La littérature islamiste envahit les bibliothèques britanniq

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La littérature islamiste envahit les bibliothèques britanniq

Ecrit le 02 nov.07, 03:03

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La littérature islamiste envahit les bibliothèques britanniquesDe notre correspondant à Londres RÉMI GODEAU. Publié le 02 novembre 2007Actualisé le 02 novembre 2007 : 07h14



SITUÉ à l'ouest de Londres, le collège Roi Fahad forme un millier d'élèves, dont les enfants des diplomates arabes. Réservé aux garçons de onze ans, un manuel scolaire consacré à la tradition islamique cite de long en large les Protocoles des sages de Sion, le bien connu faux antisémite. « La preuve incontestable de l'existence de ces Protocoles [...] : beaucoup d'intrigues, de conspirations et d'instigations décrites ont été exécutées », peut-on lire. Le sionisme y est décrit comme un élément d'un complot juif mondial. Et les autres « mouvements destructeurs » sont énumérés : « Francs-maçons, B'nai B'rith, Lions Club internationaux, Rotary Club ».


Pour le compte du groupe de réflexion conservateur Policy Exchange, huit chercheurs ont écumé les bibliothèques de cent institutions musulmanes de Grande-Bretagne : mosquées, centres culturels, écoles... Après un an d'enquête, ils ont mis la main sur 80 ouvrages illustratifs de cette « littérature de la haine », dont celui du collège Roi Fahad. Aux sommaires : rejet des non-musulmans, sectarisme envers ceux qui ne pratiquent pas « selon la règle », discrimination des femmes, antisémitisme, défense du djihad... La librairie de la mosquée de Regent's Park vend un ouvrage qui prône la décapitation des mauvais musulmans.

Déficit de textes critiques


Au premier abord, les résultats publiés mardi apparaissent pourtant rassurants, note l'universitaire Denis MacEoin : « Les textes radicaux n'ont été trouvés que dans un quart des sites visités. Mais il s'agit des institutions les mieux financées et les plus dynamiques. » Le prince Charles a visité le collège Roi Fahad. En avril 2007, le ministre des Communautés a prononcé un discours au centre culturel londonien al-Manaan, également épinglé pour une brochure consacrée aux « ennemis machiavéliques des femmes », comprendre les magazines, les appels à l'émancipation féminine et à l'égalité des sexes, les chrétiens, les juifs...


En août, une autre enquête avait révélé que certaines bibliothèques publiques regorgeaient d'ouvrages extrémistes, rédigés en anglais, en arabe, en bengali ou en ourdou. Dans le centre Tower Hamlets, à l'est de la capitale, le public peut consulter des centaines d'ouvrages et d'enregistrements incitant à la violence contre les adversaires du djihad. Figurent en bonne place les écrits d'Abu Hamza, l'imam de Finsbury Park, mentor de plusieurs kamikazes des attentats londoniens du 7 juillet 2005, aujourd'hui en prison.


Les rayonnages de Tower Hamlets renferment d'autres publications moins connotées mais tout aussi jusqu'au-boutistes. Comme ceux d'Ibn Taymiyya, un théologien du Moyen Âge considéré par Ben Laden comme le théoricien de la « guerre islamiste totale ». Il n'y a rien d'anormal à autoriser des lectures controversées, assure James Brandon, chercheur au Centre de cohésion sociale : « Mais le déficit de textes critiques et la surreprésentation des ouvrages donnant une vision extrémiste de l'islam sont une incitation à adhérer à une interprétation politique des plus radicales. » Polémique, il poursuit : « C'est comme si la section « Deuxième Guerre mondiale » était constituée des seuls exemplaires de Mein Kampf ».

Denis MacEoin renchérit sur la vision tronquée donnée par certaines bibliothèques. « Les musulmans sont incités à se séparer des gens et des choses qui ne sont pas considérées comme islamiques », dit-il. Pour lui, pas de doute : exposés à longueur de pages, ce séparatisme, ce dégoût du non-croyant créent un espace idéologique qui peut justifier le terrorisme contre l'Ouest. Scotland Yard a reconnu que cinq des recueils étudiés par Policy Exchange avaient été saisis lors de diverses perquisitions après les attentats du 7 juillet 2005.


Que l'enquête du think-tank ait été diffusée lors de la visite d'État, achevée hier, du roi Abdallah ne doit rien au hasard. L'influence « puissante et pernicieuse » de l'Arabie saoudite est évoquée. Nombre de livres radicaux ont été édités gratuitement par le royaume wahhabite.

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