Hermy21 a écrit :Le passage que tu cites peut être interprété métaphoriquement (ce qui n'aurait rien d'extraordinaire, Jésus lui même parlait par paraboles)
C'est exactement cela. En Genèse 1, on trouve
27 Elohîms crée le glébeux à sa réplique, à la réplique d’Elohîms, il le crée, mâle et femelle, il les crée.
L' homme réplique de Dieu est créé. Il incorpore en lui le mâle et la femelle, c'est-à-dire masculin et féminin. Il est donc créé
androgyne. Cette bivalence de l'âme s'explique par le fait que Dieu a séparé les eaux supérieures (de la conscience intellectuelle ISH) et les eaux inférieures (de la conscience émotionnelle et physique ISHAH) par un point de jonction et de démarcation, un plafond séparant deux étages. Androgyne signifie que l'être humain, l'âme humaine est susceptible de recevoir et de produire à la fois sur le plan intellectuel et sur le plan sensible.
Or il est aussi écrit que l'homme quittera son père et sa mère pour s'unir à sa femme. Masculin et féminin doivent s'unir pour ne former qu'une seule chair. Mais ce verset du chapitre 1 est posé avant la chute. Il concerne donc l'âme humaine, la réplique de Dieu, et affirme que l'âme humaine est unifiée.
Après la chute, apparaissent les corps physiques dont la formation est aujourd'hui bien connue :
1-
période embryonnaire : présence des deux appareils sexuels dans l'embryon.
2-
période foetale : l'un des deux appareils va régresser.
Régresser et non pas disparaître ! Chez la femme, il subsiste de façon visible un pénis régressé. Chez l'homme subsiste de façon cachée des glandes mammaires en état de vestige. Or ces vestiges sont assez connus pour posséder une certaine sensibilité.
Et voilà donc une âme androgyne déséquilibrée qui va revêtir un corps physique à sexe prédominant, dit monosexué, car l'un des sexes s'exprime et pas l'autre dans une personne physique. Face au sexe régressé, il y a donc une sorte de manque qui s'établit et qui est à l'origine d'une recherche croisée chez autrui. Mais par ce comportement, l'âme ne peut assouvir que des émotions d'un seul type, et il peut arriver qu'elle ait besoin aussi d'assouvir des besoins du sexe opposé. C'est la raison pour laquelle, beaucoup de jeunes adolescents n'ont pas de choix préférentiel sexuel à notre époque, et la préférence sexuelle se fait sous l'influence d'une norme qui peut leur être imposée par les parents, par l'école, par la religion et par la société et qui est aujourd'hui source de troubles et de conflits intérieurs. Les sociétés ont de tous temps privilégié les comportements hétérosexuels, car ceux-ci procurent la progénitalité, indispensable à la survie du groupe. Mais dans l'Antiquité et jusqu'au 16° siècle, l'homosexualité était largement tôlérée ou faisait l'objet d'interdit sans répression, car un interdit trop franc aurait multiplié les psychopathies. Dans les sociétés antiques, on pouvait voir des hommes mariés entretenir pour une période donnée une relation homosexuelle avec un autre homme. D'ailleurs, les sociétés avaient compris l'intérêt de l'initiation et les jeunes garçons étaient dès la fin de la puberté (13 à 14 ans) déniaisés par les prostituées sacrées et souvent aussi par des rites homosexuels très codifiés. Ayant eu cette initiation, " l'avoir fait", leur permettait d'envisager alors une sexualité comme moteur de la construction de leur être social et de devenir rapidement adultes. A quel moment un adolescent peut-il atteindre l'état d'adulte équilibré aujourd'hui, dans nos sociétés hypocrites ?
Si on regarde comment l'être humain vit dans le monde, on lui reconnaît :
1-
une sphère intérieure : son être vrai
2-
une sphère extérieure : cette sphère se divise en son paraître, son avoir et son faire.
Le
paraître c'est le masque que l'on prend en société, c'est l'image (idôle) que l'on veut donner de soi. L'
avoir, c'est ce qu'on doit posséder pour vivre, mais qui souvent sert aussi à asseoir son niveau d'indépendance et d'autonomie et d'afficher sa richesse. Le
faire, c'est l'action que l'homme juge nécessaire pour s'affirmer dans le groupe social. Or il est rare que l'
être soit accordé au paraître, à l'avoir et au faire.
Ainsi, quelqu'un qui affichera dans le monde une attitude franchement hétérosexuelle doublée d'une grande homophobie, verbale ou gestuelle, montrera une grande tension dans son être, car son être est à la fois sexuellement hétéro et homo (androgynie), mais son paraître est homophobe et hétérosexuel. Un tel paraître est psychologiquement la marque d'une grande homosexualité inassouvie, qui peut le conduire à la démence et à des gestes délinquants ou criminels. Cette tendance inassouvie se retrouve dans son être, refoulée dans la zone de l'
inconscient, qui contient tout ce que l'être discrimine comme
négatif. Mais comme il est l'image de Dieu, son être est intégral, et sa psychose serait réductible, s'il en prenait conscience, faisant ainsi basculer
de l'inconscient vers le conscient cet aspect de lui-même.
Unir le masculin et le féminin
en soi, c'est prendre conscience de notre
être vrai, et ainsi minimiser la tension qui existe entre les éléments conscients de notre être qui conditionnent la sphère extérieure conforme à la sphère intérieure, et les éléments inconscients refoulés, qui conditionnent la sphère extérieure
sur le plan conflictuel. Réduire cette tension est nécessaire pour mieux atteindre la fusion des deux et ainsi restituer l'être total. A cette fusion, peut correspondre une parfaite
bisexualité, ou une
absence totale de sexualité, qui correspond alors à l'état d'
eunuque dont parle la suite du texte de Matthieu. Le masculin et le féminin s'unissent pour ne former qu'
une seule chair, c'est-à-dire
dans une même personne. Le couple dans le monde, est donc la manifestation dans le multiple de cette union, mais il faut comprendre que cette manifestation peut parfois traduire les émotions et les recherches de chacun en rapport avec sa propre réalité. C'est pourquoi il existe des couples homosexuels. Si la spiritualité permet d'aborder la compréhension de tous ces cas de figure, généralement, les lois religieuses privilégient la progénitalité, mais en faisant cela, elles contribuent à empêcher chaque âme d'unifier pour elle-même le masculin et le féminin.
Une spiritualité authentique, sans empêcher la sexualité, aura pour effet de
réduire les actes sexuels, hétéro ou homo, mais elle ne peut pas les interdire complètement, car, dans les couples, il est bon aussi de maintenir les égards pour le conjoint. L'amour et l'attention pour l'autre sont des valeurs à préserver. Cependant, il y a un moment où la sexualité n'est plus recherchée pour soi-même. Aussi, les solitaires sont-ils mieux disposés à l'accomplissement du chemin spirituel.