sbeu a écrit :Bonjour,
Je souhaiterai connaître l'avis de juifs sur le problème suivant:
D'après ce que j'ai pu comprendre pour m'y être quelque peu intéressé, il semble y avoir deux façons pour un juif de qualifier autrui de juif: il y aurait d'une part le juif de sang juif et judaïste et, d'autre part, le juif de sang juif et non judaïste (athée, chrétien ou autres).
Question au juif de sang juif et judaïste: considèrez-vous le juif non judaïste comme juif?
Question au juif de sang juif et non judaïste: vous considérez vous toujours juif?
Je fais cette remarque car je dois reconnaître que quelque chose me gêne: si un juif non judaïste se reconnaît comme Juif, cela impliquerait que celui-ci reconnaît le peuple juif comme une race, un peu comme il a pu être question de race royale ou aryenne (pure) ou race nègre (impure, sous race) en d'autre temps.
Pour ma part, je ne reconnais pas de race, rassurez-vous, je crois en l'égalité du logos. Seulement je souhaiterais connaître l'avis général des juifs sur cette question car, bien que s'agissant d'un sujet délicat, il est important d'en discuter. En résumer un juif parle-t'il, au delà de la religion, de race juive?
Question au juif de sang juif et judaïste: considérez-vous le juif non judaïste comme juif?
Question au juif de sang juif et non judaïste: vous considérez vous toujours juif?
Bonjour,
Vous posez deux questions qui n’en sont qu’une et qui en réalité porte a un autre thème qui est : Si le peuple d’Israël est élu, peut-on devenir juif ?
Tout d’abord un point : évitez le terme judaiste qui n’existe pas et qui réveille chez les juifs immédiatement un sens de mépris. Dites simplement un juif qui pratique et un juif qui ne pratique pas. Cela est plus simple et plus clair.
Pour répondre il faut d’abord savoir que celui qui nait de mère juive, que le père soit juif ou non, est juif par la naissance. Cette loi est en vigueur depuis Ezra et le retour de l’exil Babylonien. Nous le déduisons par le fait qu’Ezra demande aux juifs de se séparer des femmes non-juives et si elles ne se convertissent pas de les éloigner.
Avant cette période le judaïsme était aussi transmissible par voie paternelle et cela avait une importance surtout pour ce qui était de l’appartenance tribale, en effet l’appartenance à une tribu dépendait du père. Il reste de nos jours une trace de cette tradition avec les Lévites et les Cohanim (les prêtres descendant de la famille d’Aaron). Une personne est Levi ou Cohen parce que sont père est Levi ou Cohen.
Quand se sont perdu les tribus, dans un premier temps avec la conquête du royaume du nord, le royaume d’Israël puis avec le royaume de Judas (compose de 2 tribus celle de Benyamin et de Judas), il n’est reste que la tradition de la tribu de Levi et des Cohen (qui sont une famille particulier de la tribu de Levi) car cette tribu a un rôle précis dans les travaux du Temple et le sacerdoce.
Avec les romains et les guerres qui s’en sont suivi, le nombre de viol des femmes juives a été très important et s’est posé la question de savoir le statu de ces enfants nés de ces viols. Etaient-ils juifs ou non ? Les rabbins s’appuyant sur l’exemple d’Ezra conclurent que si Ezra demandait aux hommes de se séparer des non-juive c’est parce que les femmes étaient celles qui transmettaient le judaïsme, donc tout enfant né de mère juive est juif.
De plus les rabbins ont considéré que durant la gestation existait déjà un rapport entre la mère et l’enfant et que ce dernier recevait un enseignement de la mère, ou plutôt une prédisposition à recevoir l’enseignement de la Torah et donc cela renforça l’idée de la transmission par la mère. Un midrash dit que les enfants reçoivent, durant leur vie in utero, l’enseignement de toute la Torah et qu’au moment de la naissance un ange vient et leur pose un doigt sur la bouche afin qu’ils puissent réapprendre toute la Torah.
Enfin un dernier point a joué dans le choix de la transmission par la mère du judaïsme c’est un élément pragmatique. Mater certis, pater non semper, de la mère nous sommes certains du père pas toujours. Il s’agissait de ne pas perdre ces enfants pour le peuple d’Israël et par conséquent les accueillir était normal.
Ce point étant éclairci, venons à la question : un juif qui ne pratique pas son judaïsme est-il toujours juif ? La réponse est simple et est donnée par le talmud qui dit :
«ישראל אפילו שחטה ישראל הוא »
Israël Afilou Che-khatà Israël Hou
Israël {sens de juif} même s’il a transgressé (ou transgresse) est Israël
Peu importe s’il croit ou non, s’il observe les mitzvoth ou non, un juif reste un juif. Même un juif Moumar (qui se converti à une autre religion) reste juif et s’il veut revenir au judaïsme, il ne doit pas faire de conversion simplement faire Teshouvà (retour). Et cette règle est valable autant pour le juif de naissance que pour le juif par conversion. En effet un non-juif qui se convertit, une fois converti est juif à tous les effets sans aucune restriction et donc sujet à la Loi dans son ensemble. S’il devient juif non religieux il reste juif, et s’il retourne a sa religion d’origine il reste juifs et pourra revenir par Teshouvà comme n’importe quel juif.
Il n’y a pas de race juive, ni de sang juif, il y a une culture juive et une identité juive et elle est ouverte a tous.
Certes le judaïsme n’est pas prosélyte mais cela parce que dans le Torah le fait d’être monothéiste est suffisant et il n’y a pas besoin d’imposer aux hommes d’être juif, s’ils suivent les 7 lois de Noé, ils auront la même récompense qu’Israël. Mais il est possible de devenir juif, cela est un parcours long et d’étude et de foi. Un cheminement. Etre juif n’est pas uniquement une foi mais aussi une vie, un modus vivendi qui donne une forma mentis. Une manière de vie qui influence une manière de pensée et cela s’acquière par la pratique des commandements de la Torah. Les juifs de naissance reçoivent cela dans leur famille, par l’éducation et la pratique des fêtes, c’est toute l’enfance puis la vie d’adulte qui est la formation. Le converti doit acquérir cela dans un laps de temps plus court et donc c’est un travail difficile où le rabbin l’accompagne durant 3, 4,5 années avant que celui-ci soit prêt. Il faut au converti changer sa forma mentis et donc intègre le modus vivendi du judaïsme.
Il ne s’agit à aucun moment d’élitisme ou d’impureté. Vous avez des juifs européens, des juifs orientaux, des juifs noirs (éthiopiens), des juifs indiens (des Indes dit Beta Israël) des juifs chinois, japonais et même des juifs indiens d’Amériques. Peu importe l’origine, l’important est de se sentir partie du peuple juif, de partager une même histoire, une même aspiration et une même foi en un D. unique comme le dit le verset : Shemà Israël A-donaï Elokhenou, A-donaï Ekhad (Ecoute Israël le Seigneur est notre D., le Seigneur est Un).
Cordialement