C'est historiquement exact. Le neo-platonicisme a considérablement fait changer la lecture selon la tradition juive, vers une idée qu'on doit plutôt se faire de Dieu, sans plus rien en dire, ni Son Nom.
Dans le judaïsme, on voit bien aussi l'emprise de plus en plus forte des grands prêtres qui interdisent tout au peuple, pour le représenter jusque dans la prononciation de Son Nom. Jésus se bat sans cesse contre les pharisiens qui sont devenus ces hypocrites gardiens des portes du Temple et interdisaient l'entrée systématiquement. Une fois par an, le grand prêtre de Jérusalem prononçait Son Nom, et puisait à mains nues dans le trésor du Temple.
La corruption atteint son paroxisme à la fin de la construction du second Temple, celui d'Hérode. Les archéologues sont sidérés de découvrir ces villas d'un luxe fou, où chaque pièce avait son bain pour que le prêtre associé au Temple se purifie sans cesse, prenant au passage surtout ses aises. Les mosaïques sont constantes, le jardin est intérieur et interdit à la vue populaire.
Comment s'étonner alors que les prophètes aient majoritairement condamné cette confiscation du divin et ce luxe détourné qui provient des dons du peuple pauvre et humble !
Les disciples de Jésus sont des galiléens, des pêcheurs illettrés, au dialecte araméen rugueux et paillard. C'est bien signalé dans l'évangile selon Jean. Dans cette foule immense et bruissant de tous les désordres et bruits, on entend
"des galiléens". Autrement dit, pour couvrir tout ce tintamare, il fallait que leur dialecte grossier soit vraiment choquant.
Que ces disciples aient prononcé, bien loin du luxe châtié de l'araméen de Jérusalem, le Nom, certainement. La question ne se pose même pas. C'est la première fois qu'ils montent à Jérusalem, à cause de leur maitre, et il est encore amusant de les voir faire du tourisme : ils visitent le Temple et ressortent plein de commentaires, oubliant encore leur maitre !
Il est impossible aujourd'hui, avec nos connaissances archéologiques approfondies, d'oser dire que plus personne ne disait le Nom sacré. Ah, en public, certainement pas, puisque c'était interdit et le privilège du grand prêtre du Temple, une fois par an, officiellement, à la Pâque, justement !
Cette bataille pour ou contre ne mène à rien. Le rétablissement du Nom a fait débat dans l'Eglise catholique depuis ses origines, et continue !
D'une messe à une autre, d'un curé à celui d'un autre village, certains disent en prêche, "Yahoué", d'autres disent "Dieu", d'autres disent "Jehovah"...
Rien de nouveau sous le soleil