Bonjour Wooden,
Wooden Ali a écrit :L'information apportée par nos sens stricto sensu n'est que marginale par rapport à celles que nous traitons. L'Homme n'est pas seul devant la nature mais possède une dimension sociétale, historique et culturelle dont on doit tenir compte sous peine d'erreur fatale.
Je ne suis pas sûr de comprendre, mais ces fameuses informations non-sensorielles que nous traiterions, seraient-elles donc de l'ordre du discours, ou plutôt d'une réalité conceptuelle? Sans vouloir tomber dans un empirisme naïf, il me semble qu'on ne peut comprendre un discours qu'à la condition de se réapproprier les mots que l'on croit y percevoir, c'est à dire en faisant appel au souvenir (et donc à l'experience empirique) que chaque mot évoque en nous. Cela est, en tout cas, au moins vrai pour les concepts
concrêts (table, chaise, voiture, etc...)
Toutefois, comme vous l'avez précisé, l'émetteur de ce discours n'est pas un objet, mais un autre être humain que j'ai, avant toute discussion, dû reconnaître comme mon semblable. Et dans cet espace qui me sépare d'autrui, il y a une conscience sociale, civique ou culturelle, et même des évènements historiques. Ce sont bien les interactions entre les êtres humains qui font vivre les concepts
abstraits (justice, travail, Dieu etc...), notemment lorsque l'humain agit au nom de l'appartenance à un groupe plus grand (citoyen, syndicat, croyants, etc...), et on observera effectivement que l'identité du groupe ne s'explique pas par la somme directe des identités des membres qui le composent, même lorsque tous ces membres sont présents au même endroit.
Cela signifierait donc que, même si
empiriquement, un objet se réduit à la somme de ses parties (un couteau n'est qu'une lame doublée d'un manche), l'addition des propriétés de chacune des parties qui composent un objet ne permettent pas de déduire les propriétés de cet objet, mais qu'il a une identité, et donc des propriétés à part. Il est vrai que deux carrés identiques collés l'un à l'autre forment un rectangle, et nous savons qu'un rectangle a des propriétés différentes d'un carré. D'un autre côté, la sociologie ne semble pas réductible à la psychologie, ni d'ailleurs les sciences physiques à la chimie. J'avoue ne pas bien en saisir la raison.
En effet, il arrive que les parties, si elles sont identiques, forment un tout partageant les même propriétés. Par exemple, un ensemble de rectangles identiques accolés les uns aux autres formeront toujours un rectangle. Si reconnaître autrui c'est d'abord reconnaître en lui mon semblable, et que la conscience n'est qu'un sentiment ou une impression, alors ne pourrait-on pas considérer que la conscience sociale, et donc les
concepts abstraits qu'elle fait vivre, ne font pas partie de la réalité?