pauline.px a écrit :
Personnellement je crois plutôt en l'inverse :
Une mutation aléatoire pénalisante (ici un gène qui influence durablement une croissance absurde du cou) mais qui survit à l'abri d'une niche écologique.
Dès lors l'évolution n'est plus le succès des plus forts mais le triomphe des handicapés.
C'est l'inadaptation chronique qui est créatrice. C'est la victoire du plus faible qui fait progresser.
Le moteur serait alors l'impuissance.
Mais tout ça n'est plus le néodarwinisme.
Il me semble que la
diversité biologique au sein d'une espèce qui résulte de la taille des populations, de leur isolement relatif, des perturbations de l'environnement et du facteur
temps est au coeur de la théorie dans sa forme actuelle. La «survie du plus fort» n'a jamais été une bonne formulation et votre formule sur le
triomphe des handicapés n'a pas davantage de sens. L'évolution n'est pas une bataille rangée, c'est une constante épreuve d'adaptation au monde. L'acquisition de caractères permettant d'exploiter des ressources de l'environnement pour lesquelles la compétition est moindre suffit me semble-t-il à expliquer l'émergence de formes nouvelles, comme le long cou de la girafe, la vitesse du guépard, les champignons saprophytes etc.
Naturellement, nous observons cela
a posteriori, c'est inévitable, et la théorie de l'évolution n'a pour l'heure (corrigez moi si je me trompe) aucune vocation à la prédictibilité sur l'évolution des espèces naturelles puisque :
- l'échelle de temps de l'évolution est un peu trop large pour l'expérimentation.
- il est très probable que l'un des moteurs et des cribles de la macro-évolution réside dans des évènements imprévisibles qui changent les équilibres des écosystèmes. Donc, par définition, dans la majorité des cas on ne peut pas savoir aujourd'hui quel sera demain le caractère qui confèrera une meilleure performance à l'individu.
Je ne vois pas bien en quoi notre incompréhension actuelle sur les modalités de l'acquisition par la girafe d'un système vasculaire efficace garantissant de bonnes performances "malgré" un cou démesuré, remet en cause le principe de la sélection naturelle (les pré-girafes qui n'avaient pas les bonnes adaptations n'ont pas survécu jusqu'à nous, n'est-ce pas une explication valable ?). Le fait est que les girafes existent aujourd'hui, que les chevaux existent aujourd'hui, et qu'il existe des lignées fossiles qui permettent de voir une transformation progressive (avec plein de chaînons manquants, bien sûr, cela va sans dire, car il y a toujours, nécessairement, des chaînons manquants entre chaque chaînon existant).
En somme, Pauline.px, quel est l'élément (ou LES éléments) de la théorie (ou des théories) que vous remettez en cause ?