Algérien d’origine à la fois juive, berbère et européenne, qui se considère partie prenante de l’Algérie indépendante, mais qui est aussi profondément déçu, à plusieurs titres, par l’évolution de son pays . Pour lui, l’Algérie « est devenue indépendante, mais n’a pas réussi à être fraternelle ».
« Algérie, histoires à ne pas dire », a été entièrement tourné en Algérie, mais son thème essentiel est l’Absent, celui qui n’est plus là et dont la mémoire même tend à disparaître. L’absence d’un chef de maquis probablement victime d’un règlement de comptes entre indépendantistes et dont la mort reste obscure, celle d’une femme qui a risqué sa vie pour l’indépendance algérienne mais qui est aujourd’hui déçue par l’islamisation de son pays, l’absence des Juifs qui ont dû quitter un pays dont ils constituaient l’une des plus anciennes populations, et l’absence de ces descendants d’immigrants espagnols d’Oran, qui entretenaient de bons rapports avec les Arabes et dont certains, pourtant, ont été victimes, à l’indépendance, de massacres aveugles.
Pour évoquer ces quatre absences, le film nous emmène successivement dans quatre régions d’Algérie, qui sont en même temps emblématiques de quatre moments-clés de la guerre d’indépendance. Dans chacune d’elles, un personnage revient sur son enfance avant 1962 ou cherche à reconstituer un épisode de ces années de guerre qui furent aussi les dernières de la colonisation française
Sources : critiques cinématographiques
Que cherche J-P Lledo en interrogeant ces quatre personnages ?
Il cherche, dans la mémoire des Algériens, ce qu’il reste de la cohabitation entre les Pieds-noirs et les Algériens d’origine berbéro-arabo-musulmane 45
http://www.filmfestamiens dans films.émissions TVans après l’exode massif des Juifs et des Pieds-Noirs ? C’est bien ce qu’a tenté de trouver J-P Lledo et il l’a trouvé.
Voici ce que J-P Lledo dit de son film Les 4 histoires de ce nouveau film touchent à quelques tabous absolus de l’histoire algérienne, sur lesquels repose la légitimité du système politique qui s’est construit après l’indépendance. Temple bien gardé, l’histoire en est sans doute le dernier pilier. Et même s’il s’agit pour chacun des personnages principaux du film, d’abord d’une quête personnelle et de leur histoire qui prime toujours sur la grande histoire, il faut avoir conscience de leur courage.Cette interrogation entreprise avec mes personnages peut donc être considérée comme une tentative d’affronter la tâche qui attend les représentants de toutes les communautés du monde qui se sont fait la guerre, et notamment « les intellectuels » : revenir tôt ou tard, de façon critique, sur l’histoire de nos pères, sans animosité mais aussi sans oeillère, en cessant de voir la paille seulement dans l’oeil de l’autre.
Ces personnages en quête d’une vérité sur leur propre vie, reviennent sur leur enfance durant les années de guerre qui furent aussi les dernières décennies de la colonisation française.
En retournant vers leurs origines, d’est en ouest, de Skikda à Oran, du début à la fin de la 74616_mini2guerre d’indépendance, ils reconstituent un portrait inédit de l’Absent.
Méfiance, peur et malheur, les relations intercommunautaires n’ont-elles pas été aussi attraction, respect, reconnaissance et souvenirs heureux ?
Malgré les discriminations et les dégâts du colonialisme, un nouveau corps fait d’emprunts mutuels n’avait-il pas commencé à se constituer, à l’insu même de ses différentes composantes ?
D’après le Blog de J-P Lledo
La douleur fantôme de l’amputation, chez ceux qui étaient partis comme chez ceux qui étaient restés, n’en révélait-elle pas la réalité ?
Une Algérie multiethnique, libre et fraternelle n’était-elle pas possible ?705311620251293
Entre haines et fraternités, avec nos personnages nous refaisons le cheminement universel de la tragédie, lorsqu’aux protagonistes, le dénouement semble s’imposer.
Images du 5 juillet à Oran — Les deux communautés
Extraits du film
Aziz / Skikda (ex-Philippeville) / 20 août 1955
Né en 1949, enseignant en agronomie à Mostaganem, est originaire de Béni Malek, sur les hauteurs de Skikda, ex-Philippeville, épicentre d’une insurrection déclenchée par l’ALN, le 20 août 1955, qui cible principalement la population européenne. Lors de la répression de l’armée française, 23 hommes de sa famille, dont son père, disparaissent à jamais.
Mais Roger, le « colon » du coin, recueille plus de 80 femmes et enfants. Les Européens de Béni Malek ont été en effet épargnés par les insurgés. Et Aziz attribue cette exception à son oncle Lyazid, chef ALN local. Pour en avoir la confirmation, il retourne dans sa famille afin d’interroger les vieux.
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Katiba / Alger / 1956/1957
Née en 1949, anime à la Radio d’État une émission sur la Mémoire, exaltant le nationalisme. Katiba accepte de revenir sur les traces de son enfance, et nous retournons avec elle dans la Casbah de ses ancêtres puis à Bal El Oued, où elle a grandi, et qui fut le grand quartier populaire pied-noir d’Alger. Blonde aux yeux bleus et habillée « à l’européenne », on la prend pour une Française ».
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Cheïkh Raymond / Constantine / 22 juin 1961
Assassiné le 22 juin 1961 à Constantine, Raymond, chanteur juif de musique andalouse, est considéré comme un des grands Maîtres du genre. Il est pourtant absent des ondes depuis l’indépendance et d’un mur du Centre Ville où sont représentés 5 autres grands musiciens du malouf. Ses fans d’hier et d’aujourd’hui tiennent à lui rendre hommage.
Cette 3ème partie du film a été amputée de sa moitié, car suite aux annulations des 3 avant-premières en Algérie en juin 2007, le personnage principal a demandé de ne plus apparaître.
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Kheïreddine / Oran / 5 juillet 1962
Kheïreddine, né en 1976, metteur en scène de théâtre, prépare la pièce de Camus, Les Justes. De l’époque coloniale, il ne connaît que ce qui lui en a été dit à l’école. Pourtant il se rappelle aussi que dans sa famille, on lui a raconté que le jour même de l’indépendance, le 5 juillet 1962, on a tué des Européens. Kheïreddine se rend à Sidi El Houari, quartier pauvre de La Marine, où « Espagnols » et « Arabes » étaient presque tous frères de lait, avec l’espoir que ce quartier ait pu être une exception
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Hayet Ayad
D’origine algérienne, kabyle, née en Alsace, Hayet Ayad interprète les chants sacrés dans toutes les langues de l’Andalousie historique. Dans le film, son chant pur s’inscrit thématiquement et musicalement dans l’Andalousie, Andalousies rêvées, Andalousies sublimées, Andalousies ratées, Andalousies égorgées, Andalousies renaissantes. Sa voix d’alto exprime plus qu’elle n’interprète. Sans accompagnement, sans parole, improvisée, elle crie, berce, interpelle, invective, et réactive ce qui se joue pour les personnages, comme pour l’histoire. Entre nostalgie et violence, elle dit la douleur tout autant que la révolte face à l’échec, la séparation des trois communautés. Elle s’élève contre le destin. Elle panse les plaies. Elle dit ce que les personnages cachent par pudeur. Elle est la Terre qui demande des comptes au Ciel, la Mère au Père. Elle revendique tous ses enfants, et refuse qu’ils s’entretuent. Elle est Mère courage.
Sources : fiche de présentation du film à la Presse.
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Le film a été interdit en Algérie. Pourquoi ?
Le cinéaste Lamine MERBAH fait partie de ceux qui refusent la diffusion de ce film, compte tenu, dit-il, de ce qu’il contient de vérités qui ternissent l’histoire de l’Algérie et sa révolution.
Car ce film présente des scènes qui montrent qu’Algériens, Chrétiens , Juifs vivaient en paix et en prospérité jusqu’en 1954 , quand survient la révolution qui leur gâche tout, évoquant clairement l’intégration
.En plus de ça Lamine MERBAH dit que le cinéaste a tenu à utiliser des cameramen et des enquêteurs algériens pour réussir à arracher des témoignages non anodins de certains moudjahidines algériens qui disent que les révolutionnaires algériens ont commis des crimes atroces contre les Pieds-noirs. Donnant ainsi l’image d’un terrorisme qui coule dans le sang des Algériens depuis la nuit des temps.
Voici le document d’où sont tirés ses propos. doc algriehistoirenepasdire3.doc
Jean-Pierre Lledo répond à Lamine MERBAH doclledorpondmerbah.doc
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Mais les censeurs ne font pas l’unanimité en Algérie même.
Voici la pétition et le texte des contestataires. Seront-il entendus ?
http://www.lapetition.com/sign1.cfm?numero=1527
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Qu’en pensent les Pieds-Noirs
Je ne peux parler que des Oranais . J’espère que les autres Pieds-noirs donneront leur avis dans les commentaires du Blog .
Voici la vidéo que j’ai pu diffuser sur mes forums.
Sur cette vidéo, bien sûr, ils reconnaissent non seulement le lieu mais les anciens « copains »Chichi le danseur, Hamida, Charlemagne et d’autres Ce qui les a le plus émus c’est cette presque vielle femme qui se souvient des paroles de la chanson que toutes leurs mères chantaient : l’Emigrante.
http://www.commeaucinema.com/bandes-ann ... 02810.html
Mais hélas eux ne sont pas prêts d’oublier et pardonner cette journée du 5 juillet 1962 qui a vu voler en éclat toutes leurs illusions sur l’autre communauté.
Un de mes anciens élèves m’a écrit une bien émouvante missive en réponse à un de mes messages.
Je crois qu’elle résume assez bien le sentiment qui prévaut parmi eux. On peut le regretter mais je le comprends oh! combien.