Homélie de Nicolas Cabasilas (+ après 1388) sur la Dormition de la Mère de DieuPasteur Patrick a écrit :Je pense qu'aujourd'hui il n'y aplus personne pour croire à une spacialisation de la montée de Marie au ciel. Il s'agit d'un "dogme" catholique et romain (différent de la Dormition:Marie dort !),très particulier à cette Eglise,qui s'appuye sur des traditions populaires et l'aspect psychologique et émotif de certains croyants (sentimentalisme lié à la mère).
Homélies mariales byzantines, PO 19, 390-391
Il fallait que la Vierge fût associée au Fils en tout ce qui regarde notre salut. De même qu'elle lui fit partager sa chair et son sang et qu'elle fut, en retour, gratifiée de ses bienfaits, de même elle eut part à toutes ses souffrances et à toutes ses peines. Il fut attaché à la croix et eut le côté percé par la lance. Elle eut le coeur transpercé par une épée, comme le divin Syméon l'avait annoncé.
La première, elle fut rendue conforme à la mort du Sauveur par une mort semblable à la sienne. C'est pourquoi, avant tous les autres, elle eut part à la résurrection. En effet, après que le Fils eut brisé la tyrannie de l'enfer, elle eut le bonheur de le voir ressuscité et de recevoir sa salutation, et elle l'accompagna autant qu'elle le put, jusqu'à son départ vers le ciel. Après son ascension, elle prit la place que le Sauveur avait laissée libre parmi ses Apôtres et ses autres disciples, ajoutant ainsi aux bienfaits que Dieu avait dispensés à l'humanité celui de compléter ce qui manquait au Christ (Col 1,24) beaucoup mieux que quiconque. Cela ne convenait-il pas à sa mère plus qu'à tout autre?
Mais il fallait que cette âme très sainte se détache de ce corps très sacré. Elle l'a quitté et s'est unie à l'âme du Fils, elle, une lumière créée, à la lumière primordiale. Et son corps, après être resté quelque temps sur la terre, a été lui aussi emporté au ciel. Il fallait, en effet, qu'il emprunte tous les chemins que le Sauveur avait parcourus, qu'il resplend isse pour les vivants et les morts, qu'il sanctifie en toutes choses la nature et qu'il reçoive ensuite la place qui lui convenait. Le tombeau l'a donc abrité quelque temps, puis le ciel a recueilli cette terre nouvelle, ce corps spirituel, ce trésor de notre vie, plus digne que les anges, plus saint que les archanges. Et le trône fut rendu au roi, le paradis à l'arbre de vie, le monde à la lumière, l'arbre à son fruit, la Mère au Fils: elle en était parfaitement digne puisqu'elle l'avait engendré.
Qui, ô bienheureuse, trouvera les mots capables d'égaler ta justice et les bienfaits que tu as reçus du Seigneur, et ceux que tu as prodigués à toute l'humanité? Quand bien même, comme dirait saint Paul, il parlerait les langues des hommes et des anges (1Co 13,1). Je pense que c'est aussi une part du bonheur éternel réservé
aux justes, que de connaître tes privilèges et de les publier aussi bien que tu le mérites. Car cela fait partie également des choses que l'oeil n'a pas vues, que l'oreille n'a pas entendues (1Co 2,9) et que, selon saint Jean, l'immortel, le monde lui-même ne pourrait comprendre (Jn 21,25). Tes merveilles ne peuvent resplendir que dans ce théâtre, ce ciel nouveau et cette terre nouvelle (Ap 21,1), où luit le soleil de justice, que les ténèbres ne suivent ni ne précèdent. Tes merveilles, le Seigneur lui-même les proclame tandis que les anges applaudissent.
Conclusion : les orthodoxes ont sur l'Assomption une conception absolument identique à celle des catholiques romains.
- VR -