À propos de la réponse de Didier à ma question sur le chapitre 1 de l'Évangile selon Saint Jean:
À supposer que Jésus soit effectivement celui "par" qui tout a été fait. Le mot "tout" ne peut inclure Jésus, puisque Jésus ne peut s'être fait lui-même. Donc il s'ensuit que si tout a été fait par Jésus, donc toute la création, Jésus est antérieur à la création et possède donc le statut divin.
Jésus possède bien le "statut divin"; je suis entièrement d'accord, et les Témoins de Jéhovah aussi. Maintenant, il faut définir ce que l'on entend par cette expression. Si par "statut divin", on comprend une position d'égalité avec le Père, cela n'est pas en accord avec les Ecritures. Comme je l'ai expliqué sur mon site, Jésus "
n'a pas regardé comme un objet à ravir [grec: “
harpagmon”]
d'être égal à Dieu" (Philippiens 2:6;
Darby), autrement dit, il n'a pas cherché à "ravir" ou à "saisir" de force une position qu'il considérait ne pas lui revenir de droit, à savoir l'égalité avec Dieu .
Analysant la construction rencontrée dans ce passage, un trinitaire, Dennis Ray Burk, reconnaît:
« Je traduis le mot [harpagmos] par 'une chose à saisir'. En d'autres termes, le Fils ne voulût pas, ou n'essaya pas, de saisir l'égalité avec Dieu (...) Bien qu'il fût lui-même vraie déité existant dans la forme de Dieu, il n'essaya pas de saisir cet autre aspect que lui-même ne possédait pas – à savoir, l'égalité avec Dieu (...) Christ, la seconde Personne de la Trinité, n'essaya pas de s'emparer d'une égalité avec Dieu, qui, à proprement parler, appartient uniquement à la première Personne de la Trinité. Au contraire, Christ s'acquitta des devoirs qui convenaient à la seconde Personne – prenant la forme d'un serviteur et étant fait à la ressemblance des hommes. De cette manière, Christ n'a pas tenté d'usurper le rôle particulier de la première Personne de la Trinité (...) Je pense que cette interprétation nous ouvre la voie d'un subordinatianisme orthodoxe au sein de la Divinité. Bien que le Père et le Fils soient un dans leur essence (c'est à dire existant ensemble dans la forme de Dieu), ils sont distincts dans leurs personnes (c'est à dire qu'ils remplissent chacun respectivement certains rôles et fonctions qui sont particuliers à leur propre personne) (...) Le Fils n'essaya pas d'abdiquer son rôle en s'emparant d'une égalité fonctionnelle avec le Père (Phil. 2:6) (...) Dans ce déroulement des évènements, nous voyons que le Fils non seulement obéit au Père dans son incarnation, mais qu'il obéit aussi au Père de toute éternité ». –
The Meaning Of Harpagmos In Philippians 2:6: An Overlooked Datum For Functional Inequality Within The Godhead ; Dennis Ray Burk - Daniel B. Wallace .
Ainsi, loin de montrer que Jésus est "Dieu"
au même titre que son Père, ce passage explique que, bien qu''en "forme de Dieu", il n'a pas cherché à revendiquer une position d'égalité qu'il considérait ne pas lui appartenir .
Pour un examen détaillé de la question sur la divinité de Jésus, merci de consulter l'article que j'ai publié sur mon site :
Les Témoins de Jéhovah et la divinité de Jésus.
Maintenant, en ce qui concerne le mot "tout" [grec:
panta] employé en Jean 1:3, ce terme n'inclut évidemment pas Jésus. Toutefois, cela ne signifie pas nécessairement que Jésus s'exclut de "toute" la création. L'adjectif grec
'pas' (duquel dérive
'panta') peut revêtir différentes nuances de sens en fonction du contexte dans lequel il est employé. Comme le fait remarquer l'ouvrage
The New Thayer's Greek-English Lexicon of the New Testament, p. 493,
'panta' s'utilise soit "dans un sens
absolu, [c'est à dire] toutes choses sur le plan collectif, la totalité des choses créées, l'univers des choses", soit "dans un sens
relatif", c'est à dire, non plus désignant la totalité des choses, mais un ensemble de choses défini par le contexte. C'est pourquoi, le mot "tout", employé en Jean 1:3, ne désigne pas nécessairement tout ce qui a été créé
sans exception. Au contraire, les Ecritures montrent à l'évidence que Jésus fait partie intégrante des êtres créés par Dieu.
En Révélation 3:14, Jésus est appelé le "
commencement de la création de Dieu". Comme je l'explique sur mon site, le mot traduit par "commencement",
archê, est suivi de l'expression
tês ktiseôs ('de la création') qui est un génitif. Cette construction (
archê suivi d'un génitif) se rencontre souvent dans les Écritures, et désigne généralement le
commencement ou
début d'une chose. Les exemples suivants, cités de la
Bible de Jérusalem (à consulter dans la
Septanteet
l'Interlinear greek New Testament), illustreront cela:
"le début de l'année"; Deutéronome 11:12; grec:
archês tou eniautou
"ce fils, prémices (héb.
ré'shith= "commencement, chef"; grec:
archê ) de sa vigueur"; Deutéronome 21:17; (ici
ré'shith a le sens de "commencement", non de "chef")
"début de la moisson des orges"; Ruth 1:22; grec :
archê therismou krithôn
"le début de ta supplication"; Daniel 9:23; grec:
archê tês deêseôs
"tout cela ne fera que commencer les douleurs de l'enfantement"; Mat. 24:8; littéralement: 'tout cela [est le] commencement des douleurs de l'enfantement'; grec:
panta de tauta archê ôdinôn
"le premier des signes"; Jean 2:11; grec:
archên tôn sêmeiôn
"notre confiance initiale"; Hébreux 3:14; grec
tên archên tês hupostaseôs; littéralement: 'le commencement de la position'
Par ailleurs, un exemple particulier se rencontre en Proverbes 8:22: "Yahvé m'a créée, prémices de son œuvre [grec:
archên odôn] , avant ses œuvres les plus anciennes"; Ce passage, concernant la "Sagesse" personnifiée est généralement appliqué à Jésus, et souvent mis en parallèle avec Révélation 3:14. La
Bible de Jérusalem, dans une note en bas de page, précise: "
Cette pensée sera appliquée par le N[ouveau] T[estament] à la personne de Jésus Christ, sagesse de Dieu créatrice et rédemptrice". (Voir la note de la
New American Bible)
Pour un examen plus approfondi de cette question, merci de consulter les articles consacrés à
Révélation 3:14, et
Colossiens 1:16-20, publiés sur mon site.
Bien cordialement,
Didier