sceptique a écrit :
À ce que j'en sais, la circoncision masculine chez les jeunes garçons n'est aucunement comparable avec l'excision pratiquée chez les jeunes filles. Chez les jeunes filles excisées, c'est toute une partie de sa sexualité qui est enlevée... ce qui n'est aucunement le cas en matière de circoncision masculine, il me semble!
Il faut signaler qu'il existe quatre types de circoncision masculine:
► 1er type: amputation totale ou partielle de la peau du pénis qui dépasse le gland. Cette peau est appelée prépuce.
► 2e type: amputation du prépuce qui dépasse le gland et ensuite de la doublure du prépuce (peau entre la coupe et le gland). Ce type de circoncision est pratiqué par les juifs; la première opération est appelée milah et la deuxième, periah.
► 3e type: écorchage total de la peau du pénis et parfois du scrotum (peau des bourses). Cette forme de circoncision, appelée en arabe salkh, existe chez certaines tribus du sud de l'Arabie et de l'Afri-que noire.
► 4e type: fente de l'urètre, créant de la sorte une ouverture qui ressemble au vagin féminin. Appelé subincision, ce type de circoncision est encore pratiqué par des aborigènes d'Australie.
Face à ces quatre formes de circoncision masculine, il existe quatre formes de cir-concision féminine:
► 1er type: excision totale ou partielle du prépuce (capuchon du clitoris).
► 2e type: excision totale ou partielle du prépuce et du clitoris.
► 3e type: excision totale ou partielle du prépuce et du clitoris et excision partielle ou totale des peti-tes lèvres.
► 4e type: excision totale ou partielle des organes sexuels externes et suture/rétrécissement de l'ori-fice vaginal (infibulation).
Il faut donc voir de quel type de circoncision on parle.
Et dans tous les cas, il s'agit d'une atteinte à l'intégrité physique. En tant que telle, il s'agit d'un crime, à moins qu'il n'y ait une raison médicale évidente et actuelle.... ce qui est très rare.
Et si tu veux parler de sexualité.... je te copie ce qui suit de mon texte (qui va paraître dans un livre prochainement à Bordeaux):
Les milieux religieux juifs ont vu dans la circoncision masculine un moyen de réduire le plaisir sexuel de l'homme et de sa partenaire. Ils ont appuyé cette pratique en raison de leur perception négative de la sexualité. Philon (d. 54) écrit que le 1er but de la circoncision est «l'excision des plaisirs qui ensorcellent l'esprit . Il justifie le fait que l'Ancien Testament prescrit la circoncision des hommes et non pas des femmes par le fait que «plus que la femme, l'homme est sensible au plaisir et veut se marier et il y est plus préparé. C'est pourquoi à juste titre le législateur a laissé la femme et, par le symbole de la circoncision, a mis obstacle aux impulsions excessives de l'homme» . Maïmonide (d. 1204) écrit:
Je crois [...] que l'un des motifs de la circoncision, c'est de diminuer la cohabitation et d'affaiblir l'organe sexuel, afin d'en restreindre l'action et de le laisser en repos le plus possible [...].Que la circoncision affaiblit la concupiscence et diminue quelquefois la volupté, c'est une chose dont on ne peut douter; car, si dès la naissance on fait saigner ce membre en lui ôtant sa couverture, il sera indubitablement affaibli .
Le fameux théologien copte Ibn-al-'Assal (d. v. 1265) voit dans la pratique de la circoncision une utilité: «Certains médecins philosophes distingués disent que la circoncision affaiblit l'outil de la volupté, et ceci est souhaitable unanimement» . La référence ici est certainement à Maïmonide, décédé au Caire en 1204. On trouve la même idée chez Thomas d'Aquin (d. 1274) qui se réfère expressément à Maïmonide .
La même opinion se trouve chez les juristes musulmans. Ibn-Qayyim Al-Jawziyyah (d. 1351) écrit que la circoncision, tant masculine que féminine, modère la concupiscence qui, «si elle est exagérée, fait de l'homme un animal; et si elle est anéantie, fait de lui une chose inanimée. Ainsi, la circoncision modère cette concupiscence. De ce fait, tu ne trouves les hommes et les femmes incirconcis jamais rassasiés de l'accouplement» . Al-Mannawi (d. 1622) rapporte de l'imam Al-Razi (sans déterminer son identité):
Le gland est très sensible. S'il reste caché dans le prépuce, il fortifie le plaisir lors de l'accouplement. Si le prépuce est coupé, le gland se durcit et le plaisir s'affaiblit. C'est ce qui convient le mieux dans notre loi: réduire le plaisir sans le supprimer totalement, un juste milieu entre l'excès et la négligence .
Aujourd'hui, les opposants à la circoncision masculine s'accordent avec les auteurs anciens susmentionnés qu'elle réduit le plaisir sexuel, lequel est perçu comme un droit individuel. Ils disent que ce plaisir est obtenu non pas par le gland, mais par la couronne du gland, le frenulum et le prépuce. La circoncision prive l'homme d'une partie de la peau du pénis plus ou moins grande selon la coupe, et qui peut aller jusqu'à 80% du total de cette peau. La partie coupée contient 78 mètres de nerfs et plus de 20.000 fins de nerfs. Par la circoncision, les muscles du prépuce, les glandes, les membranes muqueuses et le tissu épithélial sont détruits. Il arrive aussi que la circoncision lèse le frenulum . L'amputation du prépuce et le manque de matière lubrifiante du pénis rendent l'acte sexuel lui-même plus douloureux aussi bien pour la femme que pour l'homme. Celui-ci est parfois contraint de recourir à un lubrifiant chimique nuisible à la santé.
Voyant que l'éthique sexuelle change, les défenseurs de la circoncision masculine renversent les arguments de leurs aînés. Ils affirment désormais que la circoncision ne réduit pas la concupiscence puisque les circoncis et leurs partenaires ne s'en plaignent pas. Ils estiment qu'elle pourrait même renforcer le plaisir en retardant l'éjaculation. On trouve de tels arguments chez des auteurs égyptiens. Ainsi le Dr Ramadan dit que l'ablation du prépuce «dénude le gland et augmente sa jouissance» .
Quant à Al-Sayyid, il écrit:
Il paraît que la circoncision masculine a un effet indirect sur la force sexuelle. Des statistiques de certains instituts scientifiques prouvent que la copulation des circoncis dure plus longtemps que celle des incirconcis, ces derniers éjaculant plus rapidement. Par conséquent, les circoncis jouissent plus et offrent plus de jouissance et de satisfaction que les incirconcis .
Il n'y a aucune preuve scientifique établissant le lien entre l'incirconcision et l'éjaculation précoce. Aux États-Unis ou en Israël, deux pays au taux élevé de circoncision, les circoncis souffrent aussi de ce défaut.
Avec la circoncision féminine, nous avons la même controverse qui entoure la circoncision masculine. Les juristes musulmans classiques y voyaient un moyen de réduire la concupiscence, raison pour laquelle ils l'appuyaient. Un des récits de Mahomet lie entre cette pratique et le plaisir sexuel. S'adressant à une circonciseuse, il lui aurait dit: «Coupe peu et n'exagère pas car cela rend le visage plus rayonnant et c'est meilleur pour l'homme». Commentant ce récit, Al-Jahidh (d. 868) écrit:
La femme au clitoris trouve un plaisir que la circoncise ne trouve pas. Ce plaisir est proportionnel à la quantité amputée [...]. Le prophète dit à la circonciseuse: «O Um-'Atiyyah, coupe peu et n'exagère pas car cela rend le visage plus rayonnant et c'est meilleur pour l'homme». On dirait que le prophète souhaitait réduire sa concupiscence dans la mesure où cela la rendrait modérée. Car si la concupiscence est anéantie, le plaisir n'a pas lieu, et l'amour entre les conjoints diminue. Or, l'amour entre les conjoints est un frein à la débauche [...]. Le juge Jannab Ibn Al-Khashkhash prétend avoir compté les femmes circoncises dans un seul village, et avoir découvert que les femmes chastes sont circoncises et les débauchées, incirconcises. L'adultère et la recherche des hommes sont plus généralisés chez les femmes [incirconcises] de l'Inde, de Byzance et de Perse parce qu'elles ont plus de concupiscence envers les hommes. C'est la raison pour laquelle l'Inde a établi des maisons pour les prostituées. On dit que cela n'est dû qu'au fait qu'elles ont un clitoris et un prépuce abondants .
Ce passage est souvent cité par les juristes classiques et modernes . Selon Ibn-Qayyim Al-Jawziyyah (d. 1351), la circoncision, tant masculine que féminine, modère la concupiscence qui, «si elle est exagérée, fait de l'homme un animal; et si elle est anéantie, fait de lui une chose inanimée. Ainsi, la circoncision modère cette concupiscence. De ce fait, tu ne trouves les hommes et les femmes incirconcis jamais rassasiés de l'accouplement» . Al-Baji (d. 1081) rapporte de Malik qu'il dit: «Celui qui achète une esclave qu'il la circoncise s'il veut l'enfermer. Mais si c'est pour la revendre, il n'est pas tenu de la circoncire» . Ce qui signifie que l'esclave circoncise sera plus facile à maîtriser à la maison.
Les opposants modernes à la circoncision féminine basent leur opposition, entre autres, sur le fait qu'elle réduit le plaisir sexuel de la femme, lequel est perçu comme un droit individuel. Ainsi, le Dr Nawal Al-Saadawi, elle-même circoncise, écrit:
Le clitoris se distingue par le fait qu'il est le seul organe érectile lors de l'excitation sexuelle et il est le nerf le plus sensible au plaisir sexuel. C'est lui qui conduit la relation sexuelle du début jusqu'à sa fin. Sans lui la femme ne peut pas parvenir à l'orgasme .
Les défenseurs actuels de la circoncision féminine affirment au contraire qu'elle ne réduit pas la concupiscence et qu'elle pourrait même renforcer le plaisir de l'homme et de la femme si elle est faite dans les limites du récit de Mahomet: «Coupe peu et n'exagère pas». Et même lorsque la circoncision est exagérée, elle n'empêche pas la femme d'avoir un plaisir sexuel. Enfin, les hommes dans certaines cultures vont jusqu'à préférer les partenaires circoncises aux incirconcises.
Signalons ici qu'on trouve des plaidoyers en faveur de la circoncision féminine aux États-Unis dans un article de 1973 du Dr Wollman, un chirurgien gynécologue à Maimonides Hospital , et dans un livre de 1975 du Dr Burt intitulé La chirurgie de l'amour . Les publications populaires américaines étaient aussi en faveur de cette pratique. Playgirl a publié en octobre 1973, un article intitulé La circoncision pour les femmes la plus douce de toutes les coupures , suivi en mai 1975 d'un article intitulé Une chirurgie à 100 US$ pour une vie sexuelle à un million de dollars . Cette revue a publié en octobre 1975, une lettre de remerciement d'un médecin dans laquelle il dit avoir fait cinquante opérations de ce genre et que «probablement 10 à 15% de toutes les femmes peuvent en profiter sexuellement» . En novembre 1976, Cosmopolitan a publié un article décrivant les opérations faites le plus fréquemment pour améliorer les réactions sexuelles. La circoncision féminine figurait en tête de la liste avec la réclame qu'elle pourrait profiter à 10% de toutes les femmes qui ont un clitoris non coopératif .
Ce qui précède démontre que la circoncision féminine n'a pas toujours été perçue comme un moyen de réduire la sexualité de la femme, bien au contraire. Les informations concernant l'impact négatif de la circoncision féminine restent contradictoires même lorsqu'elles émanent d'opposants. Ainsi, l'étude de Marie Assaad portant sur 135 infirmières en Égypte a établi qu'il n'y a pas de corrélation entre la satisfaction sexuelle et la circoncision. 90% des circoncises ont répondu qu'elles jouissaient des relations sexuelles. Mais Assaad indique que ces chiffres doivent être pris avec précaution en raison de la nature complexe et intime des questions sur l'expérience sexuelle et la réticence dans ce domaine . Le Dr Nahid Toubia écrit:
Tous les types de mutilations sexuelles féminines entravent à un certain degré la réponse sexuelle des femmes mais ne suppriment pas nécessairement la possibilité d'avoir le plaisir sexuel et l'orgasme [...]. Certains tissus sensitifs du corps et du crura du clitoris sont enfouis profondément près de la symphyse pubienne et ne sont pas supprimés lorsqu'on ampute la partie saillante .