Elohim (Dieu en hébreu) est-il un pluriel ou un singulier ?
Le nom Elohim, de l'hébreu אֱלֹהִים ('ēlohîm), est un terme qui signifie généralement « dieu » dans la Bible hébraïque.
Les voyelles du nom « elohim » (e-o-i) sont parfois attribuées au Tétragramme « YHWH » dans le texte massorétique,
moins souvent toutefois que celles (e-o-a) du nom « Adonaï ».
Dans la tradition juive, le choix du nom « Elohim » insiste sur l'idée de puissance de Dieu.
http://fr.wikipedia.org/wiki/ElohimLinguistique.
La terminaison en « -im » d'« Elohim » qui, en hébreu, s'applique à un nom pluriel, a fait l'objet de nombreuses interprétations.
Le nom « Elohim », tout comme « Adonaï » (qui est lui aussi un pluriel), commande toujours un verbe au singulier, à la 3e personne du masculin.
Le groupe est considéré comme une seule unité en action, mais pluriel.
Les traductions de la Septante, puis de la Vulgate, ont rendu par un nom singulier le nom original qui était pluriel.
Ainsi Gn 1. 1 :
« Au commencement, Elohim créa le ciel et la terre »
est-il traduit en latin par :
« In principio creavit Deus [Dieu] cælum et terram ».
Il y a eu modification de la source plurielle.
La théologie traditionnelle considère en outre qu'il s'agit d'un pluriel d'excellence (« pluralis excellentiæ ») plutôt que d'un pluriel numérique.
Or ceci se trouve contredit par le fait que ce pluriel de qualité n'existe pas en grammaire hébraïque.
Il y a donc eu confusion et manipulation.
La pluralité se confirme à plusieurs endroits : Gn 1. 26 :
« Elohim dit : faisons l'homme à notre image, à notre ressemblance… »
Si l'interprétation la plus fréquente dit que le « faisons » et le « notre » tient compte de ce qui suit, à savoir :
une humanité double, mâle et femelle, on ne peut oublier que El, au singulier, est aussi le nom d'une divinité ougaritique faisant partie d'une triade.
Ou encore ici : Gn 3. 22 :
« Elohim dit : Voici que l’homme est devenu comme l’un de nous… »
De nombreuses théories ont été avancées pour expliquer ce pluriel.
La théologie traditionnelle affirme qu'elle ne peut grammaticalement pas venir de « ʾEl » (אֱל : forme au singulier du mot traduit par « Dieu »)
ou de « ʾEloah » (forme utilisée en composition, à morphologie grammaticale féminine).
Elle affirme que la forme serait donc le pluriel d'un nom qui n'existe pas au singulier, en dépit de l'usage attesté de ces singuliers dans la Bible même.
Les textes originels de la Bible ont donc été adaptés pour soutenir le monothéisme.
Le dictionnaire hébreu-anglais Brown-Driver-Briggs signale le singulier « Ela », outre « El » et « Eloah » ou encore « Elyon », avec le commentaire suivant :
« La question est compliquée et les conclusions incertaines.
En effet, quoiqu'on associe traditionnellement chacun de ces mots à la racine « EL » (aleph,
lamed), on n'est pas certain que ces mots aient un rapport avec elle. »
Comme indiqué ci-dessus, la forme de qualité, dite « de majesté » ou « d'excellence »,
et dont on trouve d'autres exemples dans d'anciennes civilisations – phénicienne, éthiopienne, etc. –, est absente de l'hébreu.
Selon l'hypothèse de « la primitivité », le sens d'« Elohim » serait :
« fort en face de » et, plus tard, avec « Eloah » :
« peur, objet de crainte, de révérence », mais aussi :
« chef et seigneur », aperçu sémantique qui revient à la forme syntaxique intensive ou augmentative.
L'interprétation lévinassienne de :
l'« expression de la pluralité des visages de Dieu » est souvent associée à l'observation que
« panim », qui signifie en français « visage », est un pluriel sans singulier.
Le pluriel « Elohim » pourrait témoigner d'une origine polythéiste du monothéisme.
Dans la section Haazinou, avant-dernière du Deutéronome, on trouve la forme « Elohimo », et non « Elohav » comme cela apparaît habituellement,
« comme si Elohim était finalement singulier ».
Quoi qu'il en soit, le radical « ʾel » ou « ʾil » pour désigner le Dieu se retrouve en arabe, dans le nom de Dieu, اللّٰه ʾAllāh.
En araméen, le mot se dit « ʾelah ».
Le radical se retrouve dans d'autres langues sémitiques.
Quand ce sont les dieux païens qui sont désignés,
« ʾElohīm » renvoie bien au pluriel numérique : « dieux » (Ex 20. 3).
Alors : Le Dieu créa les ciels et la terre ou les Dieux créèrent les ciels et la terre ???