Bragon s'adressant à Inti a écrit :...] En fait, ton système à toi et à J'm'interroge est une construction, une hypothèse qui a sa cohérence interne, mais a surtout une motivation: suppléer le manque de cohérence du Dieu des Livres. C'est bien, mais ce faisant, vous ne voyez pas qu'il y a un dieu à l'oeuvre, le vrai, pétrissant la matière, vous ne le voyez pas, alors que vous ne cessez d'en parler et de nous le montrer.
Je te dis qu'il y a un dieu, dont vous ne cessez de parler, c'est tout ou partie de l'univers. Si tu veux, il est dans la matière et toi-même tu ne cesses de le voir la piloter. Et ne viens pas me dire que s'il est dans la matière, il est périssable, c'est un raccourci bidon.
Non, ce "Dieu" possible dont j'ai parlé n'est pas celui que tu évoques. En tout cas il n'est pas le réel en soi, c'est-à-dire : l'Être duquel découle tout l'Apparaître et conséquemment : tout le Connaître.
S'il est un "Dieu" qui correspond à ce que j'ai proposé plus haut, il découle lui aussi de cet Être en soi nécessaire. Si "Dieu" existe il n'est pas la Cause première il est comme nous dans la trame des possibles en soi, qu'un élément parmi d'autres en relation de cohérence avec les autres.
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Inti s'adressant à Bragon a écrit :En ce qui te concerne je ne pense pas que ton dieu intention diffère beaucoup de celui du monothéisme même si tu rejettes l'image du " vieux barbu caché derrière un bouquet d'étoiles". Ça peut te donner l'impression de parler du dieu des philosophes mais je pense qu'il est aussi anthropocentrique et anthropomorphique que celui du pape et des Imams. Il est surtout l'esprit pensant supérieur au monde naturel et physique. C'est pour ça que tu tiens à la dénomination "dieu" pour rendre compte du fait astrophysique et de l'organisation spatio temporelle. Ton dieu a une portée métaphysique c'est à dire qu'il place le phénomène de l'esprit et intelligence en dehors de la matière ce qui entretient toujours le mythe de la conscience suprême. L'homme, pouvoir sur la nature. L'approche spiritualiste. Au fond tu souffres du syndrome du vide spirituel.
J'ai la même étrange impression en lisant notre ami.
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J'm'interroge a écrit :"Ok. Bien nous ne parlons donc pas de la même chose.
Selon moi c'est très simple : l'univers c'est ce qui est observable et mesurable.
Or la "forme actuelle de notre univers" c'est pour une très grande part : une modélisation tirée de ce que l'on observe et mesure. Le réel en soi, autrement dit l'univers tel qu'il est, on en sait que très peu de chose, mais ce qui est sûr c'est qu'il n'est pas en mouvement comme nous nous l'imaginons et comme il nous apparaît. Au-delà de notre perception, il n'est pas une réalité dynamique. Mais les gens, même parmi les scientifiques qui ne maîtrisent pas toutes les branches de la Physique théorique, ni certaines branches des mathématiques confondent naturellement ce qu'ils se représentent du réel en soi avec ce réel en soi lui-même tel qu'il est en lui-même indépendamment de la perception qui en découle. Ce réel en soi est censé selon eux être décrit par les modèles construits à cet effet. Le truc c'est qu'un modèle théorique n'est pas ce qu'on appelle en épistémologie une théorie scientifique qui elle est vérifiée dans les faits et est seule à répondre aux critères d'objectivité. Or, ce qui est vérifié dans les faits ce sont des relations mathématiques, des formules mettant en relation des paramètres mesurables. Ces formules sont aussi immuables que le réel en soi lui-même. Même les variations des constantes cosmologiques (on sait aujourd'hui que même les constantes cosmologiques varient en fonction du marqueur "temps"), obéissent à des formules fixes. L'immobilité des formules, - c'est encore plus frappant quand elles sont écrites sur un tableau noir ! -, est sans doutes ce qui donne la meilleure idée de ce qu'est en soi le réel : une pure cohérence immuable. Les mouvements, les changements sont réels, mais ils n'existent en tant que tels que dans les apparences, non en soi.
Boemboy a écrit :Je constate que notre communication bute sur un écart profond de culture scientifique. Tu maîtrise les théories scientifiques modernes tandis que j'en suis resté à des notions traditionnelles. Je n'ai donc pas accès aux concepts que tu utilises. Le réel en soi n'a aucun sens pour moi.
Je m'en tiendrai là pour ce sujet qui dépasse mes moyens...
Si tu veux une référence sérieuse à ce sujet tu peux lire
"le réel voilé" de Bernard d'Espagnat. Mais il n'y a pas grand chose à savoir de neuf, si ce n'est quelques faits incontournables comme l'absence de variable cachée locale et ce que cela implique. Si tu as une vision plus classique je te conseille la lecture d'Ernst Mach dans son texte (et non celle des commentaires de son oeuvre également publiés qui sont pour beaucoup des contresens).
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Boemboy a écrit :Le réel en soi n'a aucun sens pour moi
Inti a écrit :Question d'aider à démystifier. Selon moi " le réel en soi" ce sont les "vraies propriétés physiques" (1) du monde objectif indépendamment de l'exactitude ou inexactitude de notre connaissance du réel (2). Par exemple le réel en soi serait les vraies mécanismes (3) complets de prolifération d'une cellule cancéreuse et l'oncologie, ce que nous en savons ou pensons en savoir.
(1) Oui. Mais je dirais plutôt : "propriétés" ou "relations de cohérence fondamentales".
(2) Je formule la chose de manière similaire.
(3) Il est impropre de parler de "mécanismes" pour ce qui est de la trame fondamentale. Il faudrait remplacer le terme "mécanismes" par un terme à la fois plus poétique et plus à propos comme le terme : "chemins".
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Bragon répondant à Inti a écrit :Pour moi, la vision monothéiste est une vision valable comme une autre, à condition de ne pas la caricaturer en installant un Barbu sur un trône, etc.
Bien ça dépend. Elle ne peut être valable si elle présuppose des choses que l'on sait être fausses, comme par exemple une omniscience, une toute puissance, une volonté qui précéderait un ordre à la fois total et ouvert, un ordre en soi à la fois total et ouvert produit, ou d'autres choses comme celles-ci.
Bragon répondant à Inti et à moi a écrit :La thèse que vous exposez et qui repose essentiellement sur l'idée qu'apparait ce qui ne peut pas ne pas apparaitre et l'idée qu'apparait tout ce qui est possible si les conditions de son apparition sont réunies, est tout aussi valable.
C'est bien de le reconnaître.
Bragon répondant à Inti et à moi a écrit :Mais à ce niveau, j'ai trois remarques:
-Cette thèse qui repose sur la Nécessité et le champ des possibles n'invalide en aucun cas la thèse théologique, elle se contente de la déclarer comme étant une chimère, un phantasme.
Non, nous nous sommes mal compris. En effet, cette thèse (ce n'est pas qu'une thèse) n'invalide pas la possibilité hypothétique d'un "Dieu" qui découlerait de la Nécessité lui aussi, s'il fait bien partie de l'ordre des possibles en soi. Mais dans ce cas, ce "Dieu" possible ne serait pas plus réel dans le sens d'une réalité en soi que nous le sommes nous-mêmes en tant que cérébralités et ce qui va avec. Ce Dieu ne serait donc pas forcément une chimère, mais dans le cas où il existerait, il ne serait pas la totalité du réel, loin de là. Il ne serait pas l' "Être ou la Cause premier(e)", pas plus que nous le sommes nous-mêmes. Il serait un élément du tout, en dépendance mutuelle avec tout le reste.
Bragon répondant à Inti et à moi a écrit :-La thèse de la Nécessité et du champ des possibles n'a rien de logique (ni d'illogique) comme vous l'affirmer. C'est juste une thèse, non prouvée, que vous substituez à la thèse théologique considérée comme illogique. Or, si la thèse théologique est illogique, cela ne suffit pas pour faire de votre thèse une thèse logique.
Formulée comme je le fais ce n'est pas qu'une thèse, c'est une vérité formelle objective découlant d'axiomes logiques et du fait de l'Apparaître lui-même. En effet, déclarer une nécessité en soi illogique revenant à nier cet Apparaître ou à lui supposer sans raison un créateur qui en compliquerait inutilement l'explication, le principe de parcimonie s'appliquant, c'est ce que tu dis qui est illogique et non le fait de la Nécessité comme définie par moi.
Bragon répondant à Inti et à moi a écrit :-La nécessité et le Possible que vous qualifiez aussi de constat ( quelle est l'étendu du champ de ce constat?) [....
La Nécessité n'est pas un constat non.
Bragon répondant à Inti et moi-même a écrit :...] n'expliquent en fait rien du tout. Ce sont des hypothèses, en plus d'être des serpents qui se mordent la queue.
C'est toi qui dis quelle n'explique rien. Je ne suis pas de cette avis, celle-ci expliquant très bien ce qu'elle est censé expliquer, ni plus ni moins, sans susciter de mise en abîme (ou dit autrement : raisonnements à l'infini).
Les mégariques l'avait déjà compris et Parménide avant Platon.
Bragon répondant à Inti et à moi ??? a écrit :Ces trois remarques faites, je pose maintenant une question qui va nous ramener à la théologie.
Ta thèse détruit-elle les fondamentaux théologiques, comme par exemple une vie après la mort.
Non.
Bragon répondant à Inti et à moi ??? a écrit :...alors une seconde vie est-elle possible dans ton champ des possibles ?
C'est moi qui parle de "Champ des possibles en soi".
Pour te répondre : ---------> Elle n'est pas impossible.
Bragon répondant à Inti et à moi ??? a écrit :Non, bien sûr, car ton champ des possibles a l'étendu de tes yeux, or ton regard ne porte pas très loin dans cette immensité universelle aux profondeurs insondables.
Bon... À l'évidence : tu ne me lis pas ou ne me comprends pas ce que j'écris...
Des éléments de preuves vont dans le sens d'un Champ des possibles incommensurablement plus vaste (en exten
sion) que ce qui se manifeste comme notre univers.
Rappel : l'Univers c'est l'ensemble de l'observable et du mesurable.
Conclusion : "le Champ des possibles en soi" ne doit pas être réduit à cette conception de l'Univers.
Bragon répondant à Inti et à moi ??? a écrit :Par objectivité, réalisme, prudence, tu refuses de sonder ces profondeurs, tu as raison, mais ces profondeurs existent, elles sont tout le mystère, elles ne sont pas le produit de mon imagination théologique. J'y renoncerai bien si ta thèse avait tout exploré, mais ce n'est pas le cas, elle est même superficielle et très schématique.
Ces profondeurs existent mais pas forcément ce que tu t'imagines d'elles. Le concept de Nécessité ne prétend pas tout explorer ni sonder, mais il désigne bien ce qu'il désigne et que tu minimises en faisant comme s'il n'y avait que cette notion vague de "Dieu" qui puisse le faire, alors que le concept de Nécessité le fait bien mieux, sans embrouiller l'esprit ou lui suggérer toutes sortes d'inepties, celles dont on a l'habitude ou d'autres qui restent à imaginer pour pallier à un manque de compréhension chez qui manque aussi d'une grande dose d'humilité intellectuelle, celle consistant à reconnaître et d'accepter son ignorance.
Bragon répondant à Inti et à moi ??? a écrit :A quoi servirait-il de plonger par l'imagination dans ces profondeurs insondables ? A rien, ça pourrait même faire délirer, je te l'accorde, mais ces profondeurs existent, il faut juste ne pas les nier.
Mais je ne l'ai jamais nié.
La réalité est toujours beaucoup plus riche et complexe que ce que l'on peut percevoir, se représenter, concevoir, croire ou comprendre.
Nous ne savons pas ce que nous ne savons pas.
Humilité !
Toute expérience vécue résulte de choix. Et tout choix produit sont lot d'expériences vécues.
Sagesse !