Hello
Si, tout à fait. Pas mal d'historiens sont favorables à la thèse de l'interpolation partielle ou totale par des auteurs chrétiens postérieurs, peut-être Eusèbe surnommé le Faussaire. Le Testimonium Flavianum est donc pour le moins fragile sinon purement illusoire, et c'est d'autant plus embêtant que les autres témoignagnes connus qui pourraient faire référence à Jésus sont extrèmement rares, nébuleux et encore plus tardifs.
Je n'ai jamais étudié la question, et n'en ai d'ailleurs pas les compétences, mais mon impression est que la quête du Jésus historique est de l'ordre du fantasme, au même titre que les autres grands fondateurs de traditions religieuses comme Lao-zi, Confucius, le Bouddha Sakyamuni, Manès, Muhammad... Les documents écrits sont rares ou inexistants, les témoignages fragiles et postérieurs, toute une tradition d'historiographie apologétique s'est sédimentée et si personnage historique il y a eu, il a fini par s'effacer sous le poids des réinterprétations, des déformations et des mythifications propres à la pensée non-scientifique (encore que la pensée scientifique n'en soit pas non plus exempte...).
Au fond, la plupart du temps la foi passe largement au dessus ou à côté de ces question ; ses ressorts psychologiques ne sont pas de l'ordre de la quête de vérité historique, avec ses fragilités, ses hypothèses, ses doutes, ses révisions, sa partielité, bref, sa contingence. Sur quelques milliards de croyants, combien font seulement l'effort de lire dans leur langue vulgaire les textes réputés fondateurs de la tradition à laquelle ils appartiennent ? Combien sont capables de les lire dans leur(s) langue(s) originelle(s), de déployer un appareil critique suffisant en matière philologique et historique, de se renseigner sur l'univers socio-culturel de leur période d'écriture ou de collection ? Une infime minorité. Combien se piquent de haute théologie ? Combien sont capables de disserter sur les mystères de la transsubstantiation, de la valeur salvique des oeuvres et de la foi, sur les subtilités de la christologie, sur la nature exacte des sacrements, sur l'ecclesiologie, pour m'en tenir au catholicisme ?
L'immense majorité s'est toujours contentée, se contente toujours et se contentera probablement toujours à l'avenir de se fabriquer une image naïve d'un point de vue scientifique mais en résonnance avec leurs espérances et leur vécu personnels. Et on baptise cela vérité spirituelle... vérité de coeur... vérité intime... Et on continue de s'insurger contre le rationalisme asséchant des sceptiques et des incroyants, lesquels incroyants sont également la plupart du temps bien en peine de justifier leur incroyance autrement que par une conviction intime plus ou moins rationalisée a posteriori.
tony a écrit :ya pas des théories comme quoi l'allusion à jésus dans les textes de flavius joseph est un ajout des chrétiens vers l'an 1000?