Ben gourion a écrit :
extrait:
L'état civil existe en Israël depuis 1949, et parmi les rubriques que la loi oblige à remplir, figurent la rubrique « religion » et la rubrique « nation ». L'application de la loi dépend du ministère de l'Intérieur.
...mais il est cependant un droit dont seuls les juifs bénéficient en vertu de la loi du Retour.
Les juifs sont autorisés à immigrer en vertu de la loi du Retour, du seul fait qu'ils sont juifs
....Aussitôt arrivés en Israël, et après avoir exprimé leur volonté de s'y établir, ils deviennent automatiquement et immédiatement citoyens israéliens.
Qu'est-ce qu'être juif?
Suivi de 50 sages répondent à Ben Gourion
Eliezer Ben-Rafaël étude (broché). Paru en 03/2001
détails:
Le questionnaire de Ben Gourion
jérusalem, 13 héchvan 5719 [27 octobre 1958]
Monsieur ...,
Je m'adresse à Votre Honneur à la suite d'une décision du gouvernement d'Israël adoptée le 15 juillet 1958, selon laquelle une commission a été nommée comprenant le Premier ministre, le ministre de la Justice et le ministre de l'Intérieur. Cette commission devra considérer les directives à appliquer quant à l'inscription d'enfants issus de mariages mixtes que les parents, le père et la mère, souhaitent enregistrer comme Juifs. Par cette décision, le gouvernement a chargé la commission d'entendre l'opinion de Sages d'Israël, dans le pays et en dehors, et de formuler des directives « qui soient conformes à la tradition reconnue par tous les milieux du judaïsme, les orthodoxes, les libres penseurs et leurs divers courants ; conformes aussi aux conditions spécifiques d'Israël en tant qu'État juif souverain, où la liberté de conscience et de culte est garantie, et qui constitue le foyer du rassemblement des exils ».
L'état civil existe en Israël depuis 1949, et parmi les rubriques que la loi oblige à remplir, figurent la rubrique « religion » et la rubrique « nation ». L'application de la loi dépend du ministère de l'Intérieur.
Les fonctionnaires de l'état civil sont quant à eux qualifiés pour exiger des résidents d'Israël dans l'obligation de s'inscrire les documents et les informations nécessaires à la vérification des faits avancés, avant de les enregistrer. Chaque résident reçoit une carte d'identité correspondant à son état civil ; celle-ci remplit différentes fonctions, et dans les périodes d'urgence, on exige même de tous les résidents étrangers qu'ils ne se séparent pas de cette carte, où qu'ils soient.De temps à autre, des voix s'élèvent pour demander que l'état civil soit abrogé, du moins qu'on annule les rubriques religion et nation mais des raisons de sécurité, liées à notre situation particulière, nous ont jusqu'à présent empêchés, et nous empêcheront encore dans un proche avenir, d'accéder à cette demande. Étant donné qu'il nous est impossible d'assurer une surveillance constante et effective de l' ensemble de nos frontières, de façon à éviter les infiltrations à partir des pays voisins ennemis qui représentent une grave source de danger pour notre État et pour ses résidents, il est indispensable que les résidents légaux en Israël puissent à tout moment être identifiés à l'aide de la carte d'identité obtenue des autorités compétentes.Les lois d'Israël interdisent toute discrimination de race, de couleur, d'origine, de religion ou de sexe, mais il est cependant un droit dont seuls les juifs bénéficient en vertu de la loi du Retour. Les non- juifs désireux d'immigrer en Israël doivent obtenir une autorisation que l'État peut leur refuser; et s'ils s'installent en Israël, ils ne peuvent demander la nationalité israélienne qu'au bout de deux ans. Les juifs sont en revanche autorisés à immigrer en vertu de la loi du Retour, du seul fait qu'ils sont juifs (sauf dans le cas de criminels susceptibles de représenter une menace pour la société, ou dans celui de malades pouvant mettre en danger la santé publique). Aussitôt arrivés en Israël, et après avoir exprimé leur volonté de s'y établir, ils deviennent automatiquement et immédiatement citoyens israéliens.il est également indispensable de déterminer la religion des résidents d'Israël pour la raison suivante: les mariages et les divorces relèvent, selon les lois israéliennes, de la compétence des tribunaux religieux des tribunaux coraniques pour les musulmans, des tribunaux religieux des différentes Églises pour les chrétiens, et des tribunaux rabbiniques pour les juifs. La législation israélienne veut que les mariages soient célébrés et les divorces prononcés uniquement selon les règles religieuses et par des cérémonies religieuses; selon la loi, les mariages et les divorces des juifs en Israël ne sont régis que par la règle de la Torah.
La question se pose de savoir comment enregistrer à l'état civil, sous les rubriques religion et nation, des enfants issus de mariages mixtes, lorsque le père est juif et la mère ne l'est pas et ne s'est pas convertie, mais quand tous deux sont cependant d'accord pour que leur enfant soit inscrit comme juif. Certains afflirment que l'administration étant civile et ne servant pas à des fins religieuses (les autorités religieuses qualifiées ne sont pas obligées, et en général, n'acceptent pas de s'en contenter ni de s'y référer), on ne doit pas utiliser les critères religieux ; mais d'autres sont d'avis que la nation et la religion étant indissolublement liées, et l'appartenance religieuse étant, de par sa nature, une question religieuse, il convient précisément d'utiliser les critères religieux pour l'inscription de la nation et de la religion.Le gouvernement a décidé qu'on inscrirait comme « juive » la religion ou la nation de toute personne adulte déclarant de bonne foi être juive et n'appartenir à aucune autre religion. Selon la loi sur l'égalité des droits de la femme en vigueur en Israël, les deux parents ensemble sont les tuteurs de leurs enfants ; si l'un des deux meurt, celui qui lui survit devient le tuteur. En général, on acceptera donc la déclaration des deux parents dans les cas où la déclaration d'un enfant mineur est nécessaire. Mais pour l'inscription à l'état civil d'enfants issus de mariages mixtes, un problème se pose lorsque la mère n'est pas juive et ne s'est pas convertie, mais s'accorde avec le père pour que l'enfant soit juif : faut-il alors l'inscrire comme juif, en se fondant sur l'expression de la volonté des parents et sur leur déclaration de bonne foi selon laquelle l'enfant n'a aucune autre religion, ou faut-il, pour que l'enfant puisse être inscrit comme juif, exiger en plus de l'accord des parents et de leur déclaration une quelconque cérémonie ? Une commission composée de trois personnes a été chargée de présenter ses conclusions au gouvernement, après avoir reçu les avis des Sages d'Israël, comme nous l'avons dit ci-dessus.
Pour une bonne compréhension du problème, il faut encore mettre en avant quatre considérations :
I. L'État d'Israël garantit aussi bien dans la déclaration d'In dépendance que dans toutes les directives des gouvernements qui se sont jusqu'à présent succédé, auxquels ont participé des partis religieux et laïques le principe de la liberté de conscience et de religion. Toute coercition religieuse ou anti-religieuse est interdite, chaque Juif pouvant être religieux ou non religieux.
2. Israël fait aujourd'hui fonction de centre de rassemblement des
exilés. Les immigrants arrivent d'Orient et d'Occident, de pays développés ou de pays sous-développés. La fusion des exils et leur transformation sur un modèle national constitue l'une des tâches les plus importantes et les plus difficiles qu'Israël ait à relever,Aussi devons nous faire de grands efforts pour intensifier ce qui nous unit, et éliminer autant que possible tout ce qui divise.
3. La population juive en Israël est différente de celle de la diaspora. Nous ne sommes pas ici une minorité soumise à la pression d'une culture étrangère, et nous ne craignons pas l'assimilation des Juifs par les non-Juifs, comme dans les pays prospères et de liberté, Au contraire, on observe ici des tendances à une assimilation des non-Juifs au peuple juif, en particulier parmi les familles de personnes issues de mariages mixtes, immigrant en Israël.
Alors que dans la diaspora, les mariages mixtes représentent un des facteurs les plus importants d'assimilation et d'abandon du judaïsme, les familles mixtes qui arrivent en Israël, surtout en provenance des pays d'Europe orientale, en viennent à fusionner complètement avec le peuple juif.
4. La population d'Israël ne se considère cependant pas comme une nation distincte du judaïsme de la diaspora, bien au contraire. Aucun groupe juif dans le monde ne nourrit, comme celui d'Israël, un sentiment aussi profond d'union et d'identité avec l'ensemble des Juifs du monde. Ce n'est pas un hasard si les directives exigent du gouvernement qu'il cherche à « approfondir la conscience juive de la jeunesse israélienne, à la relier au passé du peuple juif et à son patrimoine historique, et à amplifier ses relations spirituelles avec le judaïsme mondial, à partir de la connaissance du destin commun et de la continuité historique qui unit les Juifs du monde entier, de toutes les époques et de tous les pays ».
Nous vous serions par conséquent reconnaissants de bien vouloir nous faire part de votre opinion sur la manière dont il convient d'enregistrer les enfants issus de mariages mixtes, lorsque les deux parents, aussi bien le père juif que la mère non juive, désirent les inscrire comme Juifs.
David Ben Gourion