Si tu crois en la parole de YHWH, donc en Jésus Christ, tu fais partie de ces dieux.MonstreLePuissant a écrit : Ca fait trois fois Eowyn que je te réponds qu'il ne s'agit pas de moi. Qu'est ce que tu ne comprends pas dans cette phrase ? Cette parole de l'Ecriture ne m'a pas été adressée, je ne vois pas pourquoi je la prendrais pour moi et que je me prendrais pour un dieu.
Les dieux dont parle Jésus et le psaume, sont ceux qui reçoivent la Parole de Dieu. L’homme est divinisé par la Parole et donc par Dieu Lui-même. Cette Parole, donc le Christ, unit Celui qui la proclame et celui qui la reçoit dans une même atmosphère divine. L’homme, touché par la Parole, participe aussi au Divin.
Alors, si ceux qui reçoivent la Parole, sont appelés dieux, Jésus le premier peut l’être, évidemment puisqu'Il est le Fils de Dieu et Dieu Lui-même, "le Père et moi sommes un".
Dans le psaume, tout bon juif est fils de Dieu. C’est pour cela que les prières juives et chrétiennes par la suite commencent par “Notre Père”.
Comment les interlocuteurs de Jésus pourraient-ils être des Dieux ? Celui-ci s’explique en rajoutant une phrase : « Il arrive donc à la Loi d’appeler Dieux ceux auxquels la Parole de Dieu fut adressée. » L’évangéliste Jean nous introduit ici dans sa conception du Logos : la sagesse de Dieu, en pénétrant les hommes, les fait participer à la divinité. Comme dit le prologue, ceux qui ont reçu le Logos, la Parole (on pourrait traduire aussi la sagesse) sont nés de Dieu. Rassemblés dans le Logos, il n’y a plus de distance entre la Parole et la personne qui la porte ; les deux sont divines.
Cette idée a été déclinée par les Pères grecs, qui s’appuyaient aussi sur le début de la Genèse précisant que Dieu créa l’homme et la femme à son image. Elle se résume dans cette phrase célèbre : « Dieu est devenu homme pour que l’homme devienne Dieu. » Ainsi Grégoire de Nysse écrivait : « L’homme est un petit Dieu en puissance. » Et Basile de Césarée : « L’homme est un animal appelé à devenir Dieu. »
L’Église orthodoxe a conservé, au centre de sa théologie, cette « déification de l’homme » dont le Christ est pour elle l’origine et le modèle.
Nous retirons de tout cela l’impression d’une limite un peu floue entre l’humain et le divin. Ce n’est pas vraiment grave. Car de toute façon, nous ne savons pas ce qu’est Dieu et nous ne savons pas ce qu’est l’homme. Mais le Jésus johannique, en parlant à plusieurs reprises de ses œuvres, développe l’argumentation dans une direction assez précise que nous pouvons résumer ainsi : croyez en ce que vous voulez, du point de vue de mon statut de Dieu ou de fils de Dieu, mais croyez surtout en mes œuvres, en tout ce que je fais pour les hommes. Et il conclut : « Ainsi vous connaîtrez de mieux en mieux que le Père est en moi, comme je suis dans le Père. » C’est donc ce que font les hommes pour le salut de leurs frères qui rapproche leur statut de celui de Dieu, parce qu’ils deviennent co-ouvriers de Dieu, comme disait Calvin. Et Albert Schweitzer situait Dieu dans le besoin de sauver l’homme. Si nous sommes pris par ce besoin, nous sommes de Dieu. Il nous reste à travailler pour le satisfaire, comme Jésus s’y est engagé complètement, jusqu’à être fait Dieu.
Aussi je voudrais terminer cette longue suite de citations par celle d’un philosophe russe du XIXe siècle, Vladimir Soloviev : « L’homme est le libre collaborateur de Dieu pour que le Dieu-homme devienne Dieu-humanité. »