Boemboy a écrit :Pour Oropher:
Tu as l'air très cultivé, tu devrais arriver à me comprendre.
D'abord, tu souhaites utiliser un vocabulaire très précis: je n'en dispose pas. Si tu veux qu'on discute il faut t'adapter.
J'ignore si on devient citoyen à 18 ans. Je sais seulement qu'on devient majeur.
On existe au regard de la société des humains en France dès la naissance. On est déclaré officiellement et reconnu par tous ceux qui le souhaitent. Jusqu'à la naissance, l'être humain dont tu parles est un projet de membre de la société.
La loi en France est l'expression de cette société. Elle évolue avec le temps. Pour le moment, tuer un être humain avant sa naissance n'est pas un homicide: on ne tue pas quelqu'un qui n'existe pas encore aux yeux de la loi.
Cette loi peut-être changée et déclarer que détruire volontairement un être humain dès l'origine de son développement est un homicide. Pour le moment on n'en est pas là. C'est seulement le souhait de nombreux chrétiens.
Compte-tenu de la situation actuelle, de la réalité des IVG d'aujourd'hui, je préfère qu'on en reste à l'état actuel, voire à plus de liberté pour la mère. Si elle veut se priver de son enfant elle est la seule concernée.
Pour permettre le dialogue, il faut que les interlocuteurs parlent la même langue. Lorsqu'un des deux doit s'adapter à l'autre, on risque d'entrer dans l'interprétation. Or, l'interprétation découle de ce que l'on comprend. Je confirme qu'on ne devient citoyen qu'à 18 ans (source :
http://www.vie-publique.fr/decouverte-i ... nnete.html). Ce que tu me réponds ne fait pas partie d'un débat, car ce n'est pas un argument. Un argument doit être discutable, ce qui n'est pas le cas quand on se retranche derrière un article de Loi.
Il y a tout de même une grande confusion dans vos propos qui finissent même par se contredire. "Tuer un être humain avant sa naissance n'est pas un homicide, on ne peut pas tuer quelqu'un qui n'existe pas aux yeux de la Loi" est contradictoire et plutôt faux dans l'ensemble. Un homicide, c'est la mort d'un être humain causée par autrui. Un avortement, c'est la mort d'un embryon. Un embryon, c'est un être humain. Donc, l'avortement est un homicide autorisé par la Loi. La Loi peut autoriser des homicides : peine de mort, euthanasie, légitime défense... La loi française, si je ne me trompe pas, autorise l'euthanasie et la légitime défense. Ce sont bien des homicides. Ce mot n'emporte aucune autre idée que "tuer un être humain", sans faire la moindre référence à sa légalité.
La dénégation du caractère homicide de l'avortement par ses partisans est la preuve que moralement, l'avortement est mauvais. Un partisan de l'avortement qui se voudrait cohérent oserait déclarer que l'avortement est un homicide au même titre que les actes que j'ai énoncés plus haut.
Par ailleurs, vous avez tort de dire que l'annulation de la loi sur l'avortement est "seulement le souhait de quelques chrétiens". C'est également le souhait de "quelques juifs", de "quelques musulmans", de "quelques bouddhistes", de "quelques agnostiques" et même de "quelques athées". Et je ne m'avancerais pas beaucoup en postulant que ce "quelques" est à remplacer par "beaucoup de".
Enfin, ma réponse se terminera sur le mot "mère" que vous employez. Il est sentimental, c'est évident. Vous agitez la Loi pour justifier l'avortement, mais vous n'hésitez pas à qualifier la femme qui porte un embryon dans son ventre de "mère". Or, du point de vue de la loi, elle n'est pas la mère puisque cet embryon n'existe pas légalement. Notez également la nuance : l'embryon n'existe pas légalement, mais il existe biologiquement, physiquement, moralement, intellectuellement. Si une femme est dite "mère", c'est qu'elle a un enfant que la loi lui reconnaît. Donc, tuer cet enfant revient à tuer un être humain, partie intégrante de la communauté des êtres humains. Sinon, elle n'est pas mère. Mais alors, qu'est-elle ?
Mais comment voulez-vous que l'on élargisse le droit de la mère ? En repoussant la limite de 12 semaines pour avorter ? Ce ne serait que cohérent. En principe, la Loi devrait autoriser la femme à avorter à n'importe quel moment, y compris juste avant la naissance. On pourrait donc imaginer qu'une femme demande que l'on fasse mourir le bébé à 36 semaines et 6 jours de grossesse. Et vous croyez vraiment que la femme est la seule concernée ? J'en vois au moins deux autres, personnellement : le géniteur et l'enfant. Mais ils ne comptent pas, sans doute... Eh bien non, puisque l'enfant se trouve dans le ventre de la génitrice et que c'est SON ventre. Cet argument est largement discutable, surtout au plan moral. On refuserait en effet à un légataire de conserver tout l'héritage au détriment des autres légataires. Donc, pourquoi ce refus obstiné d'envisager le droit de tous dans le cas de l'avortement ?