Re: Quelques précisions demandées aux croyants
Posté : 30 oct.09, 07:25
Cette illumination-là existe donc car elle fait "ressentir" quelque chose, mais cela reste une illusion dans le sens où les éléments invoqués comme la cause de cette sensation ne collent simplement pas avec ce qui est.Tan a écrit : Sur quoi te bases-tu pour affirmer que ces termes ne renvoient à aucune réalité ?
Ce sont trois termes synonymes, dont j’ai donné la définition dans un autre fil de discussion (Inexistence de dieu : approche épistémologique, p.67).
Si ton opinion est irrévocable, je ne pense pas que tu sois intéressé à en débattre. Si toutefois tu cherches à appréhender la réalité à laquelle renvoient ces termes, c’est avec plaisir que je te recopie ce que j’avais déjà écrit dans l’autre topic :
«l’Être est LA vie éternelle et omniprésente qui existe au-delà des myriades de formes de vie assujetties au cycle de la naissance et de la mort. L’Être n’existe cependant pas seulement au-delà mais aussi au cœur de toute forme ; il constitue l’essence invisible et indestructible la plus profonde. En d’autres termes, l’Être nous est accessible immédiatement et représente notre « moi » le plus profond, notre véritable nature. Mais on NE PEUT PAS chercher à le saisir avec notre « mental », ni le comprendre. Nous pouvons l’appréhender seulement lorsque notre « mental » s’est tu. Lorsque nous sommes Présent, lorsque notre attention est totalement et intensément dans le Présent, nous pouvons sentir l’Être. Mais nous ne pouvons jamais le comprendre mentalement. Retrouver cette présence à l’Être et se maintenir dans cet état de « sensation de réalisation », c’est cela l’illumination.
Par exemple, la première définition que tu fournis: "l’Être est LA vie éternelle et omniprésente qui existe au-delà des myriades de formes de vie assujetties au cycle de la naissance et de la mort" est fortement sujette à la remise en question. Comment définis-tu "vie"? et "éternelle" ? Tu verras qu'en tentant de donner une définition de ces termes qui soit compatible avec la réalité, automatiquement elles ne correspondront pas aux sens que tu voudrais leur donner dans ton approche ésotérique.
Je suis d'accord sur le vide de sens du mot Dieu, vide en raison de l'énorme multiplicité des sens, paradoxalement.Tan a écrit :Le mot « Dieu » s’est vidé de son sens, car on en a abusé pendant des millénaires. Je dis que le terme est galvaudé dans le sens où certaines gens, qui n’ont jamais ne serait-ce qu’entrevu le sacré ni même jamais eu le moindre aperçu de l’infinie vastitude que le mot abrite, recourent à ce terme avec grande conviction, comme s’ils savaient de quoi ils parlent. Ou bien que d’autres personnes le rejettent, comme si elles savaient ce qu’elles nient. Cet abus d’emploi a donné naissance, par l’ego, à d’absurdes croyances, affirmations et illusions du genre « Mon ou notre Dieu est le seul Dieu véritable et votre Dieu est faux » ou encore comme le célèbre énoncé de Nietzsche : « Dieu est mort ».
Le mot « Dieu » est devenu un concept fermé. Dès qu’il est prononcé, une image mentale se crée, qui n’est peut-être plus celle d’un vieux patriarche à la barbe blanche, mais qui reste encore et toujours une représentation mentale de quelqu’un ou de quelque chose qui se trouve en dehors de nous. Qui plus est, inévitablement du genre masculin.
Ni le terme « Dieu », ni « Être », ni quelque autre expression que ce soit ne peut définir ou expliquer l’ineffable réalité qu’abrite le mot en question. Par contre, le mot « Être » a l’avantage d’être un concept ouvert. Il ne réduit pas l’infini invisible à une entité finie et il est impossible de s’en faire une image mentale. Personne ne peut se déclarer être l’unique détenteur de l’Être, car il s’agit de notre essence même et que celle-ci nous est accessible immédiatement sous la forme de la sensation de notre propre présence, de la réalisation de ce « Je suis » qui précède le « Je suis ceci ou cela ». Le pas à franchir entre le terme « Être » et l’expérience d’ « Être » est donc plus petit. »
Par contre, ta notion de concept "fermé" m'étonne. Peux-tu parler de quoi que ce soit sans t'en faire une représentation mentale? Celle-ci ne doit pas forcément être une image en tant que telle (et effectivement, le patriarche barbu est dépassé désormais quoique je reste convaincu qu'à l'époque des écritures, c'était une image très vivante), ni même quelque chose de dicible, mais tout concept est forcément une approche de la réalité, laquelle est manipulée par un ensemble de traits d'objectivation qui forment le concept en question. Un concept qui ne répond pas à cette condition n'est pas un concept tout court, et n'est en fait rien du tout. On parlerait de xnzjken ou de azenmkjnb ou de Dieu (en tant que non-concept) que ça reviendrait au même: on ne peut rien en dire. Toute assertion tombe d'office, comme le dit si bien Vicomte, dans le paradoxe de la montre arrêtée.
Mais il y a quelque chose de vrai lorsque tu dis qu'il est impossible de se faire une représentation mentale (donc, je répète, pas forcément une image) de Dieu. Ce que je crois, c'est que c'est en réalité symptomatique du fait que ce mot ne veut tout simplement rien dire. Les mots, ou plus généralement les concepts, qui renvoient effectivement à quelque chose ont au moins le mérite de faire parvenir à une certaine forme de consensus sémantique parmi ceux qui l'emploient. Je paraphrase Wittgenstein en quelque sorte.
Quel consensus sur Dieu? à part des images dépassées, et d'autres concepts qui, après examen approfondi, se révèlent infructueux (entre autres ceux d'Infini, d'Éternel), si personne ne peut définir Dieu, ce n'est pas parce qu'il ne se définit pas, c'est parce qu'il n'existe pas.