Le Vatican rend public un argumentaire de combat opposé à la réforme des moeurs
LE MONDE | 01.06.05 | 13h52
Des représentants du Vatican, derrière le cardinal colombien Alfonso Lopez Trujillo, ainsi que les autorités de la conférence des évêques de France (Mgr Jean-Pierre Ricard, président, Mgr André Vingt-Trois, archevêque de Paris, etc.) ont présenté, mercredi 1er juin à Paris, lors d'une conférence de presse au Sénat, le Lexique des termes ambigus et controversés sur la famille et les questions éthiques.
Ce monument de 1 000 pages est une sorte de "catéchisme moral" , qui n'a pas de précédent sous cette forme. Sa rédaction a duré onze ans et réuni soixante-dix experts, théologiens et médecins. Rendu public, il y a un an, en Italie et en Espagne, où il avait fait des vagues, ce document est désormais disponible en français.
Le Lexique entend préciser les positions de l'Eglise sur des questions comme l'avortement, l'homosexualité, le mariage, l'euthanasie, la bioéthique ; répondre à la multitude des contestations soulevées ; dénoncer les "manipulations du langage" qui cherchent à rendre "anodines" des réformes de moeurs, déjà légalisées ou non, qui, pour l'Eglise, remettent en cause l'équilibre de la société. Cet outil qui s'adresse aux gouvernants, aux parlementaires, aux personnels soignants, à tous les spécialistes de bioéthique est marqué par un parti pris de dénonciation des évolutions libérales dans la vie des couples et des individus.
Le projet est né, en 1994, après la Conférence internationale du Caire (Egypte) sur la population. Membre observateur des Nations unies, le Saint-Siège avait alors lutté contre des mesures visant à freiner la croissance démographique. Selon ses représentants, des termes comme "santé reproductive" cachaient, en fait, des encouragements à la contraception et à l'avortement. Depuis, expliquent les rédacteurs du Lexique, une "phraséologie" s'est mise en place dans les médias, les milieux politiques et ceux de la bioéthique, qui banalise ce que Jean Paul II, dans Evangelium vitae (Evangile de la vie, 1995), provoquant des polémiques, avait appelé des "attentats contre la vie".
"On parle d'interruption volontaire de grossesse au lieu d'avortement ; de pilule du lendemain au lieu d'abortif ; d'avortement thérapeutique au lieu d'infanticide ou encore d'aventure extra-matrimoniale au lieu d'adultère", écrivent les auteurs de ce Lexique. Ce qui passait autrefois pour un délit (avortement, euthanasie active, élimination des embryons, etc.) est devenu une revendication de liberté, puis un droit, parfois reconnu par le législateur "sous la pression de mouvements, d'associations, d'idéologies".
C'est la nature même du droit qui est en cause, explique au Monde Tony Anatrella, psychanalyste français et prêtre, consulteur au Vatican sur les questions de famille et de santé, l'un des principaux rédacteurs de cet ouvrage : "Nous passons d'un droit fondé sur des réalités objectives, à une philosophie du droit subjectiviste, individualiste et pragmatique." Autant dire qu'il ne faut pas s'attendre, dans ce document du magistère romain (préparé sous Jean Paul II), au moindre assouplissement.
Avortement. Le "libre choix" est condamné, parce que "s'il vise le bien de la mère, il oublie le droit à vivre de l'enfant". Un article sur les centres de consultation pour femmes enceintes en Allemagne dont l'Eglise, qui y jouait parfois un rôle de dissuasion devant une décision d'avorter, a été contrainte par le Vatican de se retirer stigmatise cette entreprise devenue "une simple voie de passage légale pour obtenir une IVG". Les "avortements médicaux", selon ce Lexique, sont de plus en plus précoces. Le diagnostic prénatal, le conseil génétique "ne s'ouvrent sur aucun geste thérapeutique" et ne peuvent que "désigner l'être à éliminer".
Contraception. Toutes les formes de contraception d'urgence ("pilule du lendemain" ) sont aussi dénoncées comme des atteintes à la vie. La "manipulation du langage" conduit à faire du "préembryon" un simple "amas cellulaire". Or, "l'embryon pré-implantatoire, loin de n'être qu'un ensemble de cellules interchangeables et juxtaposées, est un organisme autonome qui envoie ses messages à l'organisme maternel dès sa conception". La seule contraception autorisée par l'Eglise repose sur des méthodes naturelles (continence, Billings, Ogino).
Euthanasie. Son développement viendrait d'un "lobby international" inspiré par les pratiques de l'Allemagne nazie. Selon le théologien belge Michel Schooyans, le mouvement pro-euthanasie a ressurgi dans les années 1980, utilisant les slogans de la "compassion" , puis de la "mort digne" , plus récemment du "droit à la mort". Il progresse "là où la famille a disparu, où l'on meurt de façon anonyme, à l'hôpital, dans l'indifférence, quand les médecins n'ont pas su calmer la douleur de leur patient et l'accompagner à la mort" . Les auteurs rappellent que l'Eglise a toujours repoussé l'acharnement thérapeutique autant que l'euthanasie.
Couple. c'est dans ce domaine que les glissements de mots auraient les pires conséquences. La famille traditionnelle a fait place à différents types de famille, "monoparentale" ou "recomposée" qui sont, le plus souvent, le fruit d'échecs (divorce, séparation, etc.) créant, chez l'enfant, confusions affectives et troubles de la filiation.
Le document s'érige, en particulier, contre la reconnaissance (légale aux Pays-Bas, en Belgique, en France, en Espagne, dans certains Etats américains) de "différents modèles de nuptialité" ou de "parentalité". Le mariage risque de n'être plus que la reconnaissance d'un sentiment et non plus "un engagement et un lien juridique entre un homme et une femme".
Homosexualité. le Lexique est un ouvrage de riposte à l'"idéologie du genre" , pour qui l'homme devrait être libre de choisir son orientation sexuelle. Tony Anatrella ainsi qu'un autre moraliste français, Xavier Lacroix, affirment qu'"une société ne saurait, sans affaiblir ses propres fondements, mettre sur le même plan homosexualité et hétérosexualité, parenté et parentalité". Pour eux, défendre la "dimension structurante" de la différence des sexes n'a rien à voir avec l'homophobie dont l'Eglise est souvent accusée.
Procréation médicalement assistée. L'hostilité de l'Eglise à la PMA reste fondée sur la défense de l'embryon humain. "La PMA est basée sur une destruction d'embryons, écrit le Lexique. Elles séparent l'union de la procréation, l'amour des époux de la fabrication in vitro d'un enfant. Elles sont causes de grossesses multiples qui amènent le médecin à pratiquer la funeste réduction embryonnaire."
Plus qu'un lexique, ce document est un catalogue de prescriptions dans lesquelles on reconnaîtra le décalage entre le magistère romain et les évolutions de moeurs dans des pays comme l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne, la France ou l'Amérique du Nord.
Henri Tincq
Article paru dans l'édition du 02.06.05
Argumentaire catholique contre le décadence des moeurs
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Argumentaire catholique contre le décadence des moeurs
Ecrit le 01 juin05, 06:26Re: Argumentaire catholique contre le décadence des moeurs
Ecrit le 02 juin05, 10:57[quote="VexillumRegis"]
Le Lexique entend préciser les positions de l'Eglise sur des questions comme l'avortement, l'homosexualité, le mariage, l'euthanasie, la bioéthique ; répondre à la multitude des contestations soulevées ; dénoncer les "manipulations du langage" qui cherchent à rendre "anodines" des réformes de moeurs, déjà légalisées ou non, qui, pour l'Eglise, remettent en cause l'équilibre de la société. Cet outil qui s'adresse aux gouvernants, aux parlementaires, aux personnels soignants, à tous les spécialistes de bioéthique est marqué par un parti pris de dénonciation des évolutions libérales dans la vie des couples et des individus.
[quote]
les "chrétiens" feraient mieux de rechercher les choses d'en haut en non celles d'en d'en bas. Car le royaume se trouve dans le ciel.
Ils feraient mieux aussi de ne pas juger afin de ne pas être jugés non plus (Romains 14:10-11-12-13)
Heureusement que Dieu n'est pas comme certains et qu'il ne juge pas comme certains.
Ne l'associez pas à votre jugement charnel, à vos affaires privées.
Le Lexique entend préciser les positions de l'Eglise sur des questions comme l'avortement, l'homosexualité, le mariage, l'euthanasie, la bioéthique ; répondre à la multitude des contestations soulevées ; dénoncer les "manipulations du langage" qui cherchent à rendre "anodines" des réformes de moeurs, déjà légalisées ou non, qui, pour l'Eglise, remettent en cause l'équilibre de la société. Cet outil qui s'adresse aux gouvernants, aux parlementaires, aux personnels soignants, à tous les spécialistes de bioéthique est marqué par un parti pris de dénonciation des évolutions libérales dans la vie des couples et des individus.
[quote]
les "chrétiens" feraient mieux de rechercher les choses d'en haut en non celles d'en d'en bas. Car le royaume se trouve dans le ciel.
Ils feraient mieux aussi de ne pas juger afin de ne pas être jugés non plus (Romains 14:10-11-12-13)
Heureusement que Dieu n'est pas comme certains et qu'il ne juge pas comme certains.
Ne l'associez pas à votre jugement charnel, à vos affaires privées.
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