Jean 1:3 parle de "tout ce qui a été fait" par, ou par l'intermédiaire, de Jésus. Celui-ci fût, dans les mains de son Père, un instrument par lequel Dieu créa et façonna tout ce qui existe. Comme l'a écrit Irénée de Lyon: "Qu'il s'agisse en effet des Anges, des Archanges, des Trônes ou des Dominations le Dieu qui est au-dessus de toutes choses les a tous créés et faits par l'entremise de son Verbe. C'est ce que Jean indique expressément, car, après avoir dit du Verbe de Dieu qu'il était dans le Père, il ajoute : « Tout a été fait par son entremise et, sans lui, rien n'a été fait. » – Contre les hérésies; Livre III, 8,3 (c'est moi qui souligne).Si sans Jésus, rien n'a été fait de ce qui existe, il s'ensuit que Jésus, s'il fait partie des choses qui ont "été faites", s'est fait lui-même. Or cela est impossible. Note bien l'expression: "rien de ce qui existe." Si rien de ce qui existe exclut Jésus, cela signifie que Jésus n'existe pas au même titre que "ce qui a été fait": il existe d'une manière antérieure à "ce qui a été fait". Et par "ce qui a été fait", on entend bien ici la Création, ou je me trompe?
C'est pourquoi Proverbes 8:30 présente Jésus dans les termes suivants:
"J'étais à ses côtés comme le maître d'oeuvre, je faisais ses délices, jour après jour" (Bible de Jérusalem).
En tant que "maître d'oeuvre", "artisant", ou "habile ouvrier" (selon d'autres traductions de ce passage), Jésus fût le moyen par lequel Dieu, le Grand Architecte, conçut tout ce qui existe. Jean 1:3 met l'accent sur le rôle opéré par Jésus dans la création faite par son intermédiaire. Il ne faut pas faire dire à ce passage plus qu'il n'en dit réellement. Par contre, comme je l'ai déjà expliqué, les Ecritures montrent à l'évidence que Jésus a directement été créé par Dieu, sans intermédiaire. Il est ainsi appelé le "premier-né de toute création" (Colossiens 1:15), et le "commencement de la création de Dieu" (Révélation 3:14).
L'expression "premier-né de toute création" que Colossiens 1:15 applique à Jésus, a fait couler beaucoup d'encre. Elle traduit le grec prôtotokos pasês ktiseôs . Prôtotokos ("premier-né") est ici suivi du génitif pasês ktiseôs ("de toute création"). Comme je l'explique sur mon site, une telle construction est très fréquente, tant dans le "Nouveau Testament", que dans la Septante, version grecque de l'"Ancien Testament". Le génitif qui accompagne prôtotokos est bien souvent un génitif partitif et non de subordination. L'ouvrage cité plus haut, The New Thayer's Greek-English Lexicon of the New Testament, p. 555, fait le commentaire suivant:
"Christ est appelé prôtotokos pasês ktiseôs (génitif partitif, comme dans ta prôtotoka ton probatôn [les premiers-nés du troupeau] Gen. 4:4 (...) Deut. 12:17; (...) Ex. 22:29 [premier-né de tes fils]), qui vînt à l'existence par Dieu avant l'univers entier des choses créées" .
Puis, admettant que "ce passage ne prouve pas avec certitude que Paul classe le logos dans le nombre des êtres crées", le même ouvrage fait néanmoins remarquer qu'Origène et Clément d'Alexandrie utilisèrent le mot ktisma [créature, chose créée] pour désigner le logos, c'est à dire Jésus. Enfin, ce commentaire conclut:
"Dans le même sens [celui de "premier dans le temps"], apparemment, il [Jésus] est appelé ho prôtotokos, Heb. 1:6; prôtotokos ek tôn nekrôn, le premier des morts qui fût ramené à la vie, Col. 1:18; également tôn nekrôn (génitif partitif), Rev. 1:5; prôtotokos en pollois adelfois [premier-né parmi beaucoup de frères], qui était le Fils de Dieu avant ceux qui par son intermédiaire et ses mérites sont exaltés à la nature et à la dignité de fils de Dieu, avec en plus l'idée de rang suprême par lequel il surpasse ces autres fils ."
Cela s'harmonise avec ce que j'ai expliqué plus haut à propos de l'expression "le commencement de la création de Dieu" appliquée à Jésus en Révélation 3:14.
Selon Proverbes 8:22, Yahvé a "créé" la Sagesse qui, dans ce passage et son contexte proche, représente Jésus.
Michée 5:2 parle de "l'origine" du Messie à venir, origine qui était "depuis les temps anciens".
Si les Ecritures présentent Jésus comme le "commencement de la création de Dieu", le "premier-né de toute création", ayant une "origine depuis les temps anciens", c'est donc qu'il fût un temps où il n'existait pas, et où Dieu était seul. Les premiers chrétiens partageaient ce point de vue:
"Et son Fils, qui seul est appelé Fils au sens propre, le Verbe qui était également avec Lui et fut engendré avant les œuvres, quand au début il créa et arrangea toutes choses par Lui, est appelé Christ" – Justin Martyr; Deuxième Apologie, VI
"Et par sa simple volonté, le Logos sort, et le Logos ne sortant pas en vain, devient l'œuvre première engendrée du Père" – Tatien; Discours aux Grecs, V
"Car les Saintes Ecritures Le reconnaissent [le Fils] comme la plus ancienne de toutes les œuvres de création, car c'est à Lui que Dieu dit, à propos de la création de l'homme: " Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance "" – Origène; Contre Celse; Livre V, chap. XXXVII
"le premier-né de toute création, qui est le premier à être avec Dieu, et à attirer à lui-même la divinité, est un être d'un rang plus élevé que les autres dieux à côté de Lui, desquels Dieu est le Dieu, comme c'est écrit: " Le Dieu des dieux, le Seigneur, a parlé et a appelé la terre " (...) Le vrai Dieu, ainsi, est " Le Dieu ", et ceux qui sont formés après Lui sont des dieux, images de Lui, le prototype. Mais, encore une fois, l'image archétypale de toutes ces images est la Parole de [le] Dieu, qui fût au commencement, et qui en étant avec Dieu est en tout temps Dieu, non possédant cela [le fait d'être Dieu] d'elle-même, mais à cause de son existence avec le Père, non en continuant d'être Dieu (...) si ce n'est en restant toujours dans une contemplation ininterrompue des profondeurs du Père" – Origène; Commentaire sur l'Évangile de Jean; Livre II, 2
"Comment supposer qu’il y eut quelque chose, excepté le Père, qui soit plus ancien que le Fils de Dieu, son Verbe unique et premier-né et par là même qu’il y a quelque chose de plus noble que lui. (...) Ce [Dieu] qui n’a pas eu besoin d’un Créateur pour qu’il lui donne l’existence a un rang bien plus élevé que celui [le Fils] qui a eu un auteur" – Tertullien; Contre Hermogène; chap. XVIII
"Le Père n'est pas le même que le Fils puisqu'ils diffèrent l'un de l'autre dans le mode de leur existence. Car le Père est la substance tout entière. Le Fils est la dérivation et la partie de ce tout, ainsi qu’il le déclare lui-même: ‘Mon Père est plus grand que moi.’ (...) Le Père est donc autre que le Fils, en ce sens qu’il est plus grand que le Fils; en ce sens que celui qui engendre est autre que celui qui est engendré; en ce sens que celui qui envoie est autre que celui qui est envoyé; en ce sens que celui qui produit est autre que celui qui est produit" – Tertullien; Contre Praxéas; chap. 9
Non, Jésus n'est pas un "petit dieu". Isaïe l'appelle "Dieu fort" (Isaïe 9:6). Toutefois, sa nature divine ne lui confère pas pour autant une position d 'égalité avec son Père, ni ne l'identifie à lui. Si les Ecritures l'appellent " Dieu fort " (héb. 'Él Gibbor'; Is. 9:6), elles ne le qualifient jamais de " Dieu Tout-Puissant " (heb. 'Él Shadday'; Gen. 17:1), expression seulement attribuée au Père.Deuxièmement, comment Jésus peut-il avoir le statut divin sans être Dieu? est-il un genre de petit dieu?
La phrase "Et le verbe était Dieu", selon Jean 1:1, ne fait pas de Jésus l'égal de son Père. Comme je l'ai déjà expliqué sur mon site, le mot 'theos' rencontré dans cette phrase est dénué d'article défini. Par ailleurs, il est placé avant le verbe "était". Cette construction particulière est très fréquente dans le Nouveau Testament. Elle confère au mot 'theos' une valeur adjective, et indique la nature ou l'essence divine du "Verbe". Le bibliste M. Vincent explique:Troisièment, tu ne m'as toujours pas répondu au sujet de la phrase: Et le Verbe était Dieu.
"Remarquez que théos est sans l'article, qui n'aurait pas été omis s'il [Jean] avait voulu identifier la Parole à Dieu (...) De plus, s'il avait dit Dieu était la Parole, il aurait contredit la déclaration précédente par laquelle il avait distingué (de manière hypostatique) Dieu de la Parole (...) le mot Dieu, utilisé de façon attributive, maintient la distinction personnelle entre Dieu et la Parole." - Word Studies in the New Testament, (c'est moi qui souligne).
Après avoir parlé de "l'unité d'essence et de nature" existant entre Dieu et la Parole, ce bibliste poursuit: "[le mot Dieu] assigne à la Parole tous les attributs de l'essence divine." (c'est moi qui souligne).
Ainsi, Jean 1:1 établit clairement l'essence ou la nature divine du Verbe. Cela ne fait aucun doute. Les Témoins de Jéhovah le reconnaissent volontiers. Jésus est un être divin au plein sens du terme. Toutefois, cela ne fait pas de lui l'égal de son Père, comme je l'ai expliqué plus haut.
Pour de plus amples informations, merci de consulter mon site: La Traduction du monde nouveau: une falsification?
Bien cordialement,
Didier