LE LIEU UE L’ENFER.
Être dans le lieu n’appartient directement qu’à la quantité corporelle. Les substances spirituelles cependant peuvent avoir un certain contact avec cette quantité, et ainsi par elle se trouver en quelque manière dans le lieu. Les démons et les damnés, avant la résurrection, peuvent donc être dans l’enfer comme dans un lieu.
1° L’enfer est un lieu déterminé. — C’est certissima Ecclesiae doctrine, dit Mazzella, De Deo creante, p. 886; de loi catholique, dit Suarez, De angelis, 1. VIII,
c. XVI, n. 2, p. 1054.
ci.
1. Le fondement de cette affirmation se trouve dans l’Écriture. Il n’y a pas de doute que pour celle-ci le Se’ôl en général était un lieu spécial. Cf. Num., XVI, 31; Job, X, 21, 22, et souvent ailleurs; Ps. XLVIII, 18-20; liv, 16; LXII, 10, etc. Or si le Se’ôl est un lieu, a fortiori la géhenne, celle-ci étant d’ailleurs comme localisée au fond du Se’ôl. Ezech., XXVI, 26; Is., v, 14; XIV, 15; XXIV, 21, 22; Ps. XLVIII, 15. Dans le Nouveau Testament, il suffit de mentionner Matth., XIII, 42, 50; Luc, VIII, 31; XVI, 19, 31; Act., I, 25; Phil., II, 10; II Pet., II, 4; Apoc., IX, 11; XX, 1; v, 3, etc. On peut citer aussi tous les textes qui envoient au feu matériel, donc, occupant un lieu.
2. La tradition catholique est unanime. Il suffit de citer saint Augustin, Retract., II. 24; saint Jean Chrysostome, Homil., XLIX, L, ad papul.; saint Cyrille d’Alexandrie, In Is., 1. I, c. v ; saint Grégaire le Grand, Dial., 1. IV, c. XLIII. Le consentement des théologiens, la croyance ferme des fidèles et de toute l’Église sont manifestes. Cf. Bellarmin, De Christo, 1. IV, c. VIII sq. ;De purgatorio, 1. II, c. VI.
3. La raison naturelle n’a rien à dire ici, car, comme le remarque Suarez, loc, cit., n. 10, p. 1057, cette localisation des supplices des damnés ne dépend que de la libre volonté de Dieu. Il y a cependant des raisons de convenance. Celles de saint Thomas, Sum. theol., IIIae Suppl., q. LXIX, a. 1, sont influencées par la physique ancienne des lieux naturels, au proportionnellement convenables. Celles de Suarez, loc, cit., sont basées sur sa théorie de la création des anges intra mundum, c’est-à-dire sur sa théorie de la présence essentielle des anges en quelque lieu. Une raison plus solide sera tirée de la convenance de la punition par le feu corporel qui évidemment est localisé quelque part.
Et c’est ici un point où la révélation complète la raison. Celle-ci admet des supplices pour les méchants, celle-là ajoute qu’ils seront infligés en un lieu spécial avec du feu horrible : cela frappe davantage les hommes : raison de convenance pour nous.
Ce lieu est unique et identique pour tous les damnés: cela semble tout naturel; c’est la pensée traditionnelle fondée sur la façon de parler de la révélation écrite : une géhenne de feu où les impies sont précipités comme liés en gerbe, l’enfer, la géhenne, le lac de feu, l’abîme, la prison éternelle, etc.
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