Je passe à côté de cette question, car la réponse est largement accessible à tout bon chercheur. Par ailleurs, ce n'est pas le nom des historiens qui importe, mais le résultat de leurs travaux. Et la question que nous traitons relève de l'histoire, de la mythologie, de l'étude de textes, de la linguistique, de l'archéologie, de la philosophie et de toute discipline associée, comme par exemple, la chimie et la physique nucléaire (techniques de datation), les techniques de renseignement (mathématiques appliquées) etc ...
Vous voulez des noms ? Pourtant le thème est seulement le Nom du Père, mais puisque ce dernier n'intéresse personne comme le signale Mircea Eliade, dans son introduction au chamanisme, "
le dieu père céleste étant si éloigné des hommes, que les hommes se sont détournés de lui", alors je vais en citer quelques uns de façon non exhaustive.
Concernant les aspects mythologiques, les travaux de S. Acharia et K.Graves ne sont pas sans intérêt. Par exemple, le nom de Jésus existe déjà chez les celtes, et également dans la tradition égyptienne. C'est un nom universel, et lorsque Maurice le Laïc dit "
Je suis", il reproduit ce nom.
Maurice le Laïc n'est qu'un nom d'emprunt, un patronyme de circonstance, et cela est purement chimérique. Or ce nom "Je suis", le Père ne peut pas l'avoir, car le Père est plutôt "
Je ne suis pas" ou encore "
Nous sommes". Dans la mesure où le NOM est lié au MOI, Elohim n'ayant aucun MOI particulier, il est l'UNIQUE, à la fois Zéro et Infini. Il a donc soit tous les noms possibles, soit aucun !
Quelques références de controverse :
Renan :
Vie de Jésus
Jacques Duquesne :
Jésus
Acharia S :
La conspiration du Christ.
James Still : Controverses historiques sur le christianisme
Gérald Messadié :
L'homme qui devint Dieu (1988), Judas le bien-aimé (2007).
Jean-Claude Picard : (CNRS - EPHE. La Sorbonne 5ème section) Il a conduit une enquête auprès des historiens spécialistes dans le monde entier, avec une question simple "Jésus a-t-il réellement existé ?" Or cette étude n'a apporté aucune réponse tangible ! Personne n'a de preuve historique de l'existence d'un Jésus historique. Pour Picard, après 14 ans de travaux, Jésus est un héros littéraire !
Josh Mac Dowell :
Evidence qui demande un verdict : Jésus, un homme de l'histoire. Ce travail fait le point des sources chrétiennes et non chrétiennes relative à l'historicité de Jésus. Notamment, il commente les sources chrétiennes en relevant leur caractère non historique, du fait d'erreurs historiques contenues dans les textes qui sont utilisés par ailleurs comme preuve de l'historicité de Jésus par les historiens classiques. Il en est ainsi des textes d'Eusèbe, de Polycarpe, d'Irénée de Lyon, de Justin, etc ... Si ces écrits comportent des erreurs historiques, en quoi sont-ils des preuves historiques recevables de l'historicité de Jésus ? Sont associés à ses travaux, ceux de Felix Scheidweiler, William Lane Craig, et de bien d'autres. II existe plus de 1500 références sur cette question.
Gary Habermas :
Ancient Evidence For The Life Of Jesus Face aux écrits de Tacite, il se demande pourquoi les chrétiens sont décrits comme abominables et si haïs, même avant l'existence de Jésus. Comment interpréter Suétone qui montre les chrétiens à Rome sous Claudius comme des fauteurs de troubles. Il est assez vraisemblable qu'en 64, ce sont bien les Chrétiens qui ont allumé un incendie à Rome. C'est que le thème d'un messianisme Sicaire (zélote), réactif à l'empire et révolutionnaire en Judée est attesté par l'histoire. Il y a bien eu un messianisme antérieur à Jésus, et ces messianistes en armes étaient les adeptes d'un "Chrestus", qui n'était que le principe libérateur. Ils ont perduré en judée et à Rome et dans tout l'empire jusqu'en 133, malgré qu'ils soient régulièrement chassés de Rome !
Il existe beaucoup trop de références pour les citer toutes, mais certaines questions sont fortement ébranlées. Par exemple, la question de la Trinité. La Trinité serait une question purement chrétienne. Et bien pas du tout ! C'est une question universelle et on la trouve dans les pratiques juives antérieures au christianisme. Voir l'étude de P.L.B. Drach ,
De l'harmonie entre l'église et la synagogue. La Trinité est un élément de doctrine qui précède logiquement la question de l'Incarnation du Fils, c'est-à-dire d'IHWH, car ce qui est spécial dans le NT, c'est que la nature divine s'incarne dans les formes de la nature humaine ! Et cela seul est spécifique du christianisme et du messianisme. ce n'est donc pas la Trinité qui est instituée par Jésus, mais bien la reconnaissance de son identité divine. Il en est de même du baptême, qui est une pratique multimillénaire à l'époque messianique.
Depuis le début des années 60, nous sommes entrés dans une troisième phase de ce mouvement initié par le siècle des lumières et qui a remis en question l'intérêt de la recherche historique sur le christianisme. Or ce qui caractérise cette troisième phase, c'est qu'on se tourne désormais vers le Jésus juif et les racines du judaïsme. Il apparaît de plus en plus que la résurrection, l'histoire même de la communauté faisant corps au Messie, est une question qui n'a de clés que dans l'analyse des doctrines du judaïsme. Ainsi, Claude Tresmontant a réalisé une étude démontrant combien les écritures du NT étaient tributaires des pratiques hébraïques.
Claude Tresmontant :
Le Christ hébreu et tous ses autres écrits, notamment sa traduction du NT ! Ainsi, voici le prologue de Jean selon Tresmontant (professeur de philosophie médiévale, spécialiste des langues anciennes) :
au commencement était le parler
et le parler était à Dieu
et Dieu était le parler.
Quand j'évoque le Logos, comme la mécanique du verbe, c'est que tout est verbal dans la création, et que Dieu, qui est une cause et non un effet, est donc celui qui ne résulte d'aucun discours ! C'est cela qui est le Père, la cause universelle du discours. Et cette cause, elle-même ne résulte d'aucun discours. il ne peut donc pas avoir de Nom ! Car le
Nom est strictement un
résultat verbal et non une
cause ! Aussi, le NT appelle Dieu le Père, mais on pourrait l'appeler aussi la Cause, le Producteur, le Parleur, le Concepteur, l'Architecte, ....
Pour Tresmontant, "les Evangiles ont été écrits en hébreu et non en grec !". C'est aujourd'hui une certitude, et il existe dans tous les pays universitaires, suffisamment d'études qui abondent dans ce sens. Par ailleurs, nous en avons aussi des traces historiques et celles de Jérôme en font partie. Renan, dans "Les évangiles", reconnaît que la tradition orale précède toujours la tradition écrite, et cela est vrai de l'Inde, comme de l'Egypte. Or, cette tradition judaïque est toujours en hébreu, même après la réforme talmudique. C'est sur la venue des textes grecs, que l'histoire risque de connaître certains bouleversements, car Tertullien fait état d'une antidatation des évènements dont il se plaint, et tout laisse croire que l'hébreu a été frappé d'interdit après 133, au moins dans certaines contrées de l'Empire. C'est donc après cette date, que la nécessité de mettre par écrit des textes en grec est historiquement apparue. L'idée de Tresmontant que l'usage du grec est dû à un abandon progressif de l'hébreu par les juifs ne peut pas être recoupée à travers les études actuelles. Les historiens juifs en tous cas, démentent formellement cette hypothèse.
L'étude de Frédéric Godet sur l'origine midrashique des évangiles est également une piste sérieuse, que le messianisme est d'abord dans les doctrines juives et que le NT ne fait que marquer une étape décisive de ce messianisme. Ces conclusions ne sont pas spécifiques de chercheurs isolés, et par exemple, en milieu catholique, on peut également se pencher sur les travaux du Père Frédéric Manns dont voici l'une des références
http://198.62.75.1/www1/ofm/sbf/Books/LA48/48125FM.pdf et qui montre que l'on ne croit plus en une origine grecque des écritures.
Je me dois de citer également un historien israêlien, Dan Jaffé qui a écrit
Le Talmud et les origines juives du christianisme : Jésus, Paul et les judéo-chrétiens dans la littérature talmudique et qui évoque comment les personnages du NT se retrouvent dans le Talmud. Aussi bizarre que cela puisse paraître, il est cependant impossible que les évènements ayant présidé à l'émergence d'un Messie juif soient absents de la tradition juive. Et de fait, ces évènements n'en sont pas du tout absents. Mes recherches personnelles me conduisent à penser que le seul évènement historique représentant l'exécution d'un Messie juif par les romains date de 133. Il n'y a aucune autre trace d'exécution, et les sources historiques comme celle de Tacite (qui écrit en 117) sont douteuses, car Tacite, alors qu'il est bien connu, n'est pas mentionné par des historiens plus tardifs, notamment Eusèbe de Césarée, qui pourtant a cité toutes les sources susceptibles de rendre son histoire écclésiastique plus crédible.
On ne peut passer non plus sous silence certains monuments comme
Marcion, l'Évangile du Dieu étranger. Une monographie sur l'histoire de la fondation de l'Église catholique d'Adolph von Harnack, livre qui a en Allemagne entraîné une vive polémique, et qui a été longtemps occulté en France, jusqu'à ce que Michel Tardieu et son équipe du Collège de France décide de produire une traduction. Ce livre est incontournable. Marcion est l'auteur du premier canon chrétien des écritures, et c'est alors 3 siècles de lutte et de critiques contre lui, qui aboutiront à un nouveau canon. Si certains pensent que les écritures du NT sont des originaux, alors ce livre est pour eux.
Egalement
Les Chrétiens d’origine juive dans l’Antiquité de Simon-Claude Mimouni, fait le point de l'origine juive des mouvements messianistes. Bien avant que le messianisme touche les milieux païens, il y avait un messianisme juif. Les nazaréens ont représenté cette mouvance ainsi que les esséniens. Mais il existe d'autres mouvements, notamment sous la forme d'un nazaréisme dissident, comme les ébionites, mais également les elkasaïtes, qui sont dans la continuité des baptistes.
De même, l'ouvrage collectif
Aux origines juives du christianisme. sous l'autorité de François Blanchetière et Moshe David Herr et qui associe des études de Frédéric Manns, O. Irsai et David Rokéah.
Judaïsme et christianisme d'après le Dialogue avec Tryphon de Justin de Raymond Winling. L'auteur explore l'émergence du mouvement chrétien au 2° siècle. Il publie dans une revue catholique, Esprit et Vie, aux éditions du Cerf.
Je dois citer également ce travail de René Pierre Boullu, intitulé
La théurgie de l'Autre, le moment rabbinique de l'émergence du christianisme et la gnose messianique de Rabbi Ismaêl (70-133), qui n'est accessible que par Internet et que l'auteur diffuse lui-même. Ce travail se rapproche considérablement de mes propres recherches. C'est actuellement en français, le seul auteur qui a publié quelque chose qui invalide tout historicité au 1° siècle des évènements. Il tient compte de bon nombre de références et sa thèse, bien que trop chargée d'ironie, est cependant des plus sérieuses.
Il existe aux USA plusieurs références qui vont dans le même sens et il n'est pas possible de tout citer. J'espère que cela répond à la question non innocente de MLL, car la remise en cause de l'histoire du christianisme a commencé au siècle des lumières, et le dictionnaire philosophique de Voltaire contient déjà beaucoup de controverse.
Aujourd'hui, nous devons présenter la religion à la lueur des travaux scientifiques qui existent dans tous les domaines. Beaucoup pensent que le christianisme se réduit à une histoire humaine. Or, si l'on regarde l'histoire des idées, on s'aperçoit que le chemin mystique qui est décrit dans le NT est aussi décrit dans des ouvrages non reconnus comme chrétiens, comme par exemple les Ennéades de Plotin, qui montrent à l'évidence, que l'auteur évoque la crucifixion de l'âme. Il existe des points communs considérables, et la façon de les explorer permet d'affiner notre logique. Si le Père du NT avait un Nom, il ne serait pas le Père, et je pense avoir suffisamment exposé pourquoi il était indispensable de voir Dieu au-delà de la Création. Les mouvements chrétiens qui orientent vers un choix religieux mystique, comme c'est le cas de l'église catholique en partie, entraînent nécessairement leurs adeptes à mettre de la distance entre eux et la société. C'est d'ailleurs ce qu'ont toujours recherché les mystiques, à travers l'expérience du désert et de la solitude et du silence. Mais on comprend bien que cela est inacceptable des instances temporelles du pouvoir. C'est pourquoi, l'église catholique a instauré l'obéissance en l'église et que les rabbins ont rangé Jésus dans les apostats. Il est dans le Talmud un grand rabbin, mais un rabbin qui a la fâcheuse tendance d'extraire les fidèles de tout contrôle. L'expérience religieuse étant purement individuelle, il n'existe aucune religion collective, et chaque individu doit en lui-même reconstituer le Verbe originel, et cela, il ne le peut que dans l'inversion du verbe, le silence, l'absence de tout Nom.