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Posté : 30 juin08, 09:33
par Gereve
Je suis profondément d'accord avec ce texte, Ximatt, à un bémol près. C'est que je crois que les hommes, du fait de cet épiphénomène qu'est la conscience, d'où une possibilité de se projeter dans l'avenir, la conscience épisodique de leur mortalité, les hommes ont besoin de spiritualité, même les athées.

je pense donc qu'il faut que les athées inventent une forme de spiritualité plus adulte que les croyances naïves des religieux.

J'ai ma petite idée, mais qu'en pensez-vous?

Posté : 30 juin08, 18:05
par L'homme troisième
J'en pense pour ma part que cette spiritualité est déjà "inventée", nul besoin d'en écrire les règles, puisque l'adoration pour la nature est innée et inscrite en chacun.

Posté : 30 juin08, 20:27
par Gereve
Bonjour, Troisième,

Ce que tu dis là m'apparaît comme une opinion, disons, une hypothèse.
Car je n'en suis pas sûr, je vis à la campagne et j'ai l'impression que la plupart des paysans ne sont pas sensibles à la beauté de la nature, ils construisent de hideux hangars pour leurs vaches, polluent le sol, etc.

Mais ils ne se prêtent pas à ce genre de discussion, si bien que ça reste une impression.

Alors, pourrais-tu fonder ton opinion en réalité, par des références à des écrits de sociologie ou d'ethnologie ?

Posté : 30 juin08, 20:36
par ximatt
Je pense aussi que les athées/deistes/agnostiques ont deja leur spiritualité, mais il est vrai qu'elle n'est pas tres repandue parmi eux ni connue aupres des theistes (qui rejettent meme souvent le fait qu'elle puisse exister).

Posté : 30 juin08, 20:43
par Gereve
Soit, alors comment s 'exprime-t-elle ?

Posté : 01 juil.08, 00:53
par Crovax
ximatt a écrit :Je pense au contraire que le meilleur moyen d'en finir avec les religions est de respecter profondemment les croyants (aux fanatiques près) et les croyances.
Merci pour ce nouveau son de cloche qui m'était nécéssaire. Pour qu'il n'y aie pas de malentendu, je redirais que le respect des croyants me paraît une chose nécéssaire.

Respecter les croyances me paraît être d'une autre trempe. Le respect est un sentiment, et on ne le choisit pas. Si d'un côté les personnes méritent un respect sans reserve, je n'ai jamais considéré qu'une idée devait être traitée avec respect.

Lorsque les croyants réclament le respect de leurs croyances, il me semble qu'il ne s'agit pas d'exiger l'impossible (on ne ressent pas sur commande), mais qu'il s'agit d'une volonté de censurer ceux qui les dérangent. Ils n'exigent pas le respect en tant que sentiment (puisque nul ne saurait l'exiger) mais ils exigent les manifestations exterieures de ce qui pourrait s'apparenter au respect.

Je le dis clairement, ce n'est là que de la manipulation, qui plus est calquée sur le même modèle que celui de leurs adeptes, comme par exemple, lorsqu'on trouvera dans un évangile : "Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés."
ximatt a écrit :Parce que les croyants pensent que l'atheisme est une religion, et la defendre renforce chez eux cette impression. Je pense qu'ils changeraient de regard si l'atheisme se contentait d'exister et de repondre polimment à la croyance sans la contester. Ca revient à un sujet deja invoqué, que le croyant se doit de plaider la bonne parole à l'incroyant, qui n'a pas forcemment besoin de faire de meme.(impossible de combattre pour les croyants de combattre une idée qui refuse le combat)
Je trouve que parler de "bonne parole" de l'atheisme est trompeur puisque, comme vous le faites remarquer, l'athéisme n'est pas une idéologie, mais l'absence d'un certain type d'idéologie.

Cela nous amène naturellement une autre question : Peut-on obliger quelqu'un à être libre?

Lorsqu'on a compris que nous ne voyons jamais les choses que partiellement, on a également compris qu'il est impossible d'établir une doctrine ou un système de croyances. Il est plutôt question de mettre en évidence les erreurs manifestes des idéologues et des prédicateurs, cependant comme vous le faites remarquer, ils se discréditent souvent tout seuls.

Posté : 01 juil.08, 01:30
par L'homme troisième
Bonjour.
Je travaille dans la nature et je ne connais aucun être vivant qui n'aime pas la nature.
Ce n'est pas juste une hypothèse, qui ici ne s'est pas senti un peu mieux au retour du soleil après avoir enduré cette longue grisaille printanière ?
Qui n'est pas en état d'adoration devant un lac, une montagne, un paysage naturel, une libellule, un castor... ?
Les paysans ont une approche de la nature qui est régulée par l'économie, ils font donc du rentable, moi aussi, ça m'arrive. Pour autant, je préfère faire des paysages agréables, auto-suffisants.... comme le paysan prend plus de plaisir à s'occuper de son potager bio perso.
Que des paysans s'en balancent, je le confirme, la nature ne s'appréhende pas sans un minimum d'éducation.
Je m'occupe occasionnellement d'ateliers jardins pour des tout petits, je vois également grandir les enfants de mes clients, aucun doute, ce qu'ils apprennent avec moi les fascinent, il ne l'oublient pas, en général.
Quelque part, on peut penser que je me contredis, puisque je dis plus haut que l'adoration est innée, mais je vois mes interventions comme des mises à niveau de babyloniens pervertis (lol).

Pour ce qui est d'écrits d'ethnobotanique, j'en ai, mais je ne vois pas ce que tu veux que je cite exactement. Tu veux que je prouve que les humains ont toujours sanctifiés la nature ? L'importance du solstice d'hiver dans l'ensemble des religions me semble être une preuve irréfutable de l'intérêt que les hommes ont portés au soleil, déjà.
Pourrais tu préciser ?

Dans mon cas, ma "spiritualité" athée se manifeste dans mes actes :
- je suis persuadé d'être un petit élément d'un grand tout, ou chaque élément se sert des autres (le contraire de la vision : les animaux sont là pour servir l'homme), ce qui implique que je crois fermement au caractère vivant et réfléchit de chaque organisme (bien que je sois incapable de m'expliquer sur ce point précis autrement qu'en présentant des faits), et que je traite l'extra-humain comme mon égal.
- Je me force à m'intéresser à des sujets qui ne m'attirent pas au premier abord, car je ne suis pas sur d'être capable de libre arbitre.
- Je refuse toute entrave au plaisir sexuel, car je respecte profondément les lois de la nature.
....y'a plein de manifestations...

Posté : 01 juil.08, 01:46
par florence_yvonne
Gereve a écrit :Soit, alors comment s 'exprime-t-elle ?
j'exprime ma spiritualité par la contemplation de l'œuvre de Dieu, car, même s'il n'a envoyé aucun prophète, il nous a quand même créé.

Posté : 01 juil.08, 01:50
par Crovax
J'ai également une certaine idée de ma spiritualité.

Mon idéal est dans la négation de tous les idéaux, c'est pourquoi ce n'est pas à proprement parler un idéal, ou il se nierait lui-même. Il est issu de la prise de conscience de l'impermanence et d'une observation de soi.

Il se trouve dans un perpétuel dépassement de soi, qui est plutôt un perpétuel dépassement du soi. Les idéaux sont humains, mais comme dirait Nietzche, l'humain est quelquechose qu'il faut dépasser.

Posté : 01 juil.08, 01:59
par L'homme troisième
La prêcheuse a écrit : j'exprime ma spiritualité par la contemplation de l'œuvre de Dieu, car, même s'il n'a envoyé aucun prophète, il nous a quand même créé.
Moi c'est ça, tout est dans la définition de "dieu" maintenant, je suis persuadé qu'une définition pourrait se fondre dans le réel moderne.
Si je l'avais trouvée, je serais prophète. (innocent) (fleur-4)

Posté : 01 juil.08, 03:17
par Gereve
J'ai beaucoup aimé toutes les interventions qui suivent la mienne.
J'apprécie aussi l'honnêteté de Troisième, quand il écrit
L'homme troisième a écrit :Que des paysans s'en balancent, je le confirme, la nature ne s'appréhende pas sans un minimum d'éducation.
....................Quelque part, on peut penser que je me contredis, puisque je dis plus haut que l'adoration est innée, mais je vois mes interventions comme des mises à niveau de babyloniens pervertis .
Comme Rousseau, penserais-tu que l'homme est bon par nature et que c'est la société qui le corrompt? Je ne crois pas, il n'est ni bon, ni mauvais, il est les deux.
Pourrais tu préciser ?
Connais-tu une thèse sur l'appréhension du beau chez l'homme, thèse qui porterait sur une enquête dans un maximum de pays et de cultures?
Ta référence à l'adoration du soleil ou de la terre ne me convainc pas.

Posté : 01 juil.08, 07:11
par L'homme troisième
Je pense surtout qu'un campagnard d'origine est à son aise dans la nature, et je pense effectivement que se couper de la nature est la plus grave des perversions.
Pourquoi tu parles de beau ? Je ne parle pas de l'adoration devant une belle fleur, je parle des sensations que nous ressentons en nous baladant dans un milieu vivant, l'esthétique vient bien après (pour preuve : personne n'a jamais vu le soleil, tout le monde à sa vie organisée autour de lui).
Une thèse sur la haute importance du végétal dans l'organisation humaine, je te la sort si tu veux.

Posté : 01 juil.08, 20:27
par Gereve
OK, tu as raison, ce me semble, de faire la distinction entre " se sentir bien" et " trouver beau".

Je pense aussi que l'urbanisation est une telle perversion, que j'interdirais de construire dans les et autour des villes de plus de dix milles habitants.

Posté : 01 juil.08, 23:32
par L'homme troisième
:D Je suis, paradoxalement, un pur babylonien, j'ai besoin de la diversité des villes.
On fait beaucoup de progrès dans notre gestion de l'environnement (vraiment, vraiment beaucoup), il est donc pas forcément utile d'instaurer un chiffre limite, je penche plus en faveur de la généralisation des études d'impacts (de plus en plus difficile, puisque plus grand monde n'a la chance d'apprendre à connaitre la flore et la faune à la fac) et surtout de l'abandon de notre vision de la rentabilité, qui mène à des situations absurdes.

Posté : 02 juil.08, 04:51
par Gereve
Au fond, moi aussi, j'aime la diversité de la ville.
Mais d'un autre côté, je constate que les gens des villes se côtoient sans se parler ( Par rapport aux nombre de possibilités qu'il y a de se parler )

Pas de quota? Soit, mais alors un réaménagement de la ville tel que l'on s'y sente bien; J'ai connu Paris tel que chaque quartier était comme un village. Ce n'est plus du tout ça.