Qui est Jésus pour les Juifs ?
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Le Judaisme se fonde sur le culte du Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob. la foi des anciens Israélites et de leurs descendants, les Juifs, serait basée sur une alliance contractée entre Dieu (YHWH) et Abraham, qui aurait ensuite été renouvelée entre Dieu et Moïse.
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Re: Qui est Jésus pour les Juifs ?
Ecrit le 23 janv.10, 10:57pourquoi une parabole se verset ?
(Isaïe 30:15) Votre force résidera en ceci : dans le fait de rester calmes et [aussi] dans la confiance . AM - JW - Les Témoins de Jéhovah
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Re: Qui est Jésus pour les Juifs ?
Ecrit le 24 janv.10, 00:02Voici la voix de Maïmonide :
Qu'il ne te vienne pas à l'esprit qu'à l'époque de Machia'h sera annulée quelque chose dans la marche du monde, ou que sera changée la nature de la création : le monde continuera selon sa nature, et ce qui est dit par Isaïe "le loup habitera avec le mouton et la panthère avec l'agneau paîtra" est une parabole et une allégorie, dont le sens est qu'Israël résidera en paix parmi les méchants du monde, comparés au loup et à la panthère, ainsi qu'il est dit "le loup des steppes les pillera, la panthère guette leur ville". Alors tous retourneront à la Loi de Vérité et cesseront de voler et de détruire. Ils vivront paisiblement des choses permises, avec Israël, ainsi qu'il est dit "le lion comme le bétail mangera de l'herbe Isaïe". De même toutes les paroles de ce genre à propos de Machia'h sont des paraboles, et à l'époque de Machia'h tous connaîtront le sujet de ces paraboles et leur signification.
Mishneh Torah, Hilkhot Melakhim, Chapitre 12, Partie 1.
Qu'il ne te vienne pas à l'esprit qu'à l'époque de Machia'h sera annulée quelque chose dans la marche du monde, ou que sera changée la nature de la création : le monde continuera selon sa nature, et ce qui est dit par Isaïe "le loup habitera avec le mouton et la panthère avec l'agneau paîtra" est une parabole et une allégorie, dont le sens est qu'Israël résidera en paix parmi les méchants du monde, comparés au loup et à la panthère, ainsi qu'il est dit "le loup des steppes les pillera, la panthère guette leur ville". Alors tous retourneront à la Loi de Vérité et cesseront de voler et de détruire. Ils vivront paisiblement des choses permises, avec Israël, ainsi qu'il est dit "le lion comme le bétail mangera de l'herbe Isaïe". De même toutes les paroles de ce genre à propos de Machia'h sont des paraboles, et à l'époque de Machia'h tous connaîtront le sujet de ces paraboles et leur signification.
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Re: Qui est Jésus pour les Juifs ?
Ecrit le 24 janv.10, 00:27Je ne cesse de le faire, malgré ce que tu voudrais faire croire. Et maintenant, retour au sujet, merci.sceptique a écrit :Tiens donc! Ça t'arrive, toi aussi, parfois, de constater les faits réels?..
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Re: Qui est Jésus pour les Juifs ?
Ecrit le 24 janv.10, 04:10Intéressant! Donc, si je vous comprends bien, Ahouva, vous êtes de l'avis qu'il n'y aura pas grand chose de changé dans la nature de ce monde lorsque le Messie aura commencé à régner. Mais, dites-moi, il ne vous est jamais venu à l'esprit que l'être humain pourrait un jour être appelé à "évoluer" vers un stade supérieur d'existence qui ferait en sorte qu'il ne pourra jamais plus mourir, ayant pour ainsi dire en lui-même la "vie éternelle"? Moi, mon impression, c'est que l'espèce humaine atteindra un jour son apogée et qu'elle devra nécessairement passer à un tout nouveau stade d'existence lorsque l'humanité sera parvenue à sa toute dernière génération. À cet égard, le prophète Ésaïe ne fait-il pas allusion que la mort sera un jour définitivement anéantie?Ahouva a écrit :Voici la voix de Maïmonide :
Qu'il ne te vienne pas à l'esprit qu'à l'époque de Machia'h sera annulée quelque chose dans la marche du monde, ou que sera changée la nature de la création : le monde continuera selon sa nature, et ce qui est dit par Isaïe "le loup habitera avec le mouton et la panthère avec l'agneau paîtra" est une parabole et une allégorie, dont le sens est qu'Israël résidera en paix parmi les méchants du monde, comparés au loup et à la panthère, ainsi qu'il est dit "le loup des steppes les pillera, la panthère guette leur ville". Alors tous retourneront à la Loi de Vérité et cesseront de voler et de détruire. Ils vivront paisiblement des choses permises, avec Israël, ainsi qu'il est dit "le lion comme le bétail mangera de l'herbe Isaïe". De même toutes les paroles de ce genre à propos de Machia'h sont des paraboles, et à l'époque de Machia'h tous connaîtront le sujet de ces paraboles et leur signification.
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"Il (Dieu) anéantit la mort pour toujours...", pouvons-nous lire en Ésaïe 25,8.
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Re: Qui est Jésus pour les Juifs ?
Ecrit le 24 janv.10, 04:14Non, il y aura un grand changement dans la nature de ce monde : la paix universelle (à mes yeux, bien plus importante qu'un lion mangeant du foin).sceptique a écrit :Donc, si je vous comprends bien, Ahouva, vous êtes de l'avis qu'il n'y aura pas grand chose de changé dans la nature de ce monde lorsque le Messie aura commencé à régner.
Rien d'autre qu'une évocation de la résurrection des morts.sceptique a écrit :"Il (Dieu) anéantit la mort pour toujours...", pouvons-nous lire en Ésaïe 25,8.
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Re: Qui est Jésus pour les Juifs ?
Ecrit le 24 janv.10, 05:07J'en conviens... Mais il se pourrait bien aussi que ce monde finisse un jour par disparaître complètement afin de faire place à un tout nouveau monde dans lequel la mort n'existera tout simplement pas!Ahouva a écrit : Non, il y aura un grand changement dans la nature de ce monde : la paix universelle (à mes yeux, bien plus importante qu'un lion mangeant du foin).
Rien d'autre qu'une évocation de la résurrection des morts.
Pour preuves, ces versets du prophète Ésaïe : "Levez les yeux vers le ciel, et regardez en bas sur la terre! Car les cieux s'évanouiront comme une fumée, la terre tombera en lambeaux comme un vêtement, et ses habitants périront comme des mouches; mais mon salut durera éternellement, et ma justice n'aura point de fin." (Ésaie 51,6)
Et aussi celui-ci : "Car je vais créer de nouveaux cieux et une nouvelle terre; on ne se rappellera plus les choses passées, elles ne reviendront plus à l'esprit."! (Ésaïe 65,17)
De toute évidence, ces deux passages concernent une certaine "fin de ce monde" et la création d'un tout nouveau monde, et ils sont à mettre en parallèle avec cet autre passage de la Bible : "Dieu, tu as anciennement fondé la terre, et les cieux sont l'ouvrage de tes mains. Ils périront, mais tu subsisteras; Ils s'useront tous comme un vêtement; tu les changeras comme un habit, et ils seront changés." (Psaume 102,26-27)
Bref, comme un habit usé et déchiré par le temps doit être remplacé par un tout nouvel habit flambant neuf, tout semble indiquer que le présent univers sera un jour remplacé par un tout nouvel univers dans lequel la mort n'existera tout simplement pas! C'est mon impression.
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Re: Qui est Jésus pour les Juifs ?
Ecrit le 24 janv.10, 05:26Là, nous en venons à discuter du monde à venir, ce qui est très éloigné de "Qui est Jésus pour les Juifs ?"...
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Re: Qui est Jésus pour les Juifs ?
Ecrit le 24 janv.10, 05:33C'est vrai... Désolé...Ahouva a écrit :Là, nous en venons à discuter du monde à venir, ce qui est très éloigné de "Qui est Jésus pour les Juifs ?"...
Re: Qui est Jésus pour les Juifs ?
Ecrit le 24 janv.10, 06:56Pour revenir sur le sujet, je crois qu'il peut être intéressant de voir comment les paroles de Jésus sont interprétées par les juifs contemporains de ce dernier !Ahouva a écrit :Là, nous en venons à discuter du monde à venir, ce qui est très éloigné de "Qui est Jésus pour les Juifs ?"...
Ceux-ci ne s’y trompèrent point. Les Juifs cherchaient à Le faire mourir, parce qu’Il se proclamait Dieu.
- « A cause de cela, les Juifs cherchaient encore plus à le faire mourir, non seulement parce qu’il violait le sabbat, mais parce qu’il appelait Dieu son propre Père, se faisant lui-même égal à Dieu. » (Jean 5:18)
- « Les Juifs lui répondirent : Ce n’est point pour une bonne oeuvre que nous te lapidons, mais pour un blasphème, et parce que toi, qui es un homme, tu te fais Dieu. » (Jean 10:33)
- « Alors (après la réponse de Jésus affirmant qu’il était bien le fils de Dieu ) le souverain sacrificateur déchira ses vêtements, en disant : - Il a blasphémé. Qu’avons-nous encore besoin de témoins? Voici, vous venez d’entendre son blasphème. Que vous en semble? - Ils répondirent Il mérite la mort – » (Mat 26: 65, 66).
Et dans l’Evangile de Jean, il est précisé:
- « Nous avons une loi, et selon notre loi, il doit mourir, parce qu’il s’est fait Fils de Dieu . » (Jean 19 :7)
Or le blasphème est condamné par Lévitique 24 :16. Si l’expression « Fils de Dieu » ne signifiait pas identité avec Dieu Lui-même, ce chef d’accusation devenait sans fondement.
Le message de Paul aux Athéniens païens a été compris par eux comme l’annonce de divinités étrangères. D’autres l’entendant annoncer Jésus et la résurrection, disaient : « il semble qu’il annonce des divinités étrangères » (Actes 17 :18). Le mot grec daimonion daimonion en effet, peut aussi avoir le sens de divinités, d’idoles.
Ainsi, les ennemis mêmes de Jésus reconnaissent sa divinité.
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Re: Qui est Jésus pour les Juifs ?
Ecrit le 24 janv.10, 07:04Je ne vois pas là une quelconque reconnaissance de la divinité de Jésus.
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Re: Qui est Jésus pour les Juifs ?
Ecrit le 24 janv.10, 08:06Erreur. Pour être totalement exact, il s'agit là de "comment les premiers chrétiens ont raconté la façon dont les juifs contemporains de Jésus ont interprété ses paroles"Eric151 a écrit :Pour revenir sur le sujet, je crois qu'il peut être intéressant de voir comment les paroles de Jésus sont interprétées par les juifs contemporains de ce dernier !
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Re: Qui est Jésus pour les Juifs ?
Ecrit le 24 janv.10, 08:21Les Evangiles sont les quatre documents essentiels que nous possédons pour étudier Jésus, certes, mais, bien qu’inestimables, ce sont des documents qui se frottent à des faits historiques et à des descriptions géographiques vérifiables... Ainsi la fiabilité des textes peut être étudiée...
La figure du Christ peut être décrite avec une exactitude supérieure à celles des personnages historiques, comme Socrate, Bouddha , Mahomet , Alexandre le Grand ou Clovis qui ne sont pas décrits dans leurs environnements. De plus, nous pouvons être plus précis en étudiant le cadre historique et géographique de son temps. L’un et l’autre renseignent, directement ou indirectement, sur Jésus.
La valeur historique des Evangiles
Si, pour écrire l’histoire d’une époque, d’un pays, d’un homme, on dispose de la recherche d’un historien contemporain, il suffit de contrôler l’authenticité de ses dires et l’on pourra le suivre aussi loin que sa méthode et sa documentation l’auront conduit. Dans la plupart des cas, l’histoire moderne ne dispose ni d’un Tacite , ni d’un Thucydide , ni d’un Flavius Josèphe . Pour reconstituer la suite des événements et l’aspect de la civilisation dans l’Égypte du Moyen-Empire ou chez les Hitites , on utilise des documents (textes, objets archéologiques) qui n’avaient pas d’intention historique pour leurs auteurs. Il arrive fréquemment qu’un texte non historique serve précieusement à l’histoire ! La Chanson de Roland, par exemple, renseigne bien sur la féodalité primitive, de même que des récits grecs anciens nous ouvrent des aperçus uniques sur les Aryens d’Achaïe et sur le grand commerce méditerranéen aux environs du 12ème siècle avant notre ère.
Les Evangiles ne sont pas des romans ni des livres d’histoire. Les évangélistes n’ont pas écrit une biographie comme la conçoivent les écrivains modernes, avec le souci scrupuleux des précisions chronologiques ou géographiques. Ils étaient préoccupés de mettre en lumière la valeur spirituelle de la vie de Jésus par un choix de scènes qui portaient avec elles leur enseignement.
Si l’on pense aux conditions dans lesquelles les Evangiles ont été transmis , parmi ces communautés ferventes qui attendaient de cet enseignement une nourriture pour leur foi , on comprend le but poursuivi par les évangélistes peut être différent de celui de Carlyle , de Michelet , plus encore de Lavisse ou de Seignobos . Cela ne veut pas dire que les Evangiles soient des livres de parti, des sortes de pamphlets ou de tracts de propagande ; ils sont comme le disait Justin , « des Mémoires des Apôtres ». Aucune « vie de Jésus », aucun ouvrage de théologien, depuis deux mille ans, n’a jamais retrouvé cette fraîcheur, cette transparente simplicité.
Le lecteur qui les aborde avec les habitudes intellectuelles d’aujourd’hui peut être déconcerté. Sans doute trouve-t-il des précisions qui le plongent en pleine histoire, comme ce début du troisième chapitre où Luc précise que Jean-Baptiste prêcha « la quinzième année du règne de Tibère César , -lorsque Ponce Pilate était gouverneur de la Judée, Hérode tétrarque de la Galilée, son frère Philippe tétrarque de l’Iturée et du territoire de la Trachonite, Lysanias tétrarque de l’Abilène,… » (Lc 3 : 1). D’autre part, le tableau de l’activité de Jésus reste vague. Entre le court passage de l’enfant, âgé de douze ans, dans le temple de Jérusalem, et le début de l’apostolat de l’homme adulte, dix-huit années s’écoulent où nous ne savons rien. A la fin du chapitre 9, Luc présente le Christ prenant « la résolution de se rendre à Jérusalem » (Lc 9 : 51) ; et aussitôt après, il place un récit dont la scène est certainement celle de Béthanie ; en suite, à deux reprises, il semble annoncer un départ pour la ville où l’on n’arrive, en fin de compte, que bien plus tard. Pourtant Luc est le mieux documenté et son Evangile est le plus « construit » des quatre !
La chronologie et la géographie, dont un mot célèbre dit qu’elles sont les béquilles de l’histoire, sont aussi peu explicites ; force est de les compléter. Ce qui peut être pris pour une infidélité littérale des textes évangéliques, comme les écrivains de l’Antiquité en étaient coutumiers, ne sont que des informations complémentaires. Si l’on compare, dans les quatre Evangiles, l’intitulé de la tablette où Pilate fit marquer le titre sous lequel il voulait que Jésus soit exécuté : pas deux rédactions semblables : « Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs » selon Matthieu (Mt 27 : 37) ; « le roi des Juifs » selon Marc (Mc 15 : 26) ; « Celui-ci est le roi des Juifs » selon Luc (Lc 23 : 38) ; et « Jésus de Nazareth, roi des Juifs » selon Jean (Jn 19 : 19). Il s’agit d’informations complémentaires car « l’inscription était en hébreu, en latin et en grec » nous dit l’Evangile de Jean (Jn 19 : 20) :
- Matthieu était un péager (Mt 9 :9) et habitué à travailler avec les romains. Or, la langue utilisée à cette époque dans l’administration romaine était le latin.
- Luc était médecin (Col 4 :14) et habitué à lire le grec lors de ses études de médecine. Il a retranscrit dans son Evangile l’inscription grecque !
- Jean était pêcheur (Mt 4 :21) et sa langue est l’hébreu ou l’araméen. Pour lui, la partie la plus frappante de l’inscription de la croix est celle écrite en hébreu ou en araméen .
Ce qui peut apparaître comme des divergences dans les textes ne doivent pas être des raisons pour suspecter de la valeur historique des évangiles ! Leurs témoignages, confrontés les uns aux autres, permettent de s’approcher de la vérité historique de très près. Du fait même qu’ils proviennent de traditions diverses , nous sommes assurés que là où ils se recoupent, les chances d’exactitude sont très grandes. Souvent, l’hypothèse est émise que leur texte avait dû être modifié, interpolé ultérieurement ; jamais la démonstration n’a pu être faite ; or, une oeuvre aussi diffusée, dont on possède tant de copies anciennes, n’aurait pas pu être truquée sans que cela se révèle aussitôt .
On a parfois opposé à l’Évangile un argument de poids : comme les prophéties de l’Ancien Testament sont souvent citées, certains commentateurs ont soutenu que ces références n’expliquaient pas le récit mais le suggéraient. L’évangéliste aurait cru ou affirmé comme arrivé ce qu’il savait prédit. Cet argument est beaucoup moins fort qu’on ne le pense. S’il est exact que l’Ancien Testament est souvent invoqué en référence, on ne peut croire à une suggestion que dans peu de cas et seulement par des détails . « D’aucun récit, d’aucun épisode de l’histoire évangélique, écrit Pierre Batiffol , on ne peut établir qu’il est la projection mythique d’une prophétie. L’argument prophétique est fait d’un morcelage de petits textes que seul le réel a pu suggérer de rapprocher. » Il faut se méfier d’une certaine critique qui, très exigeante quand il s’agit de prouver la valeur historique de l’Évangile, tire volontiers l’argument par les cheveux s’il paraît défavorable au texte biblique.
La valeur historique de l’Évangile n’est pas en observations portant sur la vie ou les faits qui la confirment, mais autant son analyse, la connaissance de l’intérieur de ces faits. A qui lit les quatre Evangiles sans parti pris, il paraît sûr que le personnage de Jésus est vivant, qu’il « se tient », comme l’on dit en critique littéraire, jusque dans ses apparentes contradictions. La réalité d’un être de chair et de sang est manifeste. Et Alfred Loisy ajoute : « Jésus vivant traite avec des hommes vivants ; le monde que l’on voit s’agiter autour de lui est un monde réel ; les personnages qui s’y dessinent ont le relief de leur existence et de leur caractère individuel, la vie est partout et, avec elle, la vérité de la représentation historique. »
L’authenticité de la figure de Jésus est d’autant plus évidente que, telle qu’elle est dessinée dans l’Évangile, elle se montre contraire à ce que le milieu juif de l’époque concevait. Les concitoyens de Jésus attendaient le Messie glorieux qui replacerait Israël dans sa puissance ; peindre un Messie douloureux, agonisant au Jardin des Oliviers, mourant comme un bandit, c’est aller contre une tradition à laquelle, on le constate à plusieurs reprises, les disciples de Jésus eux-mêmes étaient attachés.
Son enseignement est aussi important. Certains affirment que le christianisme est le résultat du travail patient des disciples du Maître, et de Paul en particulier. Mais la transfiguration, la résurrection, les miracles…, on les trouve déjà dès les témoignages les plus reculés. L’incarnation et la rédemption n’ont pas été inventées par Paul ! Elles se lisent dans les quatre Evangiles, expliquent la naissance de l’Église, cette projection dans la société de la foi vivante des premiers chrétiens. Un christianisme sans le Christ est inconcevable ; comme fait d’histoire et comme témoin, l’Église est un garant du message et de la mission de Jésus-Christ.
La valeur géographique des Evangiles
Il est important de se représenter Jésus dans les paysages qui lui furent familiers :
- Son baptême sur les bords de ce fleuve aux eaux beiges, bordé de lauriers-roses et de tamariniers, qu’est le Jourdain (Mt 3 : 13 à 16, Mc 1 : 9, Lc 3 : 21) ;
- Ses enseignements auprès des foules à partir d’une barque, dans la douceur d’un soir galiléen, tandis que l’Hermon réfléchissait sa neige dans le miroir bleu pur du lac de Génésareth (Mt 13 : 2, 14 : 14, Mc 3 : 9, 6 : 34, Lc 5 : 3) ;
- Sa crucifixion au rebord des fossés de la ville, à deux pas des murailles aux blocs géants, dans l’un de ces lieux d’abandon et de détritus qu’on trouve aux portes des cités orientales (Mt 27 : 33 à 35, Mc 15 : 22 à 25, Jn 19 : 17 et 18) ;
- L’air qu’il respira, le soleil tel qu’il le vit, les écarts de température qu’il subit (Mt 4 : 1) ;
- La blondeur des orges et des blés précoces (Lc 6 :1), et le vert vif des sycomores (Lc 19 : 2 à 5), et l’argent miroitant des figuiers ou des oliviers (Mt 21 : 19, Mc 11 : 14).
Tout ce qui entoura son être physique de cette multiple présence familière qui participe à nos plus secrètes sensations, mérite d’être connu et de trouver sa place dans une description qui se veut véridique.
Le nombre de détails concrets de l’Évangile qui ne disent rien à nos mœurs d’occidentaux est immense… Qu’est l’aneth dont le Christ reprochait aux Pharisiens de donner la dîme, alors qu’ils dédaignaient de plus hautes obligations ? (Mt 23 : 23) Rien d’autre que le fenouil, plante que connaissent les voyageurs d’Orient, non pas le fenouil bulbeux dit de Florence qui se consomme en Italie autour des viandes mais le fenouil amer, officinal, qu’on utilisait pour tisanes diurétiques et dont la valeur était maigre.
Et quand Marie de Magdala verse sur les pieds de Jésus un grand flacon de nard (Jn 12 : 2 à 4), cette précieuse liqueur (Jn 12 : 5) est le suc obtenu en broyant le rhizome d’une plante brunâtre qu’on peut voir au creux des rochers palestiniens , mais qu’il en faut plus de deux cents livres écrasées pour obtenir un seul litre de parfum ? En raison de son coût élevé, le nard était souvent frelaté, voire contrefait. Toutefois, tant Marc (Mc 14 : 3) que Jean (Jn 12 : 3) emploient l’expression « nard authentique ».
Tous ces « détails » qui dessinent la vie de Jésus de façon juste témoignent du bien-fondé de ses discours. Par exemple, lorsque le Christ indique comme signe : « Vous verrez un homme portant de l’eau » (Mc 14 : 13), cela ne nous dit rien, à nous occidentaux. Ce détail signe la vérité juive de l’anecdote car en Judée et en Samarie, c’était tâche des femmes de porter les cruches d’eau. La parole de Jésus était imagée ; elle empruntait à l’expérience journalière de ses auditeurs des observations prises dans la réalité concrète. De même que Paul, prêchant aux Grecs de Corinthe, tire une comparaison des courses du stade (1 Co 9 : 24 et 25), de même, Jésus s’adressant à un petit monde de cultivateurs et de pêcheurs leur parle de moissons, de vignes, de barques, de filets, des brebis et des corbeaux, des loups et des renards. A travers les quatre Evangiles, on aperçoit bien ce cadre que l’on pourrait presque reconstituer la flore de cette région avec ces quatre livres : le blé (Mt 12 : 1, 13 : 25 à 30), l’orge (Jn 6 : 9 à 13), l’acanthe (Jn 19 : 2 à 5), le figuier (Mc 11 : 13, 20 et 21, Lc 13 : 6 et 7, 21 : 29), les raisins (Mt 7 : 16)...
Géographiquement, pour que le Christ se soit tant déplacé, il ne faut pas que ce soit une terre bien vaste. Le voyageur qui arrive au pays d’Israël, habitué à majorer en esprit tout ce qui concerne Jésus, s’étonne autant des courtes distances que de la petitesse des villes. Capharnaüm et Nazareth sont à moins d’une journée de marche ; de Jéricho à Jérusalem, il y a moins de trente kilomètres. Une automobile traverse Israël du nord au sud en une courte journée ; l’avion la survole d’est en ouest en un quart d’heure. Comparable à la surface de la Bretagne, la Belgique ou la Sicile, tel est ce petit territoire du monde que la gloire des continents ne peut pas éclipser.
Le relief est aussi évoqué dans le témoignage évangélique. Sans cesse, il faut monter ou descendre ; la plaine est rare et ne s’étend qu’au bord de la mer. Le pays du Christ, c’est la zone des collines, mêlées, compliquées, moutonnant en vagues ocres et brunes, et soudain s’abaissant par paliers raides, vers le profond fossé, où, rivière paradoxale, le Jourdain s’enfonce en dessous du niveau de la Méditerranée jusqu’aux eaux de la Mer Morte.
Le climat impose aussi sa marque au récit évangélique ! Si la pluie n’était pas si rare en cette région, si l’eau n’était pas une produit d’inestimable prix, aurions-nous eu les belles métaphores de l’eau vive (Jn 4 : 14, 7 : 38), et l’histoire de la femme de Samarie à qui Jésus demanda à boire (Jn 4 : 10 et 11) ? Et si les coups de vent n’atteignaient pas la terrible violence qu’on leur voit encore, lirait-on ces passages de Luc et de Matthieu où l’âme fidèle est comparée à la maison fondée sur le roc contre qui les vents se jettent mais ne tombe pas (Mt 7 : 24 à 27, Lc 6 : 48 et 49) ?
De nombreux détails de l’Évangile ne sont compris que par une étude géographique . Dans le passage auquel il vient d’être fait allusion (Mt 7 : 27), on lit : « La pluie est tombée, les torrents sont venus et les vents ont soufflé... », ceci n’a aucun sens dans les pays humides où les cours d’eau, s’ils grossissent au temps des pluies, ne dépendent pas des averses ; mais, en ce pays c’est compréhensible, car les averses font naître des torrents là où il n’y avait que des lits de cailloux, et les vents accompagnant toujours les pluies. Voici un autre exemple qui, sans prétendre expliquer les miracles des pêches miraculeuses, les replace dans leur cadre naturel. Dans la baie du lac de Génésareth qui s’enfonce entre Aïn-Tabgah et Magdala, on constate, aujourd’hui encore, une abondance de poissons ; elle est due à la rencontre des eaux froides du Jourdain apporté avec les neiges fondues de l’Hermon, et des eaux chaudes que déverse par plusieurs bouches, la source de Capharnaüm.
On dirait même que, dans l’Évangile, une sorte de symbolisme soit lié à la localisation géographique des scènes de la vie de Jésus. Tout ce qui se passe en Galilée est marqué du sceau de la charité, de la mansuétude : le sermon sur la montagne, l’appel aux apôtres, le miracle de Cana, tout cela est placé dans le site de cette belle province, verte et blanche, parsemée de hameaux, où Jésus passa son heureuse enfance. En revanche les dures apostrophes et l’horreur de la Passion, toute cette autre face du diptyque évangélique, reflète la sauvagerie de l’âpre Judée, aux rocs nus, au ciel brûlant, que raidit la fidélité sans tendresse à la Loi. Onze des Apôtres seront Galiléens ; de Judée est vraisemblablement le douzième, le seul, Judas.
Une question reste à poser : telle que nous étudions la géographie palestinienne, nous donne-t-elle une exacte idée de ce qu’était le pays au temps de Jésus ? Certainement oui à quelques détails près… La couleur générale, le dessin du relief, l’allure du climat, et même l’aspect de l’habitat dans le paysage n’ont pas dû changer beaucoup. Il faut cependant tenir compte que des plantes, aujourd’hui coutumières et dessinées par des peintres représentent pour faire « couleur locale »), ont été introduites en Terre Sainte bien après le Christ : le figuier de Barbarie, l’agave, la tomate et le maïs, nourritures usuelles des Palestiniens d’aujourd’hui. Mais, d’autre part, il paraît certain qu’il y a deux mille la végétation était plus riche et verte qu’aujourd’hui. Elle a été abîmée par l’incurie des Turcs, un déboisement l’excessif, la destruction de la terre végétale. Seuls la plaine d’Esdrelon et les alentours de Capharnaüm rappellent ce qu’ils étaient aux jours évangéliques, mais les champs de tournesol et les vergers d’agrumes du moderne Israël ne s’y voyaient. Avec ces réserves, c’est bien le pays d’aujourd’hui qui nous apprend celui d’hier. « On comprend mieux les historiens grecs quand on a vu Athènes... On entend mieux la Sainte Écriture quand on a vu de ses yeux la Judée et contemplé les ruines de ses anciennes cités », disait déjà Jérôme de Stridon .
Par ailleurs d'autres ont écrits sur Jésus, non chrétiens et très rapidement après les évènements relatés... Ces écrits aussi permettent de vérifier les dire des Evangiles...
La figure du Christ peut être décrite avec une exactitude supérieure à celles des personnages historiques, comme Socrate, Bouddha , Mahomet , Alexandre le Grand ou Clovis qui ne sont pas décrits dans leurs environnements. De plus, nous pouvons être plus précis en étudiant le cadre historique et géographique de son temps. L’un et l’autre renseignent, directement ou indirectement, sur Jésus.
La valeur historique des Evangiles
Si, pour écrire l’histoire d’une époque, d’un pays, d’un homme, on dispose de la recherche d’un historien contemporain, il suffit de contrôler l’authenticité de ses dires et l’on pourra le suivre aussi loin que sa méthode et sa documentation l’auront conduit. Dans la plupart des cas, l’histoire moderne ne dispose ni d’un Tacite , ni d’un Thucydide , ni d’un Flavius Josèphe . Pour reconstituer la suite des événements et l’aspect de la civilisation dans l’Égypte du Moyen-Empire ou chez les Hitites , on utilise des documents (textes, objets archéologiques) qui n’avaient pas d’intention historique pour leurs auteurs. Il arrive fréquemment qu’un texte non historique serve précieusement à l’histoire ! La Chanson de Roland, par exemple, renseigne bien sur la féodalité primitive, de même que des récits grecs anciens nous ouvrent des aperçus uniques sur les Aryens d’Achaïe et sur le grand commerce méditerranéen aux environs du 12ème siècle avant notre ère.
Les Evangiles ne sont pas des romans ni des livres d’histoire. Les évangélistes n’ont pas écrit une biographie comme la conçoivent les écrivains modernes, avec le souci scrupuleux des précisions chronologiques ou géographiques. Ils étaient préoccupés de mettre en lumière la valeur spirituelle de la vie de Jésus par un choix de scènes qui portaient avec elles leur enseignement.
Si l’on pense aux conditions dans lesquelles les Evangiles ont été transmis , parmi ces communautés ferventes qui attendaient de cet enseignement une nourriture pour leur foi , on comprend le but poursuivi par les évangélistes peut être différent de celui de Carlyle , de Michelet , plus encore de Lavisse ou de Seignobos . Cela ne veut pas dire que les Evangiles soient des livres de parti, des sortes de pamphlets ou de tracts de propagande ; ils sont comme le disait Justin , « des Mémoires des Apôtres ». Aucune « vie de Jésus », aucun ouvrage de théologien, depuis deux mille ans, n’a jamais retrouvé cette fraîcheur, cette transparente simplicité.
Le lecteur qui les aborde avec les habitudes intellectuelles d’aujourd’hui peut être déconcerté. Sans doute trouve-t-il des précisions qui le plongent en pleine histoire, comme ce début du troisième chapitre où Luc précise que Jean-Baptiste prêcha « la quinzième année du règne de Tibère César , -lorsque Ponce Pilate était gouverneur de la Judée, Hérode tétrarque de la Galilée, son frère Philippe tétrarque de l’Iturée et du territoire de la Trachonite, Lysanias tétrarque de l’Abilène,… » (Lc 3 : 1). D’autre part, le tableau de l’activité de Jésus reste vague. Entre le court passage de l’enfant, âgé de douze ans, dans le temple de Jérusalem, et le début de l’apostolat de l’homme adulte, dix-huit années s’écoulent où nous ne savons rien. A la fin du chapitre 9, Luc présente le Christ prenant « la résolution de se rendre à Jérusalem » (Lc 9 : 51) ; et aussitôt après, il place un récit dont la scène est certainement celle de Béthanie ; en suite, à deux reprises, il semble annoncer un départ pour la ville où l’on n’arrive, en fin de compte, que bien plus tard. Pourtant Luc est le mieux documenté et son Evangile est le plus « construit » des quatre !
La chronologie et la géographie, dont un mot célèbre dit qu’elles sont les béquilles de l’histoire, sont aussi peu explicites ; force est de les compléter. Ce qui peut être pris pour une infidélité littérale des textes évangéliques, comme les écrivains de l’Antiquité en étaient coutumiers, ne sont que des informations complémentaires. Si l’on compare, dans les quatre Evangiles, l’intitulé de la tablette où Pilate fit marquer le titre sous lequel il voulait que Jésus soit exécuté : pas deux rédactions semblables : « Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs » selon Matthieu (Mt 27 : 37) ; « le roi des Juifs » selon Marc (Mc 15 : 26) ; « Celui-ci est le roi des Juifs » selon Luc (Lc 23 : 38) ; et « Jésus de Nazareth, roi des Juifs » selon Jean (Jn 19 : 19). Il s’agit d’informations complémentaires car « l’inscription était en hébreu, en latin et en grec » nous dit l’Evangile de Jean (Jn 19 : 20) :
- Matthieu était un péager (Mt 9 :9) et habitué à travailler avec les romains. Or, la langue utilisée à cette époque dans l’administration romaine était le latin.
- Luc était médecin (Col 4 :14) et habitué à lire le grec lors de ses études de médecine. Il a retranscrit dans son Evangile l’inscription grecque !
- Jean était pêcheur (Mt 4 :21) et sa langue est l’hébreu ou l’araméen. Pour lui, la partie la plus frappante de l’inscription de la croix est celle écrite en hébreu ou en araméen .
Ce qui peut apparaître comme des divergences dans les textes ne doivent pas être des raisons pour suspecter de la valeur historique des évangiles ! Leurs témoignages, confrontés les uns aux autres, permettent de s’approcher de la vérité historique de très près. Du fait même qu’ils proviennent de traditions diverses , nous sommes assurés que là où ils se recoupent, les chances d’exactitude sont très grandes. Souvent, l’hypothèse est émise que leur texte avait dû être modifié, interpolé ultérieurement ; jamais la démonstration n’a pu être faite ; or, une oeuvre aussi diffusée, dont on possède tant de copies anciennes, n’aurait pas pu être truquée sans que cela se révèle aussitôt .
On a parfois opposé à l’Évangile un argument de poids : comme les prophéties de l’Ancien Testament sont souvent citées, certains commentateurs ont soutenu que ces références n’expliquaient pas le récit mais le suggéraient. L’évangéliste aurait cru ou affirmé comme arrivé ce qu’il savait prédit. Cet argument est beaucoup moins fort qu’on ne le pense. S’il est exact que l’Ancien Testament est souvent invoqué en référence, on ne peut croire à une suggestion que dans peu de cas et seulement par des détails . « D’aucun récit, d’aucun épisode de l’histoire évangélique, écrit Pierre Batiffol , on ne peut établir qu’il est la projection mythique d’une prophétie. L’argument prophétique est fait d’un morcelage de petits textes que seul le réel a pu suggérer de rapprocher. » Il faut se méfier d’une certaine critique qui, très exigeante quand il s’agit de prouver la valeur historique de l’Évangile, tire volontiers l’argument par les cheveux s’il paraît défavorable au texte biblique.
La valeur historique de l’Évangile n’est pas en observations portant sur la vie ou les faits qui la confirment, mais autant son analyse, la connaissance de l’intérieur de ces faits. A qui lit les quatre Evangiles sans parti pris, il paraît sûr que le personnage de Jésus est vivant, qu’il « se tient », comme l’on dit en critique littéraire, jusque dans ses apparentes contradictions. La réalité d’un être de chair et de sang est manifeste. Et Alfred Loisy ajoute : « Jésus vivant traite avec des hommes vivants ; le monde que l’on voit s’agiter autour de lui est un monde réel ; les personnages qui s’y dessinent ont le relief de leur existence et de leur caractère individuel, la vie est partout et, avec elle, la vérité de la représentation historique. »
L’authenticité de la figure de Jésus est d’autant plus évidente que, telle qu’elle est dessinée dans l’Évangile, elle se montre contraire à ce que le milieu juif de l’époque concevait. Les concitoyens de Jésus attendaient le Messie glorieux qui replacerait Israël dans sa puissance ; peindre un Messie douloureux, agonisant au Jardin des Oliviers, mourant comme un bandit, c’est aller contre une tradition à laquelle, on le constate à plusieurs reprises, les disciples de Jésus eux-mêmes étaient attachés.
Son enseignement est aussi important. Certains affirment que le christianisme est le résultat du travail patient des disciples du Maître, et de Paul en particulier. Mais la transfiguration, la résurrection, les miracles…, on les trouve déjà dès les témoignages les plus reculés. L’incarnation et la rédemption n’ont pas été inventées par Paul ! Elles se lisent dans les quatre Evangiles, expliquent la naissance de l’Église, cette projection dans la société de la foi vivante des premiers chrétiens. Un christianisme sans le Christ est inconcevable ; comme fait d’histoire et comme témoin, l’Église est un garant du message et de la mission de Jésus-Christ.
La valeur géographique des Evangiles
Il est important de se représenter Jésus dans les paysages qui lui furent familiers :
- Son baptême sur les bords de ce fleuve aux eaux beiges, bordé de lauriers-roses et de tamariniers, qu’est le Jourdain (Mt 3 : 13 à 16, Mc 1 : 9, Lc 3 : 21) ;
- Ses enseignements auprès des foules à partir d’une barque, dans la douceur d’un soir galiléen, tandis que l’Hermon réfléchissait sa neige dans le miroir bleu pur du lac de Génésareth (Mt 13 : 2, 14 : 14, Mc 3 : 9, 6 : 34, Lc 5 : 3) ;
- Sa crucifixion au rebord des fossés de la ville, à deux pas des murailles aux blocs géants, dans l’un de ces lieux d’abandon et de détritus qu’on trouve aux portes des cités orientales (Mt 27 : 33 à 35, Mc 15 : 22 à 25, Jn 19 : 17 et 18) ;
- L’air qu’il respira, le soleil tel qu’il le vit, les écarts de température qu’il subit (Mt 4 : 1) ;
- La blondeur des orges et des blés précoces (Lc 6 :1), et le vert vif des sycomores (Lc 19 : 2 à 5), et l’argent miroitant des figuiers ou des oliviers (Mt 21 : 19, Mc 11 : 14).
Tout ce qui entoura son être physique de cette multiple présence familière qui participe à nos plus secrètes sensations, mérite d’être connu et de trouver sa place dans une description qui se veut véridique.
Le nombre de détails concrets de l’Évangile qui ne disent rien à nos mœurs d’occidentaux est immense… Qu’est l’aneth dont le Christ reprochait aux Pharisiens de donner la dîme, alors qu’ils dédaignaient de plus hautes obligations ? (Mt 23 : 23) Rien d’autre que le fenouil, plante que connaissent les voyageurs d’Orient, non pas le fenouil bulbeux dit de Florence qui se consomme en Italie autour des viandes mais le fenouil amer, officinal, qu’on utilisait pour tisanes diurétiques et dont la valeur était maigre.
Et quand Marie de Magdala verse sur les pieds de Jésus un grand flacon de nard (Jn 12 : 2 à 4), cette précieuse liqueur (Jn 12 : 5) est le suc obtenu en broyant le rhizome d’une plante brunâtre qu’on peut voir au creux des rochers palestiniens , mais qu’il en faut plus de deux cents livres écrasées pour obtenir un seul litre de parfum ? En raison de son coût élevé, le nard était souvent frelaté, voire contrefait. Toutefois, tant Marc (Mc 14 : 3) que Jean (Jn 12 : 3) emploient l’expression « nard authentique ».
Tous ces « détails » qui dessinent la vie de Jésus de façon juste témoignent du bien-fondé de ses discours. Par exemple, lorsque le Christ indique comme signe : « Vous verrez un homme portant de l’eau » (Mc 14 : 13), cela ne nous dit rien, à nous occidentaux. Ce détail signe la vérité juive de l’anecdote car en Judée et en Samarie, c’était tâche des femmes de porter les cruches d’eau. La parole de Jésus était imagée ; elle empruntait à l’expérience journalière de ses auditeurs des observations prises dans la réalité concrète. De même que Paul, prêchant aux Grecs de Corinthe, tire une comparaison des courses du stade (1 Co 9 : 24 et 25), de même, Jésus s’adressant à un petit monde de cultivateurs et de pêcheurs leur parle de moissons, de vignes, de barques, de filets, des brebis et des corbeaux, des loups et des renards. A travers les quatre Evangiles, on aperçoit bien ce cadre que l’on pourrait presque reconstituer la flore de cette région avec ces quatre livres : le blé (Mt 12 : 1, 13 : 25 à 30), l’orge (Jn 6 : 9 à 13), l’acanthe (Jn 19 : 2 à 5), le figuier (Mc 11 : 13, 20 et 21, Lc 13 : 6 et 7, 21 : 29), les raisins (Mt 7 : 16)...
Géographiquement, pour que le Christ se soit tant déplacé, il ne faut pas que ce soit une terre bien vaste. Le voyageur qui arrive au pays d’Israël, habitué à majorer en esprit tout ce qui concerne Jésus, s’étonne autant des courtes distances que de la petitesse des villes. Capharnaüm et Nazareth sont à moins d’une journée de marche ; de Jéricho à Jérusalem, il y a moins de trente kilomètres. Une automobile traverse Israël du nord au sud en une courte journée ; l’avion la survole d’est en ouest en un quart d’heure. Comparable à la surface de la Bretagne, la Belgique ou la Sicile, tel est ce petit territoire du monde que la gloire des continents ne peut pas éclipser.
Le relief est aussi évoqué dans le témoignage évangélique. Sans cesse, il faut monter ou descendre ; la plaine est rare et ne s’étend qu’au bord de la mer. Le pays du Christ, c’est la zone des collines, mêlées, compliquées, moutonnant en vagues ocres et brunes, et soudain s’abaissant par paliers raides, vers le profond fossé, où, rivière paradoxale, le Jourdain s’enfonce en dessous du niveau de la Méditerranée jusqu’aux eaux de la Mer Morte.
Le climat impose aussi sa marque au récit évangélique ! Si la pluie n’était pas si rare en cette région, si l’eau n’était pas une produit d’inestimable prix, aurions-nous eu les belles métaphores de l’eau vive (Jn 4 : 14, 7 : 38), et l’histoire de la femme de Samarie à qui Jésus demanda à boire (Jn 4 : 10 et 11) ? Et si les coups de vent n’atteignaient pas la terrible violence qu’on leur voit encore, lirait-on ces passages de Luc et de Matthieu où l’âme fidèle est comparée à la maison fondée sur le roc contre qui les vents se jettent mais ne tombe pas (Mt 7 : 24 à 27, Lc 6 : 48 et 49) ?
De nombreux détails de l’Évangile ne sont compris que par une étude géographique . Dans le passage auquel il vient d’être fait allusion (Mt 7 : 27), on lit : « La pluie est tombée, les torrents sont venus et les vents ont soufflé... », ceci n’a aucun sens dans les pays humides où les cours d’eau, s’ils grossissent au temps des pluies, ne dépendent pas des averses ; mais, en ce pays c’est compréhensible, car les averses font naître des torrents là où il n’y avait que des lits de cailloux, et les vents accompagnant toujours les pluies. Voici un autre exemple qui, sans prétendre expliquer les miracles des pêches miraculeuses, les replace dans leur cadre naturel. Dans la baie du lac de Génésareth qui s’enfonce entre Aïn-Tabgah et Magdala, on constate, aujourd’hui encore, une abondance de poissons ; elle est due à la rencontre des eaux froides du Jourdain apporté avec les neiges fondues de l’Hermon, et des eaux chaudes que déverse par plusieurs bouches, la source de Capharnaüm.
On dirait même que, dans l’Évangile, une sorte de symbolisme soit lié à la localisation géographique des scènes de la vie de Jésus. Tout ce qui se passe en Galilée est marqué du sceau de la charité, de la mansuétude : le sermon sur la montagne, l’appel aux apôtres, le miracle de Cana, tout cela est placé dans le site de cette belle province, verte et blanche, parsemée de hameaux, où Jésus passa son heureuse enfance. En revanche les dures apostrophes et l’horreur de la Passion, toute cette autre face du diptyque évangélique, reflète la sauvagerie de l’âpre Judée, aux rocs nus, au ciel brûlant, que raidit la fidélité sans tendresse à la Loi. Onze des Apôtres seront Galiléens ; de Judée est vraisemblablement le douzième, le seul, Judas.
Une question reste à poser : telle que nous étudions la géographie palestinienne, nous donne-t-elle une exacte idée de ce qu’était le pays au temps de Jésus ? Certainement oui à quelques détails près… La couleur générale, le dessin du relief, l’allure du climat, et même l’aspect de l’habitat dans le paysage n’ont pas dû changer beaucoup. Il faut cependant tenir compte que des plantes, aujourd’hui coutumières et dessinées par des peintres représentent pour faire « couleur locale »), ont été introduites en Terre Sainte bien après le Christ : le figuier de Barbarie, l’agave, la tomate et le maïs, nourritures usuelles des Palestiniens d’aujourd’hui. Mais, d’autre part, il paraît certain qu’il y a deux mille la végétation était plus riche et verte qu’aujourd’hui. Elle a été abîmée par l’incurie des Turcs, un déboisement l’excessif, la destruction de la terre végétale. Seuls la plaine d’Esdrelon et les alentours de Capharnaüm rappellent ce qu’ils étaient aux jours évangéliques, mais les champs de tournesol et les vergers d’agrumes du moderne Israël ne s’y voyaient. Avec ces réserves, c’est bien le pays d’aujourd’hui qui nous apprend celui d’hier. « On comprend mieux les historiens grecs quand on a vu Athènes... On entend mieux la Sainte Écriture quand on a vu de ses yeux la Judée et contemplé les ruines de ses anciennes cités », disait déjà Jérôme de Stridon .
Par ailleurs d'autres ont écrits sur Jésus, non chrétiens et très rapidement après les évènements relatés... Ces écrits aussi permettent de vérifier les dire des Evangiles...
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Re: Qui est Jésus pour les Juifs ?
Ecrit le 24 janv.10, 08:37Je ne vois vraiment pas le rapport entre ce très long texte et le sujet traité...
Le monde se maintient par trois choses : par la vérité, par la justice et par la concorde. [Avot, I, 18]
Dialogue-Abraham, ce sont un blog et un forum judéo-islamo-chrétiens.
Quant à tous ceux dont la maîtrise écrite du français a tendance à provoquer des hémorragies occulaires...
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Re: Qui est Jésus pour les Juifs ?
Ecrit le 24 janv.10, 09:00Elle majeure et vaccinée elle peut répondre elle meme !Ren' a écrit : Où as-tu vu une chose pareille ? Elle ne fait que constater que Jésus appartient à l'histoire juive mais n'est pas dans leur Ecriture...
Si tu as regardé sur le lien du talmud que tu as posté http://www.come-and-hear.com/talmud/index.html
Il est écrit dans leurs écritures que Jésus pratiquait la sorcellerie !
Il existe un autre livre qui ne parle que de Jésus de maniere negative Teledote Yeshou
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Re: Qui est Jésus pour les Juifs ?
Ecrit le 24 janv.10, 09:31Quand je parle d'Écritures, je parle du Tanakh : Torah, Nevi'im (Prophètes) et Khetouvim (Hagiographes).
Le monde se maintient par trois choses : par la vérité, par la justice et par la concorde. [Avot, I, 18]
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