J'm'interroge a écrit :Puisque tu trouves cela dommage, je vais poursuivre. Mais pour un temps seulement, car je vais prendre un peu de distance avec les forum.. Je remarque en effet que j'ai laissé en suspens des lectures et recherches passionnantes pour au final perdre mon temps ici à tenter de partager des idées.. Je ne parle pas forcément de toi comprends le bien..
"pas forcément", mais peut-être... Peu importe. Je comprends très bien en tout cas le sentiment d'essayer de remplir un trou sans fond. Question lectures, si je te demandais si tu avais lu le Bobichon, c'est parce que je peux te le passer en pdf, si jamais ça t'intéresse.
J'm'interroge a écrit :Je ne fais pas de distinction entre le concept et la chose générale. Mais pour revenir à ce que je disais plus haut, je ne sais cependant pas en réalité si l'un est bien l'autre, car on pourrait supposer que le concept c'est le mode d'appréhension de l'idée générale et que cette dernière en est distincte. Dans ce cas seulement effectivement, le concept et l'idée générale seraient deux choses distinctes. Mais là tu serais obligé d'accepter mon Monde III qui serait alors l'espace de ces idées (lesquelles reviendraient aux purs intelligibles de Platon.)
il m'apparaît effectivement de plus en plus que ton Monde III est le monde des idées de Platon. Ta distinction entre le concept et l'idée elle-même parlerait seulement, me semble-t-il, des imperfections de la représentation que nous pouvons nous faire du concept ; par exemple un daltonien se représente le vert comme rouge, cas un peu extrême, mais nous avons certainement tous des imperfections à des degrés divers entre l'idée elle-même et la façon dont nous nous la représentons.
J'm'interroge a écrit :Mais ta réponse plus haut semblait pourtant indiquer que le concept n' "existait" que par sa définition.. À la différence de l'idée..
je ne crois pas, non. Je pense que depuis le début le problème venait de ton énoncé parlant du "triangle" avec une minuscule, expression en laquelle je ne pouvais pas comprendre que tu voulais parler du "Triangle" avec une majuscule, ou concept de triangle.
anon a écrit :ben non, je ne pensais pas du tout à un moi extérieur.
Ta question, à deux reprises, a été fermée. D'abord il aurait fallu que je choisisse entre "Nulle part ? Dans ton cerveau ? Dans ton esprit ?" et aucune de ces trois possibilités ne me convient.
J'm'interroge a écrit :Non non, tu aurais pu proposer.. D'ailleurs cette question reste posée.
oui, je sais bien que je n'ai pas répondu à cette question, mais c'est parce que je ne sais pas exactement, notamment comme je l'ai dit et que tu reprends plus bas, j'ai ce sentiment que nos représentations en absence d'un objet sont pourtant liées, en partie, à cet objet "réel" au moment de la représentation. Je développerai ce point sur ta réponse qui conteste cette possibilité.
Concernant tes trois propositions : ce n'est certainement pas "nulle part" et je ne pense pas que ça ne se passe que "dans le cerveau". Quant à l'esprit, c'est un terme qui peut vouloir dire tant de choses...
anon a écrit :Ensuite tu ne me proposais plus que "la totalité des représentations que je me fais de moi" et cette formulation ne me convient pas non plus, bien qu'elle serait plus proche de ce que je puisse accepter, mais il reste le problème dont nous avons déjà discuté que je ne crois pas que nous puissions nous définir comme une simple somme de...
J'm'interroge a écrit :Oui. Rien n'est qu'une somme de.. Il faut aussi et toujours considérer les relations qui existent entre les éléments du tout considéré.
oui, je reste insatisfait, même d'une somme d'éléments et des relations entre ces éléments.
anon a écrit :pour moi une représentation qu'on se fait en l'absence de l'objet "réel" sur lequel elle se base a peut-être pourtant un lien direct avec cet objet tel qu'il est au moment où on se fait la représentation, et non pas seulement tel qu'il était la dernière fois qu'on a été en sa présence.
J'm'interroge a écrit :Je ne le pense pas et ce pour des raisons très fortes que je n'aurai pas le temps de développer ici. C'est ce que l'on appelle le constat qui est corrélé au réel structurel. (Le choix l'est aussi)
Définis "réel" STP, car la "pièce réelle" de l'exemple était selon toi la pièce perçue, tu te rappelles...
non, je n'ai jamais dit que la pièce réelle se réduirait à la seule pièce perçue. Tout ce dont j'ai pu parler c'est de la différence entre la pièce qu'on se représente en son absence, et celle qui est présente et qui se propose à notre observation.
Mais venons-en plutôt au lien entre la représentation faite en absence d'un objet et cet objet lui-même tel que présent, ailleurs, au même moment.
Mon questionnement se base sur une histoire qui m'est arrivée, mais qui arrive certainement à beaucoup d'autres. J'avais fait une fois un rêve où je volais dans une sorte de décor en amphithéâtre de plein-air, avec quelques statues et autres détails. Quelques temps plus tard, je me suis rendu dans une ville que je ne connaissais pas et dans laquelle j'allais passer plusieurs mois qui allaient être très importants pour moi. À un moment, dans le bus qui m'emmenait de la gare à mon rendez-vous, j'ai vu par la fenêtre un jardin public qui était le décor dans lequel j'avais fait mon rêve...
Un rêve est bien sûr un genre de représentation particulier, mais c'est la question que me pose ce rêve-là. Il me semble évident que ce rêve m'a fait prendre contact d'une manière ou d'une autre avec le jardin public qui se trouvait à des centaines de kilomètres de chez moi. Si, dans certaines circonstances, les représentations que nous nous faisons peuvent être ainsi liées si fortement à des objets "réels" non présents, ne faut-il pas envisager que toute représentation l'est aussi, liée, même de manière extrêmement lâche, aux objets de la représentation ?
J'm'interroge a écrit :La pièce réelle est celle mentale que je vois
anon a écrit :et que j'entends, et que je sens, et que je goûte, et que je touche...
J'm'interroge a écrit :Oui donc tout ce qui la constitue n'est que perceptions et représentations..
ben non ! Ce n'est pas que "tout ce qui la constitue n'est que perceptions et représentations". Ceci, c'est tout ce que nous pouvons connaître de sa constitution. Là, j'ai bien l'impression que c'est toi qui confond la carte et le territoire !
J'm'interroge a écrit :Pour moi il y a deux pièces objectives, une d'ordre I et une d'ordre III:
- 1°: celle qui fait la cohérence des perceptions individuelles que nous pouvons en avoir (elle appartient au Monde I) et
et elle peut être beaucoup d'autres choses encore que tout cela (Monde I)
J'm'interroge a écrit :- 2°: celle dont chacun pourra parler objectivement (et qui appartient au Monde III), et dont on pourra donc dire des choses vérifiables est vraies dans le cadre de nos expériences vécues individuelles (Monde II).
ça, c'est effectivement ce qui nous est accessible de la pièce "réelle". C'est une représentation (une "idée" : Monde III), partageable, chacun de nous étant théoriquement susceptible de partager l'entièreté de la représentation, mais généralement n'en partageant qu'une partie selon les aspects auxquels il a fait attention ou non (Monde II).
J'm'interroge a écrit :Saisis-tu enfin l'importance de ces trois bien fichus Mondes ou toujours pas ?
j'espère que je commence à les situer, ces "trois fichus Monde", mais pour en saisir l'importance, non, pas encore.
J'm'interroge a écrit :Ne vois-tu pas que les éléments indépendants de notre volonté sont avant tout dans nos perceptions et représentations ?
il faut distinguer deux choses : la carence fondamentale dans laquelle nous nous trouvons par rapport au "réel" du fait que nous sommes d'une espèce donnée dotée d'outils de perception donnés, et les imperfections individuelles dans les représentations que nous nous faisons, du fait que ces représentations dépendent effectivement de la façon dont nous utilisons ces outils de perception, même si nous avions tous exactement les mêmes.
Nous avons d'une part des différences dans la fiabilité de nos organes des sens (certains ont meilleure vue, ouïe, etc., que d'autres), mais surtout nous avons de grandes différences dans notre utilisation de ces organes, liées par exemple à notre inconscient, nos préférences, habitudes, etc.
J'm'interroge a écrit :Autrement dit : il existe de tels éléments dans nos 'perceptions et représentations', la perception étant toujours un contenu mental (c-est-à-dire déjà un produit très élaboré d'intégrations de données soumises à des schémas de représentations) tout autant qu'il y en aurait (de tels éléments) dans cette réalité à l'origine de nos perceptions (Monde I hypothétique).
je ne saurais dire alors si il y a "tout autant" d'insuffisances dues à des caractéristiques de nos individualités que dues à nos carences fondamentales communes ! Il faudrait d'abord que nous puissions nous faire une idée de l'étendue de ce qui est à jamais hors de notre portée (impossible par définition). D'autre part, si nous arrivons plus ou moins à vivre dans le monde tel que nous nous le représentons, avec toutes les imperfections dans nos représentations individuelles, c'est quand même plutôt sur la base de ce qui n'est pas "faussé" dans ces représentations individuelles.
anon a écrit :La pièce réelle n'est pas celle que je me représente mentalement, et je ne confonds pas la carte et le territoire...
J'm'interroge a écrit :Mais bien sûr que si que tu confonds.. Tu confonds parce que tu t'imagines que les perceptions ne feraient pas partie de la carte, mais du territoire..
mais non, mais non... Les perceptions font bien partie de la carte. Mais une carte ne raconte pas non plus n'importe quoi par rapport au territoire. La carte ne parle pas de tout le territoire, elle n'en est de plus qu'une représentation, mais une représentation d'une partie réelle du territoire. Derrière les représentations que nous nous faisons, il y a une part réelle du monde.
Après, tu peux évidemment estimer que même nos outils de perception et de représentation sont tellement erronés par rapport à la réalité qui est à jamais hors de notre portée, qu'alors toute représentation est irrémédiablement et radicalement inapte à nous rendre compte du réel. En ce cas, je peux admettre la nécessité du Monde III (je dis bien "nécessité" : je n'exclue pas son "utilité" quoi qu'il en soit, mais dans ce cas il devient plus que cela, "indispensable").
J'm'interroge a écrit :Le Monde à l'origine de nos perceptions (le Monde I autrement dit) c'est un fait absolument certain (depuis 1982) : n'est pas une réalité locale, spatiale, physique. C'est une réalité purement structurelle.
je veux bien que le Monde I soit "purement structurel", comme tu dis, mais qu'est-ce que ça change ? Si nous avons réussi à nous en rendre compte, c'est que cette nature "structurelle" est aussi une représentation que nous nous en faisons, non ?
Dieu, pas Dieu, au bout du compte cela revient au même. Dieu est et n'est pas.