Si dieu n’existe pas, et c’est ce que je soutiens, alors oui, il n’y a pas de justification à l’existence de ce monde, pas de justification à notre propre existence, aucune justification non plus à nos souffrances. Puisque nous avons besoin de voir une intention partout où nous regardons, un tel monde nous apparait effectivement comme absurde et intolérable.Bragon a écrit :Pour enchainer, une petite remarque sur cette histoire de l'évolution....intelligente et du monde intelligent.
Il peut y avoir dans le monde ce que nous appelons "intelligence", mais cela n'empêche absolument pas que ce monde tout en étant "intelligent" soit sans raison, sans autre raison d'être que ce qu'il est, sans plus. C'est à dire absurde, "intelligent" au dedans, et stupide globalement, au dehors.
Je suis persuadé que c’est le premier constat que nous faisons tous lorsque nous prenons conscience de notre existence. Un esprit vierge qui lance un premier regard sur le monde qui l’entoure ne perçoit qu’un environnement dénué de justification, aucune raison à sa présence et à ses éventuelles souffrances, pour une issue systématiquement fatale. Ce constat est insupportable, pour qui que ce soit, c’est pourquoi le premier réflexe après une telle prise de conscience est de refouler cette réalité, de s’inventer une raison d’être sous la forme d’un dieu, et de se rassurer à plusieurs en pratiquant des rituels. L’homme se met à croire, sans se rendre compte que pour croire il faut d’abord se crever les yeux.
Alors oui, je soutiens qu’il n’y a aucune justification à l’existence de l’univers, en tout cas aucune que nous soyons capable d’appréhender, et que celui-ci est aveugle à nos souffrances comme à nos joies.
Et pourtant, cela ne veut pas dire que j’accepte ce constat sans réagir, sinon nous n’aurions plus qu’à disparaitre. Je prétends que si dieu n’existe pas, alors l’homme est au centre tout. Nous avons le droit, et même le devoir, de mettre de l’humain dans le monde, de le transformer pour qu’il devienne conforme à nos espérances, même si cela implique de se dresser contre l’ordre naturel des choses (eh oui, je suis ouvertement un promoteur de Babel !). Je prétends qu’il n’y a pas de limite évidente à ce que l’homme pourrait entreprendre, réaliser et devenir dans l’avenir, qu’en tout cas rien n’est écrit ni figé, et que nous avons en nous le potentiel de donner un sens à ce monde, sans qu’il nous soit imposé de l’extérieur. Car au fond, quel sens aurait notre existence si celui-ci ne procédait pas de nous même ? Quel est le sens de l’existence d’une brebis, même guidée par un berger ?
Commençons par voir ce que nous ne voulons pas voir, et alors nous trouverons l’apaisement, la liberté, et le sens émergera naturellement à travers nos actions.
Je reconnais bien là le terrorisme intellectuel de la pensée religieuse, et son efficacitéBragon a écrit :Pour revenir à l'athéisme, personne ne peut dire avec un minimum de certitude ce que deviendrait le monde si Dieu disparaissait. Certes, c'est l'homme qui s'est forgé sa morale, son éthique, et il n'a pas eu besoin des religions pour l'instruire. Mais est-on sûrs que toutes nos valeurs dites profanes sont... profanes, je veux dire est-on sûrs qu'elles ne sont pas soutenues par Dieu, qu'elles ne sont pas indirectement et inconsciemment influencées par un Dieu en filigrane et qu'une fois celui-ci disparu, est-on sûrs que tout ne serait pas chamboulé et que l'homme ne se ravalerait pas au rang de l'animal. Tuer Dieu, c'est ouvrir la boîte de Pandore dont on ne sait ce qui pourrait en sortir... et Dieu pourrait se venger.
Pour ma part, j’estime que si ce monde a besoin d’être soutenu par un dieu pour fonctionner, alors ce dieu ne peut pas se contenter de le soutenir en partie. Soit il le soutient en totalité, et le monde a besoin de lui pour exister à chaque seconde, soit il ne le soutient pas du tout, et le monde cesse alors d’exister.
Cette idée que l’homme ne serait qu’un animal, dont la sagesse lui serait octroyée par le bon vouloir de dieu, est particulièrement avilissante pour l’homme. Ne nous a-t-il d’ailleurs pas créés à son image ? En tout cas, cela n’aurait pas plus de sens que de postuler un monde sans dieu, car alors nous n’aurions aucune raison d’être en dehors de dieu, et partant de là pourquoi nous aurait-il créés puisque tout est déjà en lui ?
Quant au dieu vengeur… De qui pourrait-il bien se venger, si nous sommes des animaux dont les valeurs et la morale ne proviendraient que de lui ? Un tel dieu ne serait-il pas un peu schizophrène sur les bords ?