Afin d'aider les frères et soeurs à comprendre ce qu'est le Soufisme pour ne pas qu'ils tombent dans des critiques toutes construites , j'ai décidé d'apporter ma minuscule contribution en me plaçant sous la Protection Divine afin de ne point chuter dans les méandres de l'orgueil. Mon parcours n'a rien d'exceptionnel mais présenté ici il n'a d'autre but que de le partager avec des croyantes et des croyants ainsi qu'avec des agnostiques ou même des athées convaincus , envers lesquels la Porte de la Transcendance peut à tout moment s'ouvrir.
Quant à nous qui prétendons détenir la Foi , à chaque instant nous devrions songer que la Foi n'est pas une propriété et qu'elle est un des dons (al mawahib) accordés par le Très-Miséricordieux. Ainsi le Bien-Aîmé aime t-Il ceux qui < marchent humblement sur terre et adressent le salam aux ignorants...>( Coran ).
J'ai été éduqué dès mon plus jeune âge dans la tradition catholique , de laquelle je conserve à jamais ma gratitude pour m'avoir tout petit appris à aimer Dieu. Ma famille était très pratiquante et toutes nos journées étaient centrées sur les prières et les invocations. Les dimanches nous partions à l'église du village. En semaine mes frères , soeurs et moi-même avions plaisir à nous rendre au cathéchisme et je me souviens des grandes questions qui déjà fusaient en moi mais auxquelles la Soeur professeur ne répondait presque jamais...
Je traversai mon adolescence comme beaucoup d'autres , semée d'incertitudes et d'angoisses tandis que progressivement ma Foi se faisait plus absente. Je trouvai alors les offices dominicaux attristants à tel point que contre l'avis de mes parents , je ne m'y rendis plus.
Les années passèrent et parvenu au seuil de ma majorité que je croyais être alors la véritable entrée dans le monde adulte , un évènement intervint qui allait bouleverser tout le cours de mon existence.
Je ne me souviens pas m'être laissé tenter par les jeunes filles de mon âge ni par les beuveries souvent organisées pour < passer le temps >.
Le temps n'était pas mon ennemi même si son écoulement pouvait m'interpeller...
Je ne puis que me souvenir des longues flâneries passées dans l'immense cathédrale saint-julien du Mans où je résidai alors. Magnifique édifice envers lequel j'avais une profonde admiration contemplative. Passé le portail , je me sentai revêtu d'une sorte de grâce très intense. En son intérieur , je passai d'interminables heures à contempler ses moindres recoins et me laissai mystérieusement appréhender par le désir inconscient d'absolu.
Sitôt sorti de l'enceinte sacrée , je vivais difficilement le < retour au monde> et j'eus toujours d'immenses difficultés à m'y inscrire car je vivais très intensément une profonde soif de transcender les limites imposées par le monde physique.
Un jour je fis la connaissance d'un Maghrébin avec qui allait débuter une certaine amitié. Convié chez lui pour partager à sa table un excellent couscous , nous entreprîmes une discussion portant sur les choses tout à fait ordinaires de l'existence. Discussion qui ne me ravit point car j'avais à coeur d'aller au-delà de celle-ci.
Après le repas je vis mon nouvel ami s'éloigner et dérouler un petit tapis sur lequel il se tint debout puis prosterné. Je regardai cette scène sans mot dire et attendit la fin de cet office pour tenter une compréhension.
Hélas elle ne vint pas car mon ami ne semblait pas disposé à en parler. Au fond de moi je n'en fus pas offensé et pensai qu'après tout cette Foi m'était étrangère car je n'étais pas issu de son aire culturelle...
Nous restâmes fréquemment en relation jusqu'au jour où je fus convié à ma plus grande surprise à l'accompagner au Maghreb afin d'y célébrer son mariage traditionnel.
Je préparai avec enthousiasme mes documents administratifs et quelques jours plus tard...je me retrouvai au Maghreb !
Sitôt accosté nous fûmes accueillis par la grande famille de mon hôte. Les embrassades fusaient de toute part , au point où je dus me résoudre à quitter le groupe...
Autant dire que je n'avais pas habitude à me laisser ainsi enlacer de toute part.
Immédiatement je fus conquis par l'atmosphère régnante en ce pays. J'ignorai alors absolument tout de la Culture dominante , de sa Religion , de ses coutumes. Simplement me laissé-je sous le charme de l'extraordinaire accueil qui me fut si spontanément réservé.
A certaines heures de la journée tout le brouhaha de la vaste maison cessait comme par enchantement. Cette cessation des activités provenait d'un mystérieux appel qui résonnait dans toute la cité. " Dieu est le plus grand..."
Ainsi donc ici en terre d'Islam , Dieu était-il si grand que le temps des hommes pouvait comme s'arrêter et laisser place à une autre dimension...
Que je semblais ridicule en poursuivant ma gloutonnerie des succulents gâteaux tandis que tous autours de moi semblaient tournés vers un ailleurs , bien loin de mes vaines préoccupations culinaires !
Je dus tout de même me résoudre à interrompre le festin , car je ne pouvais passer outre ce Temps au-delà du temps...
Mes amis reprirent leurs activités délaissées quelques instants auparavant comme si rien n'avait changé. Seule une petite vieille égrénait son petit chapelet blanc...
Les jours et les semaines allaient en déroulant aussi leur grains tel un chapelet. Ils semblaient tous être identiques et je constatai assez rapidement que le temps tel que nous autres occidentaux le conçevons semblait ici n'avoir par l'égale saveur. Je dus me résoudre à accepter qu'en notre occident décidemment matérialiste , le temps se dissèque en moultes activités et cohortes de passe-temps tout aussi vaines les unes que les autres.
Durant ces semaines je m'étais rapproché d'un jeune de mon âge et c'est avec lui que je pus enfin perçevoir quelques réponses à mes interrogations sur cette religion. Mais ce jeune hélas ne m'accueillit pas véritablement comme un ami et je souffris en réalité de n'être en définitive au sein de cette famille qu'un étranger.
Cela se ressentit très intensément après les premiers jours faisant suite à notre arrivée. Très souvent ils délaissèrent ma compagnie et jamais je ne participai aux activités familiales et diverses sorties. J'avais une chambre traditionnellement réservée à l'invité. Et j'y passai mes journées...
Entre le jeune de mon âge et moi nous n'avions que peu d'affinités. Tout au plus passions nous une heure par jour en discussions souvent vives sur la religion. Mon approche de la Foi ne semblait pas me permettre de comprendre la sienne et vice et versa. C'était plus un dialogue de sourd qu'une rencontre entre deux croyants et cela m'attristait. Comment donc ne pouvions nous véritablement nous rencontrer alors que ce Dieu auquel nous tendons est Unique? Du moins était-ce ainsi que j'envisageais les choses.
Mon ami semblait ne pas comprendre mon approche au vu de l'éducation qui avait été la mienne durant de longues années. Et moi à vrai dire je ne faisais pas beaucoup d'effort pour tendre vers lui.
Il consentit néanmoins à me prêter un exemplaire du Coran. Avant de m'endormir un soir j'en fis rapidement une lecture tout à fait superfiçielle et sans grand interêt de ma part.
Je m'endormis donc et fus à l'aube subitement reveillé par l'appel à la Prière alors que je ne l'avais pas été jusqu'alors. Comme à son habitude les gens de la maison s'éveillaient et répondaient à cet appel comme aimantés...
Je ne pus me rendormir.
Dans un état intermédiaire entre la veille et le sommeil , une certaine vision s'empara de tout mon être que je ne puis décrire ici tant elle me conçernait trop directement.
Immédiatement j'en parlai avec mon ami qui ne répondit pas.
Je demeurai perpléxe et la journée se déroula pratiquement sans mot dire.
Je fis retour en France et dans les jours qui suivirent mon arrivée il me fut communiqué les coordonnées de la mosquée de la ville. Je m'y rendis et... prononçai l'attestation millénaire.
Ce fut là effectivement la porte intime qui me permit de goûter à cette Foi qu'aucun livre , qu'aucune discussion n'auraient pu entrouvrir.
Je compris alors les raisons des silences de ceux qui outre-mediterranée n'avaient utilisés le langage pour tenter une conversion.
La ilaha illa Llah Muhammadûn Rassouloullah.
Voilà bien la Clef pour toute gustation en profondeur du Message révélé à un certain Muhammad et à travers lui à toute l'Humanité , un peu plus de 600 ans après que le Christ fut élevé vers son Seigneur...
Rapidement je sus accomplir quotidiennement les rites islamiques avec beaucoup d'enthousiasme.
Je m'approchai très facilement des croyants simples dans leur élan et m'écartai volontairement de ceux qui restaient englués dans d'interminables discours théologiques. Je prenais part volontiers aux cours proposés par la mosquée mais jamais je ne pus participer aux débats souvent contradictoires de certains qui prétendaient détenir l'entière vérité.
Un jour que je faisais mes ablutions rituelles , je vis entrer deux "frères" qui semblaient en colère l'un contre l'autre. Je ne compris rien à leurs envolées lyriques mais je dus me résoudre à terminer rapidement mes ablutions car l'un d'entre eux , fou de rage , jeta un énorme coup de poing dans la porte , qui fit un trou non moins énorme.
Jamais je ne me sentis proches des conceptions rigoristes de cet Islam rabaissé à n'être que mental et sentimentaliste.
Je ne pouvais pas conçevoir la Foi comme étant un bloc de béton armé. Aussi je plaignis sincèrement ceux qui tombaient ainsi dans les discours tendancieux au point de s'y enfermer et d'aller jusqu'à jeter l'anathème sur autrui...
Mon second voyage au maghreb s'accomplit l'année suivante et j'y retrouvai la même famille qui m'avait accueillie. Le plus jeune de la famille se trouvait alors plus enclin à l'accueil et je pus enfin goûter aux véritables joies du partage!
Un jour et alors que je participai à la prière en commun dans une mosquée , j'aperçu un homme au premier rang dont l'attitude m'interpella. Il était revêtu d'une ample djellaba immaculée sur laquelle était comme délicatement posée un burnous marron. La tête de l'homme était recouverte d'un turban blanc. Son attitude semblait hiératique. Lui même semblait posé là tel un oiseau venu admirer un paysage. Je n'osai intervenir tant il paraissait plongé dans un ailleurs infiniment plus vaste que celui auquel mon mental m'avait habitué et disons le me tenait prisonnier.
Il dut sentir ma présence puisqu'il leva le visage et d'un sourire que jamais je n'oublierai me convia à prendre place auprès de lui.
Il ne devait être âgé que d'une quarantaine d'années et pourtant je ressentis à ses côtés comme un âge au-delà de tout âge...
Je ne sus mentalement définir mes fortes impressions. Là encore il dut perçevoir mon état car il intervint en disant < Tu es agité et tu cherches le repos...>.
Quelques mots ainsi posés suffirent à me faire prendre conscience que je n'étais pas en présence d'un être tout à fait ordinaire. Ces quelques mots suffirent à eux-mêmes pour soulever l'épais voile qui me tenait prisonnier des vagues émotions et des illusoires pensées d'un mental que j'avais érigé comme nombre de mes contemporains en seul dépositaire de la vérité.
En ce laps de temps très court , c'était comme si cette mer agitée laissait place à l'apaisement le plus total.
Furtivement je délaissai l'espace limité de ce vers quoi mes cinq sens ordinaires avaient accès pour rejoindre un <ailleurs> infiniment plus vaste...
Jamais je n'avais ainsi vécu au-delà du champ limité des cinq sens. J'avais certes foi en un <ailleurs> métaphysique mais j' étais demeuré jusqu'alors prisonnier sans le savoir de la raison qui seule me dictait l'orientation en tout y compris dans ce que je croyais alors être la Foi !!!
Autant dire que toutes mes identifications , mes constructions uniquement érigées par ce mental s'évanouissaient , laissant enfin place à une prise de conscience véritable.
Ce nouvel ami me prit par la main et nous rejoignimes sa maison située juste en face de cette mosquée.
Elle était aussi vivante que toutes les demeures musulmanes avec ses enfants qui jouaient , couraient en tous sens.
Je logeai alors dans un hôtel de la ville. Mon ami apprenant cela m'y conduisit immédiatement , paya ce qu'il me restait à régler à l'hôtel et me ramena chez lui où je demeurai le reste de mon séjour à savoir....3 mois ( validité du visa )!!!
Il était extrêmement discret sur sa vie contemplative que je savais éminemment intense. Jamais il ne mit de mots sur ce qui l'habitait.
Les trois premiers jours il resta avec moi dans la chambre qui me fut proposée. J'avais pour habitude de dormir longuement mais il m'arrivait parfois de me réveiller en pleine nuit et ne parvenant pas à me rendormir , je prenais un livre et je le lisais jusqu'à ce que , de lassitude , mes yeux consentissent à se refermer.
Je voyais alors grâce à l'éclairage d'une bougie mon ami dans l'exacte attitude que celle en laquelle je l'avais rencontré.
Je pus discerner que ses yeux étaient clos tandis que ses lèvres semblaient murmurer un chant imperceptible.
Le lendemain il partait à la banque où il travaillait en tant que cadre supérieur. Lorsqu'il en revenait en fin d'après-midi je tentais de lui demander ce qu'il pouvait donc bien faire assis par terre en pleine nuit. Il souriait sans mot dire.
C'était là son jardin intime.
Les semaines passèrent. Sitôt l'école achevée j'étais heureux de réentendre les cris de joie des enfants dans la vaste cour , mélés à ceux des roucoulements des pigeons sur la terrasse.
Mon ami , lui , restait toujours silencieux sur son univers intérieur...
Un soir et alors que je ne m'y attendais pas du tout , mon ami déchira enfin le silence et me convia à l'accompagner pour une veillée spirituelle en quelque endroit de la ville. Il était tard et je déclinai l'offre en pensant au lit douillet qui m'attendait. Il partit seul non sans avoir prit un morceau de papier sur lequel il griffona l'adresse précise de l'endroit où il se rendait.
Une heure environ après je fus pris de remord pour n'avoir pas répondu favorablement à cette invite et je découvris le petit papier laissé providentiellement sur la table de nuit.
Je sortis dans la nuit mais les rues étaient toujours animées. J'empruntai alors un taxi et lui indiquai l'endroit qu'il semblait connaitre.
Je parvins devant une mosquée qui ressemblait à toutes les autres mosquées.
J'entrai et immédiatement je fus saisi par ce qui se déroulait à l'intérieur.
Des centaines de gens y étaient réunis et je fus saisi par l'impressionnante atmosphère qui y régnait , indescriptible et bouleversante.
Tous étaient revêtus d'admirables vêtements traditionnels comme sortis d'un autre âge. Tandis que je cherchai une place ou m'asseoir , mon regard se porta immédiatement vers le premier rang de l'assistance compacte. Là , adossés au long mur de la mosquée et faisant face à l'assemblée , environ 300 personnes âgées admirables et dont la vision se transforma en contemplation comme s'il s'était agi du plus splendide des paysages.
Ces anciens portaient tous de grandes barbes blanches et étaient rayonnants en leur vêtement traditionnel. J'étais transporté par une Joie indescriptible.
L'assemblée clamait des chants qui sûrent me transporter par leur beauté. Quoique je ne pouvais en comprendre la signification , je sentis tout mon être à l'unisson de tout ce à quoi j'assistais pour la première fois.
Toute saisie rationnelle s'en trouva alors comme reléguée au second plan. Je ne perçevais plus alors de façon compartimentée , analytique mais en totalité. Une réalité dont je n'avais alors aucune connaissance me saisit radicalement et ce fut comme une étreinte amoureuse.
Jamais je ne pourrai - dussé je être aidé par mille plumes - retranscrire ce qui m'advînt alors.
L'assemblée poursuivit son Chant d'Amour jusque tard dans la nuit et après les accolades finales entre les frères , je repris en silence le chemin du retour avec mon ami qui se garda bien de prononcer lui aussi un seul mot qui put briser le Souffle encore vivant de ce à quoi je venais intimement de prendre part.
Le lendemain , seul , je décidai de revenir en ce lieu et accomplit en son sein la prière du dohr , à l'issue de laquelle un homme qui m'avait reconnu me convia à l'étage où il me fut servi un thé succulent.
Sentant bien l'état en lequel j'étais , l'imam à la voix d'une extraordinaire douceur , tenta de dire en mots ce qui fut vécu la veille. Il me parla alors de Dieu comme évidente Origine de la Création et cette Création ayant elle même donnée son fruit : l' Humain.
Il me dit que " Dieu fit la création comme un miroir en lequel Il admire Ses Qualités et que l' Humain parachève admirablement ce Fiat Lux.
L' Homme n'est pleinement homme que lorsque s'irradie en lui ce pour quoi il fut existencié : l' Amour.
L' Amour est l'énergie créatrice et c'est donc de cet Amour que l'humain tire son origine et auquel il est constamment appelé.
Mais celui-ci est oublieux de cette Origine et s'entête à ne conçevoir que sa partie inférieure faite de terre. Il perd alors de vue sa Source Divine.
Les Traditions spirituelles se sont perpétuées au rythme des saisons humaines afin de le reconduire vers cette Source mais peu furent attentifs aux Signes annonciateurs de ce reflux de la vague vers son Océan.
Trop attachés à leur partie inférieure , les hommes , d'oubli , s'éloignèrent de leur Principe et se mirent alors à courir en tous sens.
Le monde moderne est l'aboutissement de cette perspective qui convie l'homme à sa chute.
Néanmoins la Spiritualité continue son flux et interpelle toujours des hommes et des femmes au reflux de leur vague pour faire retour " ici et maintenant " à l'Origine de toutes choses..."
A entendre ses paroles j'en oubliai mon verre de thé et d'un geste très doux il me convia à reprendre un verre de ce nectar succulent.
Je ne pensais pas utile de poser des questions. D'ailleurs à vrai dire elles eurent été sans doute inutiles.
Nous nous séparâmes non sans s'être promis de nous retrouver ici-même.
Ces propos m'interpellèrent et eûrent un écho profond. Mystérieusement il me semblait les connaitre et lors de la seconde entrevue je n'hésitais pas à le dire à l'imam.
Il sourit et me dit que c'est le Souvenir qui est en réalité au coeur de l'humain. Le Chemin spirituel est tout entier dans cet intime Souvenir. Ainsi l'Assemblée à laquelle j'avais assisté était-elle appelée " l'Assemblée des Gens du Souvenir " ( Ahlul Dhikr ). Ce " Souvenir " est suscité en l'Homme par l'Être Aîmé ( Dieu ) pour l'attirer irrésistiblement à Lui , qui est la Source même de ce désir qui l'habite. C'est donc Lui qui en définitive suscite ce mouvement d'attrait de l'âme envers sa Source.
Le Dhikr est ainsi le Rappel présent en l'âme la plus intime de l'Homme pour le reconvier à la Présence.
La Spiritualité soufie devient-elle dès lors l'anticipation vécue de la réintégration de l'Humain en sa Source.
Et c'est toujours ce message essentiel qui fut au coeur de chacune des missions des Envoyés.
Nous sômmes tous issus de la rencontre entre Adam et Eve. Adam est lui même considéré comme le premier Prophète. Nous avons donc tous en nous de cette sève principielle et toute la démarche intérieure consiste à nous en ressouvenir et par ce ressouvenir , de remonter le courant pour comme une rivière se jeter dans l'Océan dont elle est issue.
Le Soufisme est en Islam la Voie Royale d'anticipation de ce merveilleux retour. Coeur vivant de la dernière Tradition révélée ( qui en elle contient toutes les précédentes ) , l'Islam indique à l'Homme et plus encore l'interpelle fortement à envisager toute sa réintégration.
La Spiritualité est au coeur de l'Islam car " Nous avons projeté en Adam de Notre Esprit-mîn Rûhi " ( Coran ) et c'est cette Âme vivante qui anime toute chose.
L' humain décentré perd cette orientation et se perd en d'interminables jeux illusoires nés de son égo qui suscite en lui une autre perspective : l'individualité séparée de son Centre.
C'est là trop souvent le jeu en lequel tombent aussi les religieux qui n'ont pas appris à vivre une spiritualité coulante et vivifiante et qui ont transformés la Religion en vaine idéologie , la ramenant ainsi à leur mental limité.
Le contact avec les Contemplatifs de l' Islam m'a définitivement convaincu que la Religion sans son âme est morte tout comme le coeur se transformant en pierre ne permet plus à l'eau d'en jaillir.
Un homme ou une femme soucieux de vivre la Foi ne pourra la vivre qu'en séparant ce qui est évanescent de ce qui ne pourra jamais l'être.
Comme en une mosquée se trouve la niche indiquant l'orientation de la prière , en l'homme se trouve aussi un intime "lieu" en lequel il peut de nouveau se réorienter et ce "lieu" n'est autre que son Coeur vivifié à l'Esprit.
C'est en ce "lieu" spirituel que l'homme peut comme l'écrivait Pascal " dépasser infiniment l'homme."
Mais il ne doit pas faire de confusion et ériger ce qui est périssable en lui en seule vérité.
Il doit savoir séparer le < bon grain de l'ivraie > afin de ne point faillir à ce qui est attendu de lui ; il doit échapper au courant mensonger qui l'interpelle en une pseudo-religion transformée ici où là en monstrueuse idéologie.
Ce n'est donc qu'en recouvrant sa véritable dimension que l' Homme pourra alors se < connaître lui-même > pour enfin < connaître son Seigneur >.
Fraternellement ,
janvier 2004 paris
à jean, voici un texte que j'avais publié sur mon itinéraire
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à jean, voici un texte que j'avais publié sur mon itinéraire
Ecrit le 09 févr.04, 05:58- Jean
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