Et si je suis accusé d'un vol, que je subit la peine mais que je ne suis pas l'auteur du vol
Vu la gravité de l’amputation d’une main, on ne s’y livre pas pour n’importe quel vol. Car il y a des conditions qui doivent être remplies pour l’application de la peine. Voici les conditions :
1/ L’objet du vol doit être pris en cachette. Autrement, la peine d’amputation ne sera pas appliquée. C’est le cas dans l’acte qui consiste à arracher un objet à son propriétaire ou à l’usurper au vu de tout le monde. En effet, dans ce cas, la victime peut, soit résister soit lancer un appel au secours.
2/ La chose volée doit être un bien respectable, il ne doit pas s’agir d’un bien non respectable tels les instruments de musique, le vin et le porc.
3/ La valeur de l’objet volé doit atteindre le minimum requis. C’est-à-dire trois dirhams islamiques ou le quart d’un dinar islamique.
4/ L’objet volé doit avoir été pris à partir d’un dépôt sûr. Il s’agit ici d’un endroit où les gens gardent habituellement des biens précieux comme les coffres.
5/ Le vol doit être constaté soit grâce au témoignage de
deux témoins, soit par l’aveu confirmé
deux fois de l’accusé.
6/ Il faut que la victime du vol réclame son bien. Autrement la peine ne sera pas appliquée.
Si le droit musulman – qui déjà ne forme qu'une partie de la charia – intéresse tous les aspects de la vie, et concerne notamment des règles en matière pénale, appliquer ce droit ne veut nullement dire appliquer ces règles là seulement, ni même appliquer ces règles prioritairement et alors commencer par elles sans regard pour l'état de la société. Au contraire, l'application de ces règles demande que l'état de la société le permette. C'est bien pourquoi Omar, second calife du Prophète (sur lui la paix),
avait suspendu la peine d'amputation de la main du voleur pendant une grande famine (A'lâmul Muwaqqi'îne, tome 3 p. 17-18). Al-Qardhâwî écrit ainsi : "Ainsi en est-il de la peine prévue pour le vol : dans la logique de la justice qui caractérise l'islam, il n'est pas permis d'appliquer le verset coranique demandant l'amputation de la main du voleur tout en ayant délaissé les versets coraniques demandant d'établir l'acquittement de la zakâte [impôt social purificateur], de donner naissance à la justice sociale, de combattre les abus des hommes sur les hommes.
Il y a dans le Coran un verset qui demande d'amputer la main du voleur. Tandis qu'il y a des dizaines et des dizaines de versets qui demandent de dépenser de ses biens pour les nécessiteux et de nourrir les pauvres, qui interdisent la thésaurisation des biens, critiquent le désir entretenu d'en amasser toujours plus, interdisent la fraude, les prêts à intérêt, les jeux de hasard avec mise, les injustices sous toutes leurs formes, et ordonnent de donner naissance à la justice et à la solidarité sociales de sorte qu'il ne reste plus, dans une vraie société musulmane, de nécessiteux" (Chariat ul-islâm sâliha lit-tatbîq fî kulli zamân wa makân, p. 134).
en plus les principe mêmes de ce droit musulman stipulent qu'il est mieux que l'on ne vienne pas porter plainte auprès du tribunal pour ce qui risque d'entraîner l'application de ce type de peines. Le Prophète a dit ainsi : "
Pardonnez-vous entre vous ce qui est susceptible d'entraîner l'application de peines. Car une fois la plainte ayant été portée, elle sera nécessaire" (rapporté par Abû Dâôud, n° 4376, An-Nassaï, n° 4885)
Plus encore, s'adressant cette fois aux juges, auxquels la plainte a été portée, un Hadîth demande de chercher à faire profiter l'accusé du bénéfice du doute : "
Tant qu'une possiblité existe, éloignez les peines" (rapporté par Ibn Mâja, n° 2545). "Autant que vous le pouvez, éloignez des musulmans les peines : s'il y a une possibilité, laissez-le aller. En effet,
qu'un dirigeant se trompe dans l'acquittement vaut mieux qu'il se trompe dans l'application de la peine" (rapporté par At-Tirmidhî, n° 1424)
Donc il est très peu probable que tu subisse la peine sans être l'auteur du vol.