L'évangile de Barnabé est un ouvrage décrivant la vie de Jésus et qui aurait été rédigé par son disciple Barnabé. Les deux manuscrits les plus anciens écrits en italien et espagnol ont été datés de la fin du XVIe siècle, mais du texte espagnol il ne subsiste qu'une copie du XVIIIe siècle. Le manuscrit italien comprend 222 chapitres, dont l'essentiel décrit le ministère de Jésus. Sous plusieurs aspects, mais non tous, il est conforme à l'idée que se font les musulmans de la Bible. si bien que son authenticité et l'histoire du texte font toujours l'objet de controverses.
Cet Évangile est considéré par la majorité des érudits (dont des chrétiens et quelques musulmans) comme une fraude pieuse, tardive et pseudépigraphique; cependant, quelques-uns suggèrent qu'il pourrait contenir quelques restes d'un travail apocryphe précédent, créé pour se conformer à l'Islam, ou peut-être gnostique (Cirillo, Ragg), ébionite (Pines) ou diatessaronique (Joosten) ; quelques érudits musulmans le considèrent comme authentique. Certaines organisations islamiques le citent pour appuyer la conception islamique de Jésus ; leur point de vue sera étudié ci-dessous.
Histoire de l'ouvrage [modifier]
L'évangile selon Barnabé est mentionné dans deux listes chrétiennes de livres apocryphes : le Decretum Gelasianum (dont l'attribution au pape Gélase Ier est apocryphe) ainsi que dans la Liste des 60 livres du VIIe siècle[1]. Ces deux listes ont été établies par des témoins indépendants, mais il n'est pas assuré que les auteurs ont pu se rendre compte de visu de la réalité des ouvrages référencés. Dans les deux cas, l'Évangile selon Barnabé est mis en relation avec un Évangile de Matthias.
On ne doit pas confondre cet ouvrage avec les « Épîtres selon Barnabé », qui ont probablement été écrits au deuxième siècle. Il n'y a aucun lien entre les deux livres que ce soit dans le style, le contenu ou l'histoire, sinon leur attribution supposée à Barnabé. En ce qui concerne la circoncision, les deux auteurs adoptent un point de vue totalement différent : alors que l' « épître » rejette les pratiques judaïques, l' « évangile », lui, est en faveur des pratiques musulmanes. Ni l'un ni l'autre ne peuvent être confondus avec « les Actes de Barnabé » qui racontent l'histoire des voyages de Barnabé le martyr et son enterrement ; on pense que ce dernier a été écrit à Chypre un peu après 431.
En 478, durant le règne de l'empereur Zénon 1er, l'archevêque Arthémios de Chypre annonça que l'endroit où Barnabé avait été enterré en secret lui avait été indiqué en songe. On prétend que le corps du saint a été découvert avec sur sa poitrine une copie de l'évangile selon Mathieu ; c'est ce que dit le récit contemporain de Théodore Lector, qui a peut-être été présent quand les os et l'évangile ont été présentés par Arthémios à l'empereur. Quelques érudits qui défendent l'antiquité de l'évangile de Barnabé proposent que le texte qui aurait été découvert en 478 soit identifié à l'évangile de Barnabé, mais aucun témoignage de l'époque ne vient appuyer cette proposition. Selon une tradition médiévale conservée dans le monastère de Sumela au sud de Tébizonte, les reliques ont été offertes à ce monastère par Justinien, mais ont été perdues un siècle plus tard quand des forces persanes ont occupé les Alpes Pontiques au cours de leurs campagnes contre Héraclius.
En 1986, on a prétendu pendant peu de temps qu'une première copie syriaque de cet évangile avait été trouvée près de Hakkari (cf. Hamza Bektaş in İlim ve Sanat Dergisi de Mars-Avril 1986, et «Türkiye» du 25 juillet 1986, « Barnabas Bible Found », in Arabia 4/1985/ 1405/ No. 41/ Jan.-Févr./ Rabi Al-Thani, p. 46, « Original Bible of Barnabas Found in Turkey » in The Minaret 12, 3; 1.+ 16 avril, 1985, n.p.)
Par la suite cependant, on a fait savoir que ce manuscrit ne contenait en réalité que la Bible canonique (Ron Pankow, « The Barnabas Bible? », in : Arabia 1985/1405//Mars-Avril/ Rajib, n.p.)
La plus ancienne mention d'un livre dont on s'accorde à penser qu'il se réfère à l'un des deux manuscrits connus, se retrouve dans un manuscrit morisque, BNM MME 9653, à Madrid, écrit vers 1634 en Tunisie par Ibrahim al-Taybili. En racontant comment, à son avis, la Bible prédit la venue de Muhammad, il parle de « l'Évangile de saint Barnabé où on peut trouver la lumière » (« y asi mesmo en Evanjelio de San Barnabé donde se hallara luz »). Il a été mentionné une autre fois en 1718 par le déiste irlandais John Toland et a été mentionné en 1734 par George Sale dans The Preliminary Discourse to the Koran :
Les Musulmans disposent également d'un Évangile en arabe, attribué à saint Barnabé, où l'histoire de Jésus-Christ est racontée d'une manière très différente de ce que nous trouvons dans les Évangiles canoniques. De cet Évangile les Morisques en Afrique ont une traduction en espagnol ; et il existe dans la bibliothèque du prince Eugène de Savoie, un manuscrit assez ancien, contenant une traduction italienne du même Évangile, composé, à ce qu'on suppose, à l'usage des renégats. – Le Discours Préliminaire au Coran, p. 79.
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