rachid_fes a écrit :Dites moi pourquoi vous etes athées?
Merci de me donner une occasion de refaire le point sur les raisons de mon athéisme. Avant-hier, deux hommes distribuaient des bibles à l'entrée de ma fac, alors j'ai intérêt à me rappeller pourquoi je rejette cet enseignement là. Bien sûr, ce ne sont là que mes raisons:
1)Du complexe, du parfait, et de la vraisemblance de l'incréé.
Qu'une chose aussi complexe que la vie, ou l'univers qu'elle habite, puisse ne pas avoir de créateur, est parfaitement vraisemblable. Ce sont les croyants eux-mêmes qui en conviennent. En effet, selon eux, de même que l'homme crée des machines, qui sont moins complexes que lui-même, l'homme aurait été créé par un être supréme, une entité dépassant en perfection la complexité de sa création. Or, cet être parfait est incréé. Si la perfection peut se passer de concepteur, cela n'en est que plus acceptable pour la complexité.
Au delà de cette contradiction flagrante du discours des croyants, le fait demeure que je ne sais pas pourquoi il y a quelquechose plutôt que rien, et que l'hypothése d'un architecte anthropomorphe, bien qu'appartenant au vaste domaine du possible, n'est pas particulièrement vraisemblable.
2) De la téléologie et de l'eschatologie.
"Le sens de la vie". Si nos vies ont une finalité, en cela comparables à l'existence d'un stylo ou d'une machine à laver, alors c'est bien triste. Ce n'est pas en soi un argument contre l'existence d'un dieu, qui pourrait être un dieu d'amour nous ayant créé sans arrière pensée ni vil intérêt. Seulement, la plupart des religions insistent sur le fait que "nous ne sommes que les instruments du Destin", même ma religion catholique natale. Sur ce point, le divorce entre moi et les croyants est définitif.
3) De la vanité de la foi.
Je ne sais pas si Dieu a créé l'homme à son image, mais l'homme a incontestablement créé ses divinités à la sienne. Et ce n'est pas le meilleur de l'homme que l'on attribue à Dieu. Il est trop souvent un prétexte facile à tout ce que les religions prétendent par ailleurs rejetter: le meurtre, la guerre, la torture, la mysogynie, le racisme, les castes... et jusqu'à la haine pure.
4) De Faust.
Que demandent les religions, si ce n'est de vendre son âme à Dieu en échange d'une vie éternelle et fastueuse? D'aucun arguent que l'âme est propriété de son créateur, ce qui bien sûr est faux dés lors qu'on la considére comme un "don". Le fait demeure que les contes satanistes ne sont bien souvent rien de plus qu'une caricature de la religion elle-même. Si cela ne pousse pas à réfléchir sur le bien fondé de la foi, que faut il?
5) De la zététique.
Dans la religion, il n'y a nulle place pour le doute, autrement que comme une épreuve, une tentation, dont chacun doit ressortir avec une foi renouvelée. Pour l'athée que je suis, le doute est une vertu, une valeur morale en soi, dont je suis régulièrement témoin des mérites. Je ne prétend pas être absolument sûr que Dieu n'existe pas, mais je ne puis respecter votre supréme conviction du contraire, à mon sens un égarement intellectuel.
6) Du tétrapharmacon.
Je choisis là le chemin le plus difficile, le moins séduisant, mais je préfére apprendre à vivre avec la conscience de ma mort prochaine, plutôt que de chercher à la nier.