marie1 a écrit :non, tu n'as rien deviner..tu es arrivé à conclure dans ton ancien poste que l'âme n'existe pas mais qu'il s'agit plutôt de sujet pensant..ma question était claire: est ce qu'on nait sujet pensant?
Oui. Même si la conscience n'est qu'une partie infime de l'exercice de la pensée et qu'on n'est pas obligé d'être conscient de soi pour être sujet pensant.
marie1 a écrit : à savoir que l'on ne devient sujet qu'en s'étant inscrit dans une subjectivité qui nécessite l'emploi du "je"
Attention, tu fais aboyer le mot "chien" : Même lorsqu'il n'est pas défini par autrui ou par lui-même en tant que tel, un sujet pensant demeure un sujet pensant.
"Je" n'est qu'un concept, simplifiant une réalité beaucoup plus complexe que l'idée que nous nous faisons de nous en tant que sujet.
"Je" n'est pas au sein du réel, il est une représentation de manifestations du réel en fonction de la manière dont le sujet les envisage (son filtre cognitif).
Si quelqu'un ignore le concept "je", cela ne l'empêche pas d'être capable de penser.
marie1 a écrit :Descartes: "je pense, donc je suis"
Tu énonces ceci comme une vérité. Descartes était un penseur du 17e siècle qui n'avait pas accès à la somme de toutes les connaissances que nous avons depuis acquises sur le fonctionnement du psychisme.
Il faudrait reformuler son assertion ainsi : « Je fais l'expérience de l'exercice d'une pensée. De manière intuitive, je sens que s'il y a pensée il y a penseur. L'auteur de cette pensée dont je fais l'expérience, je le représente sous le concept de "Je", dont j'ai intuitivement une idée. »(1) "Je" n'existe pas
en soi, mais
pour le sujet.
marie1 a écrit :[...]Un bébé qui vient de naitre est-il conscient?
La conscience est la partie de la pensée gérée par une partie très particulière du cerveau qui compte le plus grand nombre d'interconnexions neurales. Elle est donc très gourmande en énergie et n'est employée que pour résoudre des problèmes non automatiques très précis. Le nouveau-né a une conscience embryonnaire moins développée que certains mammifères adultes, mais il se rattrape très vite.
marie1 a écrit :Le bébé nait avec des automatismes qui sont de l'orde de l'inconscient qui est contraire à la notion du sujet qui se veut bien conscient pour dire: je pense, je suis....ses gestes sont automatiques, que tu lui donnes un biberon ou ton petit doigt, il aura le réflexe de têter..l'apprentissage commence toujours par l'automatisme, l'imitation et ensuite l'être se met à penser à un âge avancé..
Donc, si l'âme n'existe pas, et qu'il y a que des sujets pensants, donc tout bébé qui naisse est sujet pensant, ce qui est en grande contradiction avec ce qui se passe dans le réel (voir les travaux de piaget)
Je connais très bien Piaget. Peux-tu citer l'ouvrage (titre, lieu, date) et les passages (pages) qui seraient en contradiction avec la manière dont je présente l'exercice de la pensée (et de son éventuellement part consciente) ?
Je le répète : penser n'est pas forcément un exercice conscient. Un concept n'est pas forcément conscient (en fait il n'existe aucun concept totalement conscient, ça ne signifie rien).
Elle est totalement dépendante de notre corps et croire qu'elle peut s'en détacher est naïf.
marie1 a écrit :Si l'on admet que la pensée ne vient que plus tard à un moment donné où le cerveau aura cette capacité de penser..qu'y avait-il avant? un corps dépourvu d'âme et de pensée?
Avant ? Une réaction chimique très, très complexe, initiée il y a des milliards d'années et qui se poursuit en transmettant de l'information dans des molécules organiques qu'elle organise progressivement.
Progressivement cela va acquérir ce que tu appelles "corps" et "pensée" de manière émergente.
Poursuis un peu ta logique : imagine que la femme enceinte mange un abricot. Une molécule de glucose de cet abricot passe à travers son organisme pour aider à construire le bébé. Cette molécule est-elle encore "abricot" ? À partir de quel moment précis devient-elle "bébé" ? Cette molécule va ensuite être brûlée pour faire fonctionner le système nerveux central du bébé. À partir de quand ne sera-t-elle plus "bébé" pour devenir "pensée" + "excrément" ?
marie1 a écrit :[...]il reste la solution de l'âme...
L'âme serait donc pour toi "ce qui fait bouger un individu inconscient" ? Mesures-tu tous les paradoxes que pourrait générer ce concept ?
marie1 a écrit :Le cas du fou, est-il sujet pensant? lui qui est inconscient de ses actes? est-il "sujet"?
Comme je disais, la pensée ne nécessite pas qu'on soit conscient.
marie1 a écrit :en sachant que sujet veut dire "être soumis" en linguistique d'où les notions d'assujetti...Qu'est ce qui maintient ce fou en vie? c'est son corps uniquement? c'est un robot? donc ce n'est pas un être humain? c'est une pierre ou un objet qui est alimenté par une pile qui va s'éteindre un jour ou l'autre?
Note qu'un "fou" comme tu l'appelles est parfaitement conscient. Il y a une différence entre "être conscient du sens que ses actes ont pour autrui", "être conscient des conséquences (notamment sociales) de ses actes" et "avoir une activité cérébrale consciente". Tu confonds les trois. Un individu en état de mort cérébrale ou dans le coma est effectivement inconscient. Mais pas un fou.
Concernant tes remarques, ta définition d'âme se complexifie :
Âme = "ce qui fait bouger un individu, le fait vivre, fait de lui un être humain".
Toi qui cites Piaget, je t'invite à (re)lire
L'épistémologie génétique (Paris, PUF, 1970), notamment p. 68 et suiv. Tu mesureras combien ta proposition est intenable. La vie est un processus qui ne "contient" pas l'information psychique d'une génération à l'autre, mais qui permet l'initialisation de systèmes complexes que, dans notre manière humaine de nous représenter les choses, nous appelons "pensée" et qui est en fait une propriété du système.
Croire que la représentation du système peut être séparée du système, c'est comme croire que le mot "chien" peut aboyer même sans la présence réelle d'un chien.
marie1 a écrit :Voilà, ma preuve, quant à l'existence de l'âme...
Et voici plus haut la ruine de tes arguments.
marie1 a écrit :ce qui fait la différence entre toi et une pierre ce n'est pas ta pensée premièrement..c'est bel et bien la combinaison âme/corps...
Ce qui fait la différence entre une pierre et nous, c'est que l'information qui traverse la matière n'est pas ici de la même chaîne des causalités.
Puisque tu cites des chercheurs, je t'en cite à mon tour : Jacques Monod,
Le Hasard et la nécessité (Paris, Seuil, 1970). Lis les pages 19 à 29. Il parle précisément de ce qui fait la différence entre un bloc de quartz et un être vivant. Si tu te poses
sincèrement des questions à ce sujet, tu seras ravie de lire ces pages.
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(1) Voir à ce propos ce que je dis à Aëltas là-bas :
http://www.forum-religion.org/post509256.html#p509256