésus, il n'y a plus de dualisme, car la multiplicité devient une condition naturelle de la manifestation du Dieu unique Elohim.
Or la multiplicité n'est pas en soi quelque chose de contraire à Dieu et dans le livre de la genèse, il est écrit :
Gen 1,28 Elohîms les bénit. Elohîms leur dit: «Fructifiez, multipliez, emplissez la terre, conquérez–la. Assujettissez le poisson de la mer, le volatile des ciels, tout vivant qui rampe sur la terre.»
Il est donc assez curieux de voir que l'attrait des autres et de cette multiplicité, qui est contraire à l'unité de l'individu puisse être une cause de malédiction selon IHWH. En effet, les autres "dieux" n'ont pas cours avec Lui. En quelque sorte, IHWH est le dieu des sectaires. En réalité, la malédiction opère seulement par la séparation de l'unique et du multiple, et comme le principe de cette séparation est IHWH après la chute, la condition d'Israêl est alors délicate. Soit Israêl se fonde sur la vie spirituelle et il triomphe de sa mission, soit il vise un impact terrestre et temporel, et il est alors constamment en péché.
Elohim est le principe concepteur de toute la création, sans distinction de peuple, de race, d'ethnos ou de genea. Par contre IHWH est producteur d'ethnos et de genea. Il est donc le moyen de cette fructification et de cette multiplication des formes vivantes, mais pour y parvenir, il se sépare du contexte universel. Jésus, au contraire ramène ce multiple dans le domaine de l'unique. Le multiple ne disparaît pas, mais il est transformé et l'Esprit IHWH-Elohim est ce qui relie le Dieu unique au créé multiple qui seul, le manifeste pleinement.
Ainsi, la génération des êtres passés, actuels ou futurs est toujours liée à la forme corporelle et à l'incarnation. Cependant, tous les évènements de la fin de cycle se produisent avant la fin effective du cycle et annoncent cette fin de cycle. Aussi, cette "incarnation ne passera pas que tous les évènements annoncés ne surviennent", et on comprend bien que ce texte est toujours vrai et qu'il concerne tout cycle. J'en ai exposé la réalité face à l'individu humain biologique, mais ce principe métaphysique est vrai pour tout être individuel, quelle que soit son espèce ou sa corporéité. Ainsi, on peut transposer ce principe à l'humanité, vue comme une génération de l'Adam dans le monde corporel multiple, et qui a donc un début et une fin sur la terre. Face à cette humanité, IHWH a produit la nation (au sens moderne du terme) Israêl, mais d'autres organes de cette humanité sont bien visibles, et on aurait du mal à comptabiliser tous les groupes, associations, institutions, sociétés secrètes, etc.., existants. Dans cette humanité, il y a donc les gentils, c'est-à-dire tous les humains dans leur aspect de génération adamique, c'est-à-dire les humains sous leur forme physique. Cela concerne ceux qui ont vécu, ceux qui vivent actuellement et ceux qui vivront. Le principe d'établissement du corps mystique ne change pas, et tout homme religieux construisant son corps mystique contribue à construire le corps mystique de l'humanité, quelle que soit la tradition terrestre à laquelle il se rattache. Cependant, cette interprétation collective de l'humanité terrestre, ne peut absolument pas invalider les effets individuels du principe métaphysique tels que je les ai exposés et à bien y réfléchir, seule cette interprétation individuelle a de l'importance en religion, puisque la perception de l'universel à travers l'enseignement de Jésus est une perception que chaque individu a à travers sa propre conscience. De même, l'agonie et la mort, bien qu'elles puissent être collectives ou accidentelles, se vivent en conscience de façon individuelle.
Cette vision des choses est essentiellement oecuménique, puisque chaque chrétien peut la vérifier individuellement par l'étude, la pratique et le rapprochement aux autres comportements religieux. Ainsi, le rapprochement entre chrétiens sur la base d'une interprétation métaphysique et traditionnelle des enseignement bibliques, associée aux progrès de nos techniques de recherches, est bien plus efficace que de faire de l'oecuménisme par l'attachement exclusif d'une interprétation qui n'a cessé au cours des siècles de perdre le sens de ses symboles et l'origine des concepts. C'est pourquoi, un tel oecuménisme chrétien déborde largement le christianisme. Dès lors que les hommes vivent sur terre dans des conditions comparables, il n'existe pas une façon de salut pour les uns sous telle tradition et une autre sous une autre tradition. Il n'existe qu'une condition humaine et la mort est la même pour tous. Aussi, la victoire sur la mort, lorsqu'elle se produit, est la même pour tous. Cette génération ne passera pas sans que chacun ait bien perçu cette métaphysique, même si cela n'est souvent révélé qu'au dernier moment du cycle, pour un très grand nombre d'individus, au moment où le voile va se détruire, n'ayant plus d'être individuel à isoler face à l'universel.
Voilà, mon cher Eliaqim, de quoi vous rassurer sur mon oecuménisme, qui a déjà fait ses preuves dans l'Antiquité, et qui n'a rien à envier à celui plus restreint et plus inconsistant du monde contemporain. Ayant peu de disponibilité, je m'excuse auprès des membres qui m'ont sollicité, de ne pouvoir être autant présent qu'auparavant et qu'ils le souhaiteraient.