agecanonix a écrit :Zouzouspétals
Arlitto a raison, tu ne nous fera pas changer d'avis.
Ta lecture du texte est au premier degré, il te faut les mots "transfusions sanguines " dans la bible pour accepter cette loi divine.
J'en conclue que je peux tuer mon prochain au mortier de 75, à la roquette anti-char, ou au fusil mitrailleur, car ils n'existaient pas à l'époque.
Par contre interdiction avec un couteau, une épée ou une lance.
Je ne cherche pas à te faire changer d'avis, je souhaite seulement t'amener à approfondir la croyance que tu professes et la compréhension que tu peux avoir du/des texte(s) sur le(s)quel(s) tu t'appuies.
Je ne lis pas le passage d'Actes au premier degré ; c'est plutôt toi qui aurait cette attitude-là : "le texte parle de sang, les transfusions, ça concerne le sang, donc le texte parle des transfusions", voilà schématiquement ce que tu déduis de ta lecture. Et tu refuses de pousser plus loin ton raisonnement, de chercher à comprendre ce que voulaient vraiment signifier les apôtres par cette expression, de peur sans doute de voir voler en éclat ta lecture superficielle, schématique et décontextualisée de ce texte biblique.
Et tu m'accuses d'attendre les mots "transfusions sanguines" écrits en toutes lettres dans le passage d'Actes. Pourtant, c'est toi qui ne cesses de sous-entendre que les mots employés par les apôtres dépassaient leur pensée, que Dieu les auraient inspirés pour qu'ils utilisent une expression générale qui, à notre époque, devrait désigner, sans aucun doute possible, une thérapeutique inconnue de leur temps. Mais en ce cas, l'esprit saint aurait dû savoir que cette expression laconique aurait posé un tel problème d'interprétation aujourd'hui. Pourquoi n'a-t-il pas inspiré les apôtres à écrire de "s'abstenir (...) de tout sang" ou "s'abstenir du sang de l'homme comme de l'animal" ? Pourquoi des mots qui revêtaient un sens précis à l'époque des apôtres devraient-ils constituer une devinette pour nous ?
Quant à ton exemple sur le "tu ne tueras point", tu tombes là dans le travers facile et commun d'essayer de discréditer ton interlocuteur en lui prêtant une thèse idiote que l'on peut chasser avec mépris d'un revers de la main. Seulement, je n'ai jamais prétendu que la Bible permettait aux hommes de tuer avec toutes les armes inconnues au moment de sa rédaction, seules étant prohibées celles qui existaient alors. Parce que le commandement ne porte pas sur les armes employées pour tuer, mais sur le meurtre même.
En revanche, dans le cas du texte d'Actes 15:28-29, le contexte montre qu'il ne s'agit pas d'un commandement de portée générale, comme si les apôtres énonçaient là un nouvel interdit. En effet, si l'expression "s'abstenir (...) du sang" devait se comprendre comme la prohibition totale d'user de sang, sous quelques formes que ce soit (sang animal comme humain, sang entier comme fractions sanguines, sang mangé comme sang reçu par transfusion, sang d'un mort comme sang d'un donneur vivant), alors il y aurait là une nouveauté majeure, un nouveau commandement, puisque, jusque-là, l'interdit ne portait que sur la consommation alimentaire du sang de l'animal tué. Or, les apôtres, selon le contexte, ne cherchent pas à établir de nouvelles règles, ils s'efforcent plus prosaïquement de définir, parmi toutes les anciennes prescriptions de la loi mosaïque celles qui sont suffisamment importantes à l'unité de la communauté chrétienne (qu'elle soit d'origine juive ou gentile) pour être conservées.
Quel que soit le bout par lequel on prend le texte, il se réfère au passé, non à l'avenir. Il énonce ce qui doit être gardé, il ne forge pas de nouvelles règles. Il rappelle l'interdit alimentaire de la loi mosaïque, il n'annonce pas le refus d'une thérapeutique à venir.
agecanonix a écrit : Et tu imagines vraiment qu'un chrétien qui viendrait tout juste de refuser de boire un verre de sang, au premier siècle, se dirait dans la minute qui suit qu'il peut recevoir du sang par transfusion si on lui proposait "par miracle".
Ton exemple est biaisé : un chrétien à qui l'on aurait enjoint de boire un verre de sang, serait en réalité placé dans un contexte de tentation tel qu'il refuserait avec défiance tout ce qu'on lui proposerait d'autre. Tu pourrais tout aussi bien lui offrir un chocolat chaud ou du champagne. Et, à moins qu'il n'ait été gravement blessé, qu'il ne soit en train de perdre tout son sang, même lui saurait qu'il n'aurait nul besoin d'un traitement médical comme la transfusion.
En revanche, si tu veux bien quitter ce mode de la tentation et du couteau sous la gorge, je ne suis pas sûre du tout qu'un chrétien du premier siècle, avec qui, "par miracle", tu parviendrais à discuter de l'expression d'Actes 15:28-29 et à qui tu demanderais, après lui fait une présentation neutre de la thérapeutique moderne de la transfusion de sang, s'il pensait que l'édit des apôtres s'appliquait indubitablement à cette technique médicale, te répondrait, comme un parfait Témoin de Jéhovah, qu'il préférerait mourir que d'y recourir.
agecanonix a écrit :On est dans le domaine du sacré. Si l'homme et nos sociétés dites chrétiennes étaient restées attachées à cette notion concernant le sang, il y a bien longtemps que l'on aurait trouvé une solution définitive en matière d'alternative au sang. Et combien de milliers de vie auraient été sauvées.
Là on comprendrait aussi que les lois de Dieu sont pour le bien des humains et qu'il n'interdit rien sans raisons.
Il y a 7 millions de TJ dans le monde, chaque TJ se fait opérer au moins une fois dans sa vie, souvent plusieurs fois. Et à chaque fois il n'y a pas de transfusion. Il serait interessant de savoir combien d'entre eux ont évité les accidents liés aux transfusions. Combien d'entre eux ne sont pas morts par suite d'accidents transfusionnelles ou de contaminations. Quand, moi qui vit au milieu des TJ, je suis témoin direct du fait que le refus n'amène que très très rarement des drames, (je n'en connais aucun dans mon entourage, tu m'entends, Zouzouspétals, aucun, Dieu m'est temoin, et j'ai 40 ans de vie et d'amitié avec des milliers de TJ) alors je suis conscient que Dieu est amour, et que s'il pensait d'abord au symbole sacré du sang, il savait aussi tout ce qui pouvait arriver en matière de santé.
Ce qui est anormal, ce n'est pas que l'on refuse la transfusion, c'est qu'elle existe encore avec tous les dangers qu"elle comporte. Si tout l'argent qui a été mis pour l'améliorer avait été utilisé pour trouver un sang artificiel comme le fluosol, on ne pleurerait pas sur ceux qui meurent de plus en plus aujourd'hui parce que là où ils sont il n'y a pas assez de donneurs;
Nous sommes sur un fil qui aborde le complexe sujet de la transfusion sanguine sous l'angle uniquement biblique, ce qui constitue officiellement la seule véritable raison pour laquelle les Témoins de Jéhovah proclament refuser cette thérapeutique. Et tu ne peux t'empêcher de dévier sur une apologie du refus de transfusion, comme s'il était à tout coup possible de survivre sans recevoir un tel traitement.
En outre, il ne sert à rien d'essayer de refaire l'histoire. Les hommes font ce qu'ils peuvent avec ce qu'ils ont. Si on avait refusé l'automobile et le pétrole, peut-être aurions-nous inventé des moyens de locomotion plus propres ; si on avait privilégié les énergies renouvelables, si on avait investi plus massivement dans la recherche et l'éducation au lieu de développer l'armement, si on avait mieux réparti les richesses, si une petite partie du monde ne vivait pas largement sur le dos de la masse des miséreux... nous serions sans doute tous au paradis.
Avec des si, on mettrait même Paris en bouteille, et les chrétiens du premier siècle "par miracle" devant le choix d'une transfusion sanguine.
Ne réponds pas à un homme stupide selon sa sottise, de peur que tu ne deviennes pareil à lui, toi aussi.
Réponds à un homme stupide selon sa sottise, de peur qu’il ne devienne un sage à ses yeux.
(Proverbes 26:4,5, TMN)