Quand je parle de l'amour qui s'adresse à la "personne", je ne pense pas à ce que vous appelez "l'ego". En effet, l'agapè est don au-delà de toute attente, il est "gratuit", il transcende nos préférences particulières, il perce les apparences pour chercher ce qui est commun en tous, à savoir précisément l'espoir de vivre en communion, cette propension à vivre d'amour.Qu'appellez vous une personne ?
Pour autant, même si ce "coeur à coeur" jaillit de ce qui est le plus intime à nous-mêmes, il demeure qu'il reste un "je" et un "tu". Même si la vocation de l'amour est de relier les coeurs, il reste un "abîme" entre chacun d'eux, qui certes n'est plus infranchissable, mais qui définit ce que j'appelle la "personne" et qui conditionne pour moi ce qu'est l'amour, c'est à dire justement cette volonté gratuite de dépasser l'abîme.
C'est à dire aussi que je crois à la "résurrection de la chair" comme le dit si bien notre Credo. Non pas forcément à une résurrection d'un corps, pour glorieux qu'il soit (ou quelque autre attribut qu'on lui donne) mais à la résurrection de ce que, paraît-il, le mot "chair" voulait signifier, à savoir précisément, la personne, la conscience, si vous voulez, ce que j'appelle aussi l'individualité.Ce qui reste de nous à notre mort n'est ps notre individu , tout ce qui fait notre vie ici-bas , mais notre âme dégagée des plaisirs terrestres et de la sensation d'être nous .La sensation d'être quelqu'un est une illusion .
Aussi lorsque vous écrivez que l'individu disparaît, que reste-t-il? "quelquechose" qui va se "fondre dans un Tout", comme on l'entend dire si souvent quand on parle de spiritualité?
Où nous conduit l'amour? Vers la fusion, c'est à dire la disparition de ce que je suis? Pourquoi Dieu m'aime-t-il, si tout ce qui en moi peut Lui dire "je T'aime" est voué à l'oubli?