Bonjour Vieux Chat
Vieux chat a écrit : ↑23 juil.19, 21:00
Je commence par une précision personnelle tout-à-fait hors sujet. Mon activité professionnelle, ma famille, mes chats et d'autres nécessités quotidiennes me laissent peu de temps pour répondre à tes messages, qui sont trop étoffés pour que je puisse y répondre en 5 minutes. Je veux dire par là que si il s'écoule un certain nombre de jours avant que je poste une réponse, cela ne ne signifie pas que je ne veux pas te répondre, mais seulement que je n'ai pas eu la disponibilité de le faire.
Oui, je comprends. J'ai un plus de temps en ce moment, je suis en vacances. Prends tout ton temps, je te lirai. Je sais que ce genre de discussions requièrent des efforts et du temps. Sache que je reconnais ton sérieux et l'apprécie dans tes réponses.
Vieux chat a écrit : ↑23 juil.19, 21:00
forme de pensée non langagière
le langage contribue à la pensée conceptuelle
On se fait une idée-représentation, c'est une notion.
Je ne nie pas l'intérêt que peut avoir cette classification des sortes d'activité cérébrale pour des raisonnements, mais elle ne change rien au fait que sans cerveau il n'y a pas d'activité cérébrale.
L'intérêt de distinguer notions et concepts comme je le fais est capital pour saisir la différence qu'il y a entre une pensée par associations d'idées-représentations (pensée notionnelle) et une pensée intellectuelle (discursive, dialectique, formelle, abstraite, conceptuelle).
L'intérêt majeur de cette distinction entre ces deux formes de pensée c'est de comprendre que du fait que la pensée discursive repose entièrement sur le langage, cette dernière est entièrement formalisable à travers lui, alors que l'autre forme de pensée, la pensée notionnelle ne l'est pas.
Cette distinction me permet également de soutenir qu'il n'y a de signification possible est de cohérence dialectique que dans un discours reposant sur une pensée discursive (abstraite par conséquent), et donc qu'il est vain de chercher une signification dans un discours qui ne repose que sur des notions, c'est-à-dire des associations d'idées-représentations toujours vagues et propres à chacun.
La signification n'est que dans la cohérence dialectique des termes et des définitions de termes connectés logiquement. En effet, je l'ai déjà expliqué, une définition conceptuelle dans une dialectique conceptuelle est toujours par définition une définition en compréhension (voir ce que cela signifie, il y a énormément de choses sur le net à ce sujet, qui disent à peu près toujours ce que j'en dis moi même.)
Certes, cela ne change rien au fait que sans cerveau il n'y a pas d'activité cérébrale, bien sûr, mais ça ce n'est pas remis en question.
Vieux chat a écrit : ↑23 juil.19, 21:00
Je voulais y revenir plus loin. J'ai commencé à répondre point par point à ton dernier post qui en contient beaucoup, et alors je me suis rendu compte que notre échange d'idées est absurdement stérile tant que ta définition de la réalité en soi n'est pas parfaitement claire et explicite.
Tu écris:
La réalité en soi ce n'est pas mon concept.
D'accord. Et tu la définis ainsi:
C'est ce qui désigne très généralement ce qui existe fondamentalement, indépendamment de la perception-représentation-connaissance qu'on en a.
Bien. En me conformant strictement à cette définition, dire que la réalité en soi existe
indépendamment de la perception-représentation-connaissance qu'on en a, cela signifie qu'elle existe, a existé et existera de toutes façons, qu'elle soit perçue ou non.
Oui, et même c'est un point tout aussi important qu'il ne faut pas oublier : celui qu'elle est dite exister indépendamment de toute formalisation-compréhension qui en est faite à partir de l'observation-mesure et par conséquent que la réalité en soi ne peut jamais être connue autrement que par des isomorphismes supposés, les objets des sciences aussi objectifs qu'il puissent être n'étant jamais des objets en soi mais des concepts. (Voir la définition mathématique d'isomorphismes)
Vieux chat a écrit : ↑23 juil.19, 21:00
Cela ne signifie pas qu'elle serait sans rapport avec nos
perception-représentation-connaissance. Cela ne signifie pas non plus que les
perception-représentation-connaissance que nous avons de la matière peuvent être assimilée telles quelles à la réalité en soi, puisque que par définition l
a perception-représentation-connaissance est connue, tandis que la réalité en soi ne l'est pas.
C'est vrai également pour les objets des théories scientifiques lesquels sont conceptuels. Point important et même capital à ne pas omettre, voir juste ce que je viens de répondre juste au-dessus.
Vieux chat a écrit : ↑23 juil.19, 21:00
Tout ce que nous que nous pouvons dire, c'est que notre notre connaissance de la réalité est imparfaite. Le concept de réalité en soi est superflu, c'est juste un concept métaphysique inutile pour désigner l'ensemble "partie de réalité inconnue + la partie de réalité connue".
Concept inutile parce que dire que nous ne connaissons qu'une partie de la réalité est déjà très clair.
Je pense tout le contraire, le point étant que nous ne connaissons pas objectivement la réalité en soi mais uniquement des formalisations théoriques tirées de notre expérience-mesure, pas la réalité en soi donc, jamais comme objet scientifique en tout cas. Le réalisme scientifique consiste simplement en la supposition qu'il y a isomorphisme entre ce que l'on formule à partir de nos observations-mesures et la réalité en soi comme définie.
Le concept de réalité en soi comme défini, n'est donc pas du tout superflu, c'est sur lui que repose le réalisme scientifique.
Si l'on le rejette, l'on doit rejeter la seule position réaliste compatible avec la science.
Vieux chat a écrit : ↑23 juil.19, 21:00
Ce qui m'amène à répondre:
La matière est bien une réalité objective physique
Jusqu'ici nous sommes d'accord.
en tant qu'elle est un objet de cette science, autrement dit : un objet de connaissance
Pas d'accord. La matière est bien la réalité objective physique, pas en tant qu'objet de connaissance, mais en tant que matière existant fondamentalement, indépendamment de la perception-représentation-connaissance qu'on en a.
C'est là l'erreur des réalismes naïfs. L'objet matière n'existe pas en soi. Il y a confusion entre objectivité scientifique et réalité en soi.
Je sais, ce n'est pas évident. C'est même assez difficilement compréhensible, pourtant nous en sommes à ce constat : il n'y a pas de propriétés cachées (c'est-à-dire : en soi) locales.
La matière n'existe objectivement que dans nos théories-observations-mesures.
En science : l'objectivité d'une chose c'est la scientificité d'un énoncé-formulation. On peut supposer un isomorphisme, par contre il est impossible de supposer une identité. Il n'y a pas d'objectivité en soi.
La réalité en soi ne peut donc pas être posée comme tu le fais, c'est-à-dire comme : "partie de réalité inconnue + la partie de réalité connue"
Vieux chat a écrit : ↑23 juil.19, 21:00
toi tu dis que cette réalité en soi est identique à ce que l'on en formule dans les sciences physiques,
Non, je dis pas ça. Je dis que la réalité constatée et comprise (peut-être dans certains cas mal comprise) par les sciences physiques est une partie (dans une proportion indéfinissable) de la réalité en soi.
Bien c'est une erreur, ce que nous comprenons par nos formalismes scientifiques ce n'est pas une "partie" de la réalité en soi. Jamais.
Vieux chat a écrit : ↑23 juil.19, 21:00
Il n'y a pas deux réalités.
Il n'y a pas deux réalités en soi non. Mais il y a bien la réalité objective et la réalité en soi. En effet,
ce dont on parle quand on parle de faits objectifs, ce n'est pas
ce dont on parle quand on parle de réalité en soi. En science en tout cas.
Vieux chat a écrit : ↑23 juil.19, 21:00
La réalité en soi est un concept exprimant la connaissance fondamentale, absolue et totale de la seule réalité qui existe, et qui existe indépendamment de la
perception-représentation-connaissance qu'on en a. C'est un concept compréhensible mais théorique puisqu'il est tout-à fait clair que personne ne sait tout et même en fusionnant toutes les connaissances acquises dans les divers domaines on n'arrivera probablement à ne la connaître qu'en partie.
Tu dis ça, par ce que tu supposes à tort que la réalité en soi c'est la "partie de réalité inconnue + la partie de réalité connue".
Une connaissance objective, surtout en épistémologie et science ce n'est pas une réalité en soi. Rappelles toi de ma définition "de réalité en soi" que tu avais acceptée :
C'est ce qui désigne très généralement ce qui existe fondamentalement, indépendamment de la perception-représentation-connaissance qu'on en a.
J'ai mis en gros. C'est pour cette raison, que si l'on reconnaît cette définition d'une réalité en soi, celle-ci ne peut être que métaphysique.
Or, poser qu'une connaissance objective est une réalité en soi, c'est une position métaphysique aussi, mais
naïve et
incompatible avec l'épistémologie et science moderne pour les raisons déjà dites à de multiples reprises.
Vieux chat a écrit : ↑23 juil.19, 21:00
Ton interprétation de la réalité en soi est liée à ta compréhension du mot "existence", elle-même liée à ceci:
Pour moi, parler de réalités autrement qu'en rapport au langage qui permet d'en parler n'a AUCUNE signification.
Comme on ne peut pas parler sans langage, la réalité dont on parle a forcément un rapport avec le langage, donc peut-on en déduire qu'elle n'existe pas puisqu'elle n'a aucune signification?
Je ne comprends comment tu en arrives à dire ça.
Ce qu'on doit en inférer c'est que parler de réalités dans le langage, n'a de signification que dans et par le langage. Il y a d'évidence des réalités qui n'ont aucune signification et par conséquent qui ne sont pas langagières. Mais dire cela c'est encore dans le langage. Le point c'est donc que dès qu'on en parle de réalités il faut être cohérent, sans quoi l'on en dira des nécessairement des absurdités.
C'est ça que je dis et rien d'autre.
Vieux chat a écrit : ↑23 juil.19, 21:00
Donc avant de continuer il faut d'abord que tu précises quel rapport tu vois entre
perception-représentation-connaissance et réalité en soi:
- aucun rapport entre l'une et l'autre?
J'ai répondu à cette question : il y a un rapport isomorphique que l'on peut supposer.
Voir à ce sujet l'excellente vidéo de Monsieur Phi sur le réalisme scientifique :
La montre d'Einstein : sur le RÉALISME en sciences
Vieux chat a écrit : ↑23 juil.19, 21:00
- nécessité d'une réalité en soi pour un objet ou un phénomène donné pour que nous ayons une la perception-représentation-connaissance relative à celui-ci?
Oui, bien sûr. La réalité en soi c'est ce qui explique les cognitions, la possibilité de mesure, la causalité et la possibilité même d'une connaissance objective.
Vieux chat a écrit : ↑23 juil.19, 21:00
- parler de réalité en soi pour un objet ou un phénomène donné a-t-il un sens ou bien le concept de réalité en soi est-il seulement global pour l'ensemble la réalité, puisque ce qu'on peut dire des réalités en en parlant n'a aucune signification?
Ni l'un ni l'autre.
Parler de réalité en soi pour un objet ou un phénomène quel qu'il soit est un contresens scientifique, épistémologique et logique. Néanmoins, parler de réalité en soi n'est pas incohérent à la condition que l'on distingue comme je le fais, réalités en soi, réalités de l'apparaître et réalités formelles en précisant que cette distinction n'est pas autre chose que purement logique, puisqu'il est question de ce qui est dit et non d'une distinction ontologique qui porterait sur la nature des choses.
Vieux chat a écrit : ↑23 juil.19, 21:00
- Qu'en est-il des
formes de pensée non langagières ? Par exemple quand je marche sur un trottoir, j'évite les passants et les les poteaux en déviant ma marche. Au moment de l'action ni les piétons ni mon action d'évitement n'ont de rapport avec le langage. J'ai d'autres préoccupations en tête et je ne pense pas à ce que je fais avec des mots ni mentalement ni verbalement. Est-ce ce que les piétons et mon action d'évitement tu les considères aussi sans aucune signification, bien qu'ils n'aient pas de rapport avec le langage? Sinon, quelle signification ont-ils?
Oui, tu aurais pu aussi évoquer un parfum de fleurs et une infinité de choses similaires, une perception en tant que telle n'a aucune signification. Ceci dit, puisque tu en parles, un discours sur ces choses qui n'ont pas de signification en tant que perceptions, peut être cohérent et par conséquent avoir une signification. Ce n'est pas du tout contradictoire.
Vieux chat a écrit : ↑23 juil.19, 21:00
J'espère qu'après ce que je t'ai répondu ici, ta compréhension de ce que j'essaye de t'expliquer sera meilleure que ce laisse entendre ce rendu
Pas tellement, parce qu'il manque dans tes écrits une synthèse ou un plan assurant la cohérence de ta thèse et facilitant sa compréhension. Je te suggère de lui donner ce genre de structure, par exemple :
1 - Nous savons qu'en physique quantique le concept intuitif de corps matériel n'est pas applicable, que la réalité n'existe que si elle est observée et mesurée, et que le principe de non-localité s'applique.
2 - Ce qui est vrai à l'echelle des particules élémentaires l'est à toutes les échelles. Je peux le prouver par une démonstration mathématique que tout le monde ne peut pas comprendre. Cela a comme implications:
3- Que les pensées humaines et la conscience ont un probablement un autre support que le cerveau humain, ce qui est d'ailleurs prouvé - ou non prouvé- par des expériences scientifiques de précognition et de télépathie.
4 - d'autres implications sur les notions de temps et d'espace.
5 - rapport de tout ceci avec le langage
6 - rapport avec le concept de réalité en soi
7- éventuellement autres, puis conclusion.
Je te ferais ça dès que j'en aurai le temps. Mais en attendant, prends des notes et tiens compte de toute mes remarques et précisions, si tu veux éviter de me faire me répéter plus que nécessaire.
Vieux chat a écrit : ↑23 juil.19, 21:00
Ajouté 10 heures 54 minutes 54 secondes après :
Pour J'm'interroge -suite
J'ai mal compris cette phrase:
Pour moi, parler de réalités autrement qu'en rapport au langage qui permet d'en parler n'a AUCUNE signification.
Cela signifie que quand on en parle elles ont une signification?
Pas elles, mais ce que l'on en dit, si c'est cohérent.
Vieux chat a écrit : ↑23 juil.19, 21:00
Est-il possible de parler de réalités sans rapport avec le langage?
Non. Même quand on parle de réalité en soi, c'est encore quelque chose dont on parle. On peut en parler en tant que le langage est une possibilité en soi. En effet, il existe un langage.
(Mais en conclure que la réalité en soi dépendrait du langage est une aberration. Tout ceci est très clair quand on définit comme moi le concept de réalité et distingue comme je le fais réalités en soi, réalités de l'apparaître et réalités formelles avec la précision faite plus haut. Sans cette définition, et sans cette distinction que je fais, tout discours sur la réalité sera nécessairement incohérent.)
Vieux chat a écrit : ↑23 juil.19, 21:00
Il me semble que toute ce qu'on peut dire ne peut qu'avoir un rapport avec le langage parce que les mots contribuent à former et nos pensées.
Certaines représentations-notions s'élaborent sur une saisie notionnelle du langage. D'autres, la plus grande partie, ne sont pas même pas liées au langage, formées directement sur la perception-reconnaissance et si nous parvenons à en parler ce n'est toujours qu'en tant qu'abstractions (des généralités). Très nombreuses sont s'ailleurs les représentations qui ne peuvent même pas être nommées, n'existant pas de mots qui s'y rapportent. Nous avons peu de mots, nous avons beaucoup beaucoup plus de représentations.
Pour celles que l'on peut nommer exemple : le mot "triangle" peut être associé à une infinité de représentations différentes possibles qui seront à chaque fois des triangles particuliers (le concept lui c'est une définition générale compréhensible ou dit autrement : une "signification").
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@ Inti,
Résumé pour ne pas à avoir à reprendre toutes les âneries que j'ai lues ensuite :
Ton réalisme est naïf en ce que tu prends des objets des sciences ou de l'expérience commune pour des réalités en soi.
Tu crois que le territoire est en papier.
Un objet de science Inti c'est un objet de connaissance, pas une réalité en soi. Or, dire cela ce n'est pas supposer nécessairement que la connaissance scientifique fonderait le réel, si tu entends par là le réel en soi.
Quand j'observe la Galaxie d'Andromède dans mon télescope, je sais qu'il s'agit d'une galaxie, de quel type de galaxie il s'agit, de sa distance par rapport à la nôtre, etc.. Mais au temps des premiers télescopes on ne savait pas de quoi il s'agissait. On sait maintenant qu'elle n'a jamais été ce que l'on avait pu croire avant qu'on ne le sache et qu'avant cela c'était déjà bien une galaxie de tel type, etc. Mais quand je la vois dans mon télescope c'est un rendu dans ma perception, pas la réalité en soi qui la structure en soi comme la galaxie qu'elle est. Or, le point est que la galaxie d'Andromède que je vois dans mon télescope ce n'est pas la galaxie en soi qui porte ce nom, c'est une perception, une perception uniquement. Ce que je vois c'est le résultat d'un ensemble de cognitions qui s'expliquent par la présence de l'organe qui est dans ma tête et qui est lui-même structuré en soi. La galaxie d'Andromède en soi c'est donc bien autre chose que ces cognitions dont le résultat est une perception.
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Vieux chat en réponse à Inti a écrit : ↑24 juil.19, 07:07
Nous avons une même logique pour un matérialisme scientifique, c'est certain, même si nous nous faisons traiter de naïfs
Bien ce n'est pas ce qu'il est votre réalisme ?
Un réalisme est dit naïf en ce qu'il repose sur une non distinction entre les objets des sciences ou de l'expérience commune et ce qui est supposé être des réalités en soi. Le réalisme naïf pose qu'une réalité objective est une réalité en soi.
C'est bien ton cas non ?
En science : l'objectivité d'une chose c'est la scientificité d'un énoncé-formulation. On peut supposer un isomorphisme, par contre il est impossible de supposer une identité. Parler d'un objectivité en soi n'a donc aucun sens.
Vieux chat en réponse à Inti a écrit : ↑24 juil.19, 07:07
- matérialisme philosophique: j'essaye de tenir le pas bien que je ne me sois pas intéressé à la philosophie avant de connaître ce forum.
En épistémologie moderne, on ne parle plus de matérialisme scientifique, mais de réalisme scientifique.
Voir à ce sujet l'excellente vidéo de Monsieur Phi sur le réalisme scientifique :
La montre d'Einstein : sur le RÉALISME en sciences