Bonjour,
Je n'ai pas le courage de lire les 11 pages du fil, mais j'ai bien envie de répondre au post original, donc je me lance.
jusmon de M. & K. a écrit :La première erreur :
Allah n'est comparable avec aucune de ses créatures, pourtant les "pieux" verront sa face... Alors, à quoi donc cette entité peut-elle bien ressembler ? Peut-elle tout simplement exister avec une telle définition ?
C'est l'erreur la plus amusante.
Ce problème est un problème qui se pose à toutes les religions. En effet d'un point de vue "philosophique", Dieu n'existe pas (au sens philosophique du verbe exister) car rien dans la création n'est d'essence divine. D'où le concept de transcendance, qui est pourtant bien connu dans le christianisme, et qu'on a beaucoup appliqué à la rencontre entre Jésus et Saint Paul sur la route de Damas. La transcendance est ce "pont" qui peut s'établir entre le vase clos de la création et l'Infini de l'essence divine.
Alors oui, on peut dire que Dieu n'existe pas, et c'est justement pour cela que personne ne peut voir Dieu de son vivant, je crois aussi bien en islam que dans le christianisme (si je ne me trompe). En revanche, une fois que l'on a quitté ce vase clos qu'est la création et que l'on retourne à son Créateur, plus aucun obstacle ne s'oppose à la vision ultime, qui n'a pas de forme connue dans la création, ni de couleur connue dans la création, ni aucun attribut propre à la création, bref qui n'existe pas dans la Création, mais qui est pourtant la Réalité ultime dès qu'on quitte cette vie (et je précise que je me réfère uniquement à la Création dans laquelle évoluent les vivants).
L'erreur n'est donc pas amusante, car il n'y en a pas.
La seconde erreur :
Allah a besoin seulement que l'on meurt musulman pour nous sauver (la chahada) : le bien et le mal ne sont qu'un détail.
C'est l'erreur la plus crasse.
Il faudrait préciser en quoi cela pourrait être considéré comme une erreur. Certains courants chrétiens ont exactement la même conviction : le simple fait de croire en Jésus permet l'accès direct et sans concession au pardon divin et au paradis... Le concept est exactement le même en islam.
D'autre part, vous semblez ignorer que la shahada est un sauvetage "ultime", dans le sens ou un musulman pécheur passera autant de temps que nécessaire en enfer avant d'être assez pur pour en sortir. Donc le bien et le mal sont au centre de cette idée. Reste à savoir si dans ce sens, le bien et le mal ne sont pas qu'un détail dans le christianisme !
La troisième erreur :
Allah n'a pas besoin de Rédempteur, il "pardonne" sans satisfaire aux exigences de la justice (rendre compatibles miséricorde et châtiment sans que l'un empêche l'autre).
C'est l'erreur la plus grave.
Ici, c'est votre erreur de logique que je trouve grave.
1) Allah ne peut pas pardonner parce que s'il pardonne il ne punit pas.
Ce raisonnement est bancal. Un père peut très bien punir son fils pour ensuite lui pardonner. Un fils dont les fautes sont constamment pardonnées récidivera constamment. Un fils dont les fautes sont sanctionnées d'un coup de ceinture sera dissuadé de recommencer. En effet, la punition a toujours eu des vertus éducatives, qui la rendent complémentaire voire nécessaire en sus du pardon.
2) Or la justice exige la punition ; mais la perfection exige, elle, le pardon (miséricorde). Lorsque l'on fait l'un on ne peut pas faire l'autre.
Là encore, c'est faux.
La justice exige réparation, mais la punition n'est absolument pas nécessaire. On peut très bien réparer sans répliquer le mal, mais au contraire en augmentant le bien. Au lieu de faire du mal au coupable pour rétablir la justice, on peut tout simplement faire du bien à la victime, pour la dédommager de sa souffrance.
Vous parlez d'infantilisme, mais vous vous inscrivez justement dans ce schéma puéril de "panpan-cucul parce que je suis fâché", que vous attribuez à Dieu. Dieu ne punit pas pour rendre justice, la punition est avant tout une forme de purification pour le bien des êtres humains. En islam, toute épreuve infligée à un croyant est un moyen de le purifier et de le rapprocher de son Seigneur.
5) Le seul moyen pour Dieu c'est de faire appel à un Rédempteur, à un Homme capable de recevoir le châtiment pour tous (ou payer la dette pour tous) afin que tous puissent ensuite être pardonnés après repentance.
C'est une idée que je respecte, mais elle participe d'une conception tout à fait différente de l'idée de "punition" telle que perçue en islam. L'erreur que vous percevez ici n'est donc que la vôtre, car vous cherchez à appliquer à l'islam des concepts qui ne sont pas universels, mais propres à la mentalité chrétienne.
La quatrième erreur :
Allah a décrété que Mohamed serait le dernier prophète : Allah a donc décidé de bloquer la progression du genre humain et montre, par là, qu'il ne l'aime pas.
C'est l'erreur la plus destructrice !
Si c'était une erreur destructrice, elle le serait moins que celle consistant à n'accepter que la Parole de Jésus et rejeter celle du Prophète suivant, car si l'islam bloquait la progression de l'homme depuis 1400 ans, alors le christiannisme la bloquerait depuis 2000 ans.
D'autre part, votre argument n'a aucune logique, car rien ne permet de penser que la progression du genre humain se mesure à la cadence de défilement des prophètes sur terre, et rien ne permet de penser que l'absence de progression du genre humain est un signe du manque d'amour de Dieu pour nous. Ne sont-ce pas les Chrétiens qui affectionnent le dicton selon lequel "les voies du Seigneur sont impénétrables". Vouloir déchiffrer Ses volontés est d'un ridicule achevé.
La cinquième erreur :
Allah n'a que faire du libre arbitre de l'homme : il le force à se plier à sa volonté par la terreur de l'enfer-feu et la convoitise de plaisirs charnels illimités dans son "paradis".
C'est l'erreur la plus infantilisante.
C'est peut-être une vision infantilisante, et pourtant regardez autour de vous, combien de musulmans mènent une vie imbue de la plus pure sainteté ? Même la carotte du Paradis et le bâton de l'Enfer ne suffisent à les garder sur le chemin de leur Dieu. Si vous n'y voyez pas là du libre-arbitre, vous êtes aveugle. Vous cherchez à hisser les humains sur un piédestal que bien peu peuvent escalader. Le Coran est infantilisant parce que les humains ne sont que des nourrissons dont une évolution vers l'enfance constituerait déjà un grand pas.