Tiens, une guerre où les soldats sont tellement content de s'entre tuer qu'ils se mutilent eux même pour ne pas y aller !
Aucune guerre avant 1914, pas même celle de 100 ans n'a atteint un tel niveau de déshumanisation !
1914, non seulement on a pas fini d'en parler, mais on a pas fini d'en apprendre ses horreurs !
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La brutalité du conflit apparaît dès les premiers mois et la "promenade de santé jusqu'à Berlin" se transforme très vite en un long chemin de croix pour les hommes arrachés à la vie civile. La seule journée du 27 août voit mourir 27 000 soldats français lors de la bataille de Rossignol et l'utilisation massive de l'artillerie déchiquette, écrase et disperse les corps, repoussant encore les frontières de l'horreur.
C'est dans ce contexte de brutalité inédite, qu'un certain nombre de soldats font le choix de se mutiler physiquement pour échapper à la mort.
Le code militaire de la Troisième République ne prévoyait pas le Conseil de Guerre pour les auteurs de "blessures provoquées" qui relevaient des tribunaux de droit commun et étaient envoyés dans des régiments disciplinaires.
Face à l'amplification du phénomène des automutilations, le général Foch requalifie, dès l'été 1914, ces actes "d'abandon de poste en présence de l'ennemi" ou de "refus d'obéissance". La mort sanctionne chacun de ces deux cas ; la plupart des exécutions eurent lieu en 1914-1915 et nombre d'entre-elles au motif de "mutilations volontaires".
Les médecins militaires sont alors mis à contribution pour examiner les blessures et débusquer l'acte volontaire. À l'été 1914, le gouvernement se décharge du pouvoir judiciaire sur l'Armée et le Ministre de la Guerre ; Alexandre Millerand confère à Joffre un pouvoir quasi dictatorial dans toute la zone des combats.
À la demande du généralissime, sont institués par décret du 6 septembre 1914, des Conseils de Guerre Spéciaux dont les sentences sont sans appel et exécutées sans délai. Dès lors, on voit fleurir nombre de certificats convoquant les témoins directs susceptibles d'éviter au soldat l'engrenage d'une justice militaire expéditive en cas de blessure "suspecte", à l'instar du document présenté ci-contre et concernant le soldat Guillaume Beuzit.
La question de la qualification de la blessure de guerre va hanter l'ensemble du conflit. À mesure que la guerre s'éternise, il s'agira moins de mâter la troupe pour lui faire accepter l'inacceptable que de gérer le flot des réformés et contenir le nombre de pensions militaires d'invalidité.
La procédure en vigueur au début de la guerre qui repose sur l'équipe médicale du régiment, s'avère totalement inadaptée à l'hécatombe du conflit. Pour y remédier, le sous-secrétaire d'État au service de santé, Justin Godard, entreprend en 1915, une refonte complète du système. Bientôt, sont créés dans chaque région militaire, quatre Centres Spéciaux de Réforme (CSR) et 120 médecins sont formés pour aller encadrer ces organismes.
Dès lors, les régiments diligentent de petites enquêtes avec témoignages à l'endroit des Commissions Spéciales de Convalescence et de Réforme qui statuent, au sein des CSR, sur le devenir du blessé en tant que soldat.
Le document ci-contre, extrait du registre matricule du soldat Jean-Louis Pennanéach, révèle la richesse de ces archives souvent loquaces que l'on retrouve plus ordinairement dans le fonds 1914-1918 du Service des Archives Médicales et Hospitalières des Armées (S.A.M.H.A.) conservé à Limoges.