Asarha a écrit :Ce n'est pas que le "hasard" ne me plait pas. c'est qu'il est une croyance scientifique des plus délétères et antiscientifique, d'ailleurs au passage. (je met ça de côté je développerais plus tard au besoin).
Peux-tu citer une publication scientifique (auteur, laboratoire/université, titre, date, cote) où un auteur objective la notion de hasard ?
Asarha a écrit :Le hasard, c'est une croyance premièrement. il ne peut être démontré (toute démonstration que le hasard existe est une ineptie d'ailleurs, car le hasard est une négation, la négation de la possibilité d'expliquer/prévoir quelque chose; or, de même qu'on ne peut démontrer l'inexistence de dieu, on ne peut démontrer l'existence du hasard, ce sont des choses basiques et aisées à saisir).
Te voilà bien affirmatif. Je me permettrais de nuancer tes propos :
1. J'ai l'impression que tu confonds "croire" dans son acception scientifique (tenir pour vrai jusqu'à preuve du contraire) et "croire" dans son acception religieuse (tenir pour absolument vrai).
2. Tu sembles également prêter à la science des modalités d'appréhension des manifestations du réel qu'elle n'a pas. Elle se contente de tenir un discours prédictif, vérifiable et réfutable sur la réalité manifestée. Elle dépend donc du filtre cognitif du sujet connaissant et n'énonce aucune vérité absolue.
3. La notion de hasard désigne plusieurs choses : la part d'inconnu dans un modèle scientifique (lequel peut demeurer prédictif malgré ses limites déterministes), la contingence des conditions initiales, etc. Lancer un dé est un geste entièrement déterministe. Toutefois les mécanismes en jeu sont tellement nombreux et entretiennent des relations tellement complexes qu'au bout du compte on ne peut s'exprimer que sur des bases probabilistes. Surtout si l'intérêt est de lire le résultat du lancer (lorsqu'il appert que la loi des grands nombres rend le résultat de chaque face équiprobable). Pour comprendre le réel, il faut commencer par le simplifier, c'est-à-dire décréter "mêmes" des manifestations du réel différentes. La connaissance est de ce point de vue une action épistémologiquement destructrice autant qu'elle est constructive. Ainsi un astre est-il réduit en astronomie à un point dans l'espace affecté d'un poids, d'une direction et d'une vitesse. C'est à ce prix que l'on peut connaître.
4. Certaines connaissances amènent à introduire la notion de hasard. Cela ne signifie pas que le scientifique substitue l'explication suprême du monde à cette simple notion, mais juste que pour obtenir un modèle qui marche, les mathématiques probabilistes lui seront plus utiles que la somme colossale de toutes les informations de l'univers.
5. Concernant dieu, dès lors qu'on le définit il est possible de se prononcer sur ses possibilités d'existence selon une approche épistémologique. Et il appert qu'effectivement il n'existe pas, comme je le démontre là-bas :
http://www.forum-religion.org/viewtopic ... 50&t=21802 (Si tu vois une faille logique dans la démonstration, n'hésite pas à en faire part là-bas.)
6. Tu sembles faire de l'existant quelque chose d'indépendant du sujet connaissant. Or rien n'existe sans le sujet connaissant.
Asarha a écrit :et là, problème, moi, pour ma part, je ne crois pas au hasard. Nombre de choses le justifient, on pourrait en passer par la démonstration de la légitimité de l'intuition, ensuite, constater l'omniprésence de l'incroyance au hasard intuitivement, et enfin en déduire son inexistence, ce serait assez long et fastidieux.
C'est surtout une attitude vaine, dans la mesure où le hasard pur n'existe pas. Aucune connaissance scientifique n'introduit le même hasard, mais bien une somme de contingences circonscrites au modèle. (Par exemple, la thermodynamique quantique, qui fait appel à la notion de hasard, exclut totalement l'apparition de trois lapins roses sur un air de musique tyrolienne pendant une expérience.)
Je crois surtout que la notion de hasard t'est insupportable car tu l'opposes à celle de
décision (alors qu'il faudrait l'opposer plutôt à celle de
précision) car j'ai dans l'idée que la décision en question, c'est celle de l'agent surnaturel qui habite tes pensées et que tu nommes "dieu".
Asarha a écrit :Remarquons simplement que la théorie darwinienne est centrée sur le hasard.
La théorie de Charles Darwin, très éloignée de la TSE soit dit en passant, inclut dans ses mécanismes un certain nombre de contingences. Ces contingences n'ont rien à voir avec le hasard contenu, par exemple, dans les modèles de transitions de phases.
Asarha a écrit :Ce n'est que ce point-là qui est inepte. Le reste de la théorie (dont je ne connais que les contours, je le conçois), ne m'a pas encore gêné pour le moment.
À lire de toute urgence pour faire le tri dans tes connaissances entre celles qui sont exactes, celles qui sont erronées et celles qui sont imprécises : Monod Jacques,
Le Hasard et la Nécessité. Essai sur la philosophie naturelle de la biologie moderne [1970], 2e éd., Paris, Seuil, 1973.
Asarha a écrit :J'y vois, pour ma part, le fonctionnement de l'harmonie cosmique,
Sauf que l'univers n'est pas harmonieux. Ne peut être harmonieuse qu'une représentation très simplifiée de la réalité et, surtout, pour un sujet observant. Rien n'est harmonieux
en soi.
Voir dans ces mécanismes la trace d'une décision humaine supérieure n'est qu'une projection humanocentriste.
Cf. le chapitre 3 de Boyer Pascal,
Et l'homme créa les dieux, Paris, Gallimard, 2001.
Asarha a écrit :allié au libre arbitre.
Le libre arbitre suppose une entité magique qui l'octroie (afin de résoudre le "paradoxe de la créature") et est une croyance que les sciences cognitives ont, me semble-t-il, définitivement chassé désormais.