Bonjour ManMadeGod,
Content de voir que tu nous fournis une reflexion sur l'un des thèmes centraux de la philosophie. Je réponds à ton premier message en te citant au fur et à mesure.
ManMadeGod a écrit :C’est triste à dire, mais je suis convaincu que l’homme n’est qu’une calculette améliorée. Sous une titre polémique, je soutient que l’homme, ainsi que touts les êtres vivants, ne sont rien d’autres que des machines biologiques.
Quand certains mêmes n’acceptent pas le fait que l’homme est un animal, je vais encore plus loin et j’affirme que la définition du « vivant » est subjective. En plus de me mettre à dos touts les croyants, certains athées ne seront à leur tout pas d’accords, et c’est encore mieux, cela promet un débat intéressant.
Outre le fait qu'il n'est effectivement pas très confortable de s'imaginer un monde parfaitement déterministe (au sens laplacien), en quoi la difficulté à défendre cet opinion devrait-elle être un argument? Pourquoi la vérité devrait-elle être insoutenable? Au contraire, la philosophie étant une invention humaine (sans doute est-elle même le propre de l'Homme), elle doit servir l'Homme, c'est à dire lui rendre la vie meilleure, donc comment souscrire à une vérité philosophique dont les implications rendent la vie impossible? N'es-ce pas accorder trop de valeur à l'outil, et pas assez à l'utilisateur? Prétendre être au delà du soupçon d'aveuglement, n'es-ce pas déjà s'aveugler sur notre propre prétention?
ManMadeGod a écrit :Tout d’abords, êtes vous tous d’accord pour dire que si je lâche mon stylo depuis ma chaise, sous l’effet de la gravité, il va subir une accélération en direction du centre de la terre, il va tomber pour rester clair? Je pense que personne ne me contredira sur ce point.
Maintenant, m’accordez vous que, sans que nous stoppions ce stylo, il va tomber, et rien ne pourra l’en empêcher ? Là encore personne ne me contredira.
Résumons: Je lâche mon stylo DONC il tombe CAR il est soumis aux lois de la physique (gravitation). Mon stylo continue de tomber CAR rien ne l’en empêche. Je pourrais difficilement faire plus simple.
Imaginons que se soit vous qui tombiez; serais-ce différent? Non, vous êtes autant soumis aux lois de la gravité que le stylo, ais-je tort? Vous me répondrez que dans ce cas, nous n’avons pas le choix de tomber. Et c’est la que vous auriez tort: il n’y a pas de choix, le choix n’est qu’illusion.
Tout comme le stylo, ou vous, vous n’avez pas le choix de tomber, vous n’avez pas le choix face aux lois de la physique.
La science, tout comme la philosophie, est une invention, et elle est donc au service de l'Homme. Les théories qu'elle fournit ne font que répondre au besoin de rendre le monde prévisible, tout en nourissant l'exigeance qu'elles soient compréhensibles par tous. Les vérités scientifiques sont donc adaptables dans n'importe quel référentiel humain, c'est à dire qu'elles fournissent des prévisions qui permettront à tout être humain d'agir efficacement, à son niveau, sur le monde qui l'entoure. La pluspart des théories scientifiques auront d'ailleurs effectivement servi l'émancipation de l'éspèce humaine, notemment grâce aux innovations techniques qu'elles ont permises, et encore aujourd'hui, la valeur des théories scientifiques n'est évaluée qu'à l'aune des applications qu'elles trouvent dans la vie en société.
Si le monde est déterministe, tout phénomène admet une explication, même secrète, même cachée, mais toute explication dépend essentiellement d'un points de vue, et elle ne fera donc jamais que décrire le comportement d'une certaine réalité observée, sans rendre compte du comportement de la réalité de l'observateur. Utiliser la science pour prétendre que la réalité se déroule aussi mécaniquement qu'une réaction chimique est donc tout à fait illusoire, puisque le monde est peuplé d'autres personnes-observateurs, et que nous ne sommes pas les seuls qui tentent de faire des prévisions, et que nous ne sommes donc pas les seuls à chercher à agir efficacement à l'aide de celles-ci.
ManMadeGod a écrit :Lorsque vous parlez à quelqu’un, vous pensez avoir le choix de choisir les mots que vous lui dites? Si c’est le cas vous vous trompez. Reprenons un exemple simple. Vous vous trouvez sur une route, tout à coup elle se sépare en deux, vous avez donc (apparemment) le choix entre le chemin A et le chemin B. Que se passe-t-il à ce moment? Votre cerveau va traiter toutes les informations dont il dispose (quel est la destination des chemins, le type de route etc…), que se soit sous forme mémorielle, ou sous forme de réflexion, et il va envoyer des signaux au corps pour lui dire d’aller par A ou B.
Sauf que les informations dont nous disposons sont fournies par nos sens qui, dans le cas d'une réalité-observée autonome et exterieure, ne nous parviennent que partiellement. A ce titre, la théorie du chaos est tout à fait interessante, puisque la précision avec laquelle l'observateur connaît les paramètres décisifs devient elle-même décisive. C'est ainsi qu'une illusion des sens (parlons si tu le désires d'un défaut, ou d'un manquement dans les données) pourra provoquer une réaction non-souhaitée. Par exemple, l'hologramme du squelette dans le manège fantôme nous a fait sursauter comme si il s'agissait d'un vrai squelette. Les imperfections de nos moyens d'appréhension du monde pourraient nous faire prendre deux alternatives différentes pour deux alternatives équivalentes, ce qui, dans la réalité de l'observateur lui permet d'opérer un choix.