dis Baha'u'llah
Quant à son fils, Abdulbaha, au sujet de la croissance il dis:
Croissance des êtres et développement de l'espèce humaine
(4.4.1)
Question. - Que dites-vous de l'opinion de certains philosophes européens sur la croissance et le développement des êtres ? Réponse. - Nous avons parlé de cette question l'autre jour, mais nous allons en parler de nouveau. Le résumé de cette question se réduit à savoir si les espèces sont originelles ou non. L'espèce humaine a-t-elle été établie dès l'origine, ou bien est-elle sortie ensuite de l'espèce animale ?
(4.4.2)
Certains philosophes européens admettent qu'il y a, pour l'espèce, une croissance et un progrès, et que même la transformation et le changement sont possibles.
(4.4.3)
Parmi les preuves qu'ils apportent à l'appui de cette théorie, ils disent que l'étude attentive de la géologie nous montre clairement que les végétaux sont plus anciens que les animaux, et que les animaux existent depuis plus longtemps que l'homme; et ils admettent que les races végétale et animale ont toutes deux changé car, dans certaines couches géologiques, on a découvert des végétaux qui existaient autrefois et qui maintenant ont disparu, c'est-à-dire qu'ils ont progressé et sont devenus plus forts; leur forme et leur apparence ont changé. Ainsi l'espèce s'est transformée.
(4.4.4)
De même, dans les couches de la terre, il y a des espèces d'animaux qui ont changé et se sont transformées. Par exemple le serpent : il y a en lui des parties rudimentaires qui prouvent qu'il y eut un temps où il avait des pattes; dans la suite des temps, ces membres tombèrent, mais leur vestige subsista.
(4.4.5)
Pareillement, dans la colonne vertébrale de l'homme, il y a la trace et la preuve qu'autre fois, comme les autres animaux, il avait une queue, et l'on croit que sa trace a subsisté. Il y eut un temps où ce membre était utile; mais lorsque l'homme se développa, il n'eut plus d'utilité et il disparut peu à peu.
(4.4.6)
Quant au serpent, qui se réfugiait sous terre et devenait ait un animal rampant, il n'eut plus besoin de pattes. Aussi, elles disparurent, mais leur vestige subsista.
(4.4.7)
L'argument principal, c'est que ces parties atrophiées d'un membre conduisent à ce membre et que, comme aujourd'hui il ne sert plus, il a peu à peu disparu; maintenant ces rudiments ne servent plus à rien et n'ont pas de raison d'être. Tandis que les membres parfaits et utiles ont subsisté, ceux qui n'étaient pas utiles ont peu à peu disparu dans les modifications de l'espèce, et la trace seule en a subsisté.
(4.4.8)
La réponse, c'est que, premièrement, le fait que l'animal a précédé l'homme n'est pas une preuve du progrès, du changement, de la modification de l'espèce qui serait venue du monde animal au monde humain. Car, dès que l'on admet l'existence contingente de ces différents êtres, rien n'empêche que l'homme ait existé plus tard que l'animal.
(4.4.9)
Ainsi, lorsque nous examinons le règne végétal, nous voyons que les fruits des différents arbres ne viennent pas tous à la fois; au contraire, le uns viennent d'abord, les autres après. Cette antériorité ne prouve pas que le fruit tard venu de cet arbre provienne du fruit antérieur de l'autre arbre.
(4.4.10)
deuxièmement, ces faibles vestiges et ces rudiments ont peut-être une grande raison d'être que l'intelligence ne comprend pas encore. Combien y a-t-il de choses dans le monde, dont nous ne connaissons pas encore la raison! Ainsi la physiologie, c'est-à-dire la science de la composition des membres, nous enseigne qu'on ne connaît pas encore la raison et la cause des différentes couleurs des animaux, des cheveux de l'homme, de la rougeur de ses lèvres, de la variété de couleur des oiseaux; tout cela est secret et caché.
(4.4.11)
On sait que la pupille de l'oeil est noire pour attirer la lumière du soleil, car si elle était d'une autre couleur, c'est-à-dire comme le reste de l'oeil, ou blanche, elle n'attirerait pas la lumière du soleil.
(4.4.12)
Donc, comme la raison d'être de ces différentes choses est inconnue, on peut admettre que la raison d'être et la cause de ces membres atrophiés, soit chez l'animal, soit chez l'homme, demeurent également inconnues. Certainement la raison existe, mais nous ne la connaissons pas.
(4.4.13)
Troisièmement, supposons qu'il fut un temps où certains animaux, voire l'homme, possédaient des membres qui ont aujourd'hui disparu, cela ne constitue pas une preuve pertinente du changement et de l'évolution de l'espèce. Car l'homme, du début de la période embryonnaire, jusqu'au stade de sa maturité, traverse des formes et des aspects différents; son apparence, sa forme, son aspect, sa couleur changent; c'est-à-dire qu'il passe d'une forme à une autre, d'un aspect à un autre.
(4.4.14)
Néanmoins, depuis le début de la période embryonnaire, il appartient à l'espèce humaine, c'est-à-dire qu'il est un embryon d'homme et non d'animal; mais cela était caché et ne devient apparent et visible qu'ensuite.
(4.4.15)
Par exemple, supposons qu'il y eut un temps où l'homme ressemblait à l'animal, et que maintenant il ait progressé et changé; en supposant cela, il n'en résulterait pas que l'espèce eût changé; non, ce serait comme le changement et la modification de l'embryon humain, jusqu'à ce qu'il parvienne au stade de la raison et de la perfection, ainsi que nous l'avons vu.
(4.4.16)
Parlons plus clairement : supposons qu'autrefois l'homme marchait sur quatre pattes, ou bien avait une queue; ces modifications et ces changements sont comme ceux du foetus; malgré les changements qui se produisent de tous côtés dans le sein de la mère, malgré sa croissance et son progrès jusqu'à ce qu'il parvienne à cette forme complète, depuis le commencement, c'est une espèce spéciale.
(4.4.17)
Regardons également dans le règne végétal; les espèces originelles des familles ne changent ni ne se modifient; mais la forme, la couleur, la dimension changent et se modifient; en d'autres termes, le progrès lui-même se produit.
(4.4.18)
En résumé, de même que l'homme, dans le sein de sa mère, a passé d'une forme à une autre, d'un état à un autre, a changé et évolué, et néanmoins, depuis le commencement de la période embryonnaire, a toujours appartenu à l'espèce humaine, de même, l'homme, depuis le commencement de l'existence dans le sein du monde, a appartenu à l'espèce supérieure, l'humanité, et il a passé peu à peu d'un état à un autre.
(4.4.19)
Donc, ce changement d'état, cette évolution des membres, cette croissance et ce développement n'empêchent pas l'espèce d'être originelle. Tout cela, en admettant la réalité de la croissance et de l'évolution. [nota : c'est-à-dire, en admettant par exemple que l'homme ait autrefois été un quadrupède, ou ait eu une queue]
(4.4.20)
Mais l'homme, depuis le commencement, existait dans cette forme et cette composition parfaites, il avait l'aptitude et la capacité d'acquérir les perfections matérielles et spirituelles, et il était la manifestation de « Nous ferons l'homme à notre image et à notre ressemblance ». [voir : Genèse 1.26]
(4.4.21)
Tout ce qu'on peut dire, c'est qu'il est devenu meilleur, plus délicat, plus beau, et que la civilisation l'a ait sortir de l'état sauvage. De même, les fruits sauvages, cultivés par les soins d'un jardinier, deviennent plus beaux et plus sucrés et acquièrent plus de fraîcheur et de douceur.
(4.4.22)
Les jardiniers de l'humanité sont les prophètes de Dieu.