shaena1 a écrit :Je discutais avec des personnes en leur demandant si vous pourriez reproduire les éléments atmosphériques nécessaires afin de nous prouver qu'une bactérie et une eucaryote primitive peuvent fusionner pour donner la vie concrète.
Je te lis plusieurs fois énoncer cette hypothèse, mais j'aimerais bien savoir d'où tu la sors.
shaena1 a écrit :Il parait que c'est possible avec l'argent qu'il faut et avec la volonté des croyants de vous laisser faire. Faites donc, cela fera avancé les choses
Tu ne sais pas exactement comment procède la science pour établir des certitudes, n'est-ce pas ?
shaena1 a écrit :J'ai un lien de 60 articles à lire, et je suis sûr que je vais trouver une cohérence dans cette théorie mais sans preuve réelle, je ne pense pas que je vais y croire.
Pourtant les preuves réelles ne manquent pas.
On a déjà dû te le dire, mais l'apparition de résistances des agents infectieux aux antibiotiques est une manifestation flagrante d'évolution. (À moins que tu n'aies un autre scénario scientifiquement étayé pour expliquer ce phénomène, ce dont je me permets humblement de douter.)
shaena1 a écrit :C'est le départ qui me bloque comme vous le fait que Dieu créé la vie d'un coup de "saint esprit".
Le problème vient souvent de ce que l'on prête aux mots une ascendance par rapport aux choses qu'ils décrivent alors qu'ils ne correspondent qu'à une approximation de la réalité telle qu'elle se manifeste selon le filtre humain.
Le mot "vie" est tout aussi arbitraire que "fin", "limite", "arbre", "lune", etc.
Pour le mot "lune", par exemple, tout le monde est persuadé qu'il décrit un objet très précis. Mais dès lors qu'on s'attache à le définir, il existe toujours des situations paradoxales montrant qu'il s'agit bien d'une approximation humaine.
Par exemple, toute définition matérielle, concrète, du mot "lune" se heurte à la situation suivante : imaginons une roche filant à travers l'espace en direction de la lune. Tout le monde sera d'accord pour dire qu'elle n'est pas la lune. Mais une fois qu'elle l'aura atteinte, devient-elle une partie de la lune ou pas ? Et si dans l'impact un morceau de lune se détache et arrive sur terre, ce morceau doit-il être considéré comme encore lune ?
C'est la même chose pour notre corps : les atomes qui le constituaient une décennie auparavant ont maintenant presque tous laissé la place à d'autres.
Ainsi en est-il de la "vie" : depuis la soupe primitive prébiotique que constituaient les océans aux origines de la terre, gorgés de molécules organiques complexes, jusqu'à la situation de nos jours, entre ces deux moments séparés par plusieurs milliards d'années la "vie" telle qu'on se la conçoit généralement est apparue. Mais elle n'est certainement pas apparue d'un coup, plutôt de manière extrêmement progressive.
Certains diront (arbitrairement) qu'elle a commencé avec l'apparition aléatoire et très improbable(1) de molécules réplicatives, c'est-à-dire qui ont la capacité de générer des copies d'elles-mêmes si elles sont mises en présence des éléments chimiques pour le faire (lesquelles ont tôt fait de coloniser toute la planète). (Note que l'ADN et l'ARN sont loin d'être les seules molécules réplicatives que l'on connaît et que l'on sait synthétiser.)
D'autres diront (tout aussi arbitrairement) que la "vie" a commencé lorsque toutes les molécules organiques disponibles dans la soupe primitive prébiotique ont commencé à manquer et que les molécules réplicatives sont entrées en compétition(2).
D'autres encore (là encore, arbitrairement) que c'est plutôt lorsqu'au fil des variations(3) des molécules ont acquis la possibilité chimique de prélever les éléments dont elles ont besoin pour se répliquer non plus dans la soupe primitive mais directement sur les autres molécules réplicatives (à la naissance de la prédation, en quelque sorte).
Et ainsi de suite.
Tu sembles penser que pour la science tout a vraiment commencé lorsqu'un organisme (qui deviendra plus tard la mitochondrie) a colonisé (au niveau du cytoplasme) une cellule plus organisée, procurant aux deux un avantage évolutif mutuel (l'un protégeant l'autre, l'autre fournissant de l'énergie à l'un) pour donner naissance aux eucaryotes, donc aux organismes complexes, dont nous sommes les gigantesques représentants. En fait en aucun cas les scientifiques ne définissent ce moment comme le début de la vie (à ce stade, ça faisait déjà très longtemps qu'elle était apparue, quelle que soit sa définition), mais simplement comme celui de l'origine des formes de vie multicellulaire(4).
Comme tu peux le constater, rien de magique là-dedans. Que du concret, de plus en plus étayé par toutes les connaissances scientifiquement établies. Le problème n'est qu'une histoire de mots. Mais tout comme le mot "chien" n'aboie pas, ce n'est pas parce que nous éprouvons des difficultés à nommer ce phénomène évolutif bien concret que ça le rend moins possible.
Tu pourras toujours chercher un
instant t de l'apparition de la vie, c'est peine perdue. Seuls des discours très naïfs et très réducteurs décrivent ainsi l'apparition de la vie.
Mot-clef :
émergence.
Tu peux également consulter l'article Wikipedia sur l'origine de la vie qui, même s'il est incomplet, est très abordable :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Origines_de_la_vie
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(1) Improbable seulement localement et instantanément. Reporté à des milliards de milliards de milliards (etc.) de réactions chimiques sur un temps très long, leur apparition devenait très probable.
(2) Inconsciemment, bien entendu. C'est une façon de dire que les molécules les plus efficaces (plus rapides à se synthétiser, moins voraces en énergie, etc.) ont pris le dessus sur les autres.
(3) Les réplications pouvant connaître des "erreurs", les molécules "ratées" cessent de progresser et deviennent inertes (ceux qui disent que c'est déjà de la vie diront qu'elles "meurent"). Mais parfois (de façon très rare, mais arrivant fatalement au bout d'un très grand nombre de réplications) une molécule "ratée" se trouve finalement être plus efficace que celle dont elle est la réplique. Du coup, elle se réplique mieux et plus vite que celles dont elle est issue et ce nouveau modèle de molécule prend progressivement la place de l'ancien. C'est une variation, selon un schéma maintenant très bien connu des scientifiques qui s'intéressent aux systèmes réplicatifs (dont l'évolution n'est qu'un des très nombreux exemples).
(4) En fait les choses sont un peu plus complexes que cela car il existe quelques organismes procaryotes multicellulaires, même s'ils ne sont pas très complexes ni très répandus.