Il est important de revenir encore et encore sur les versets controversés. C'est une bonne démarche, malgré les intentions qu'on peut avoir ce faisant.
Le voleur et la voleuse, à tous deux coupez la main, en punition de ce qu'ils se sont acquis, et comme châtiment de la part d'Allah. Allah est Puissant et Sage.
Contexte
1. Une société de partage.
La société musulmane primitive, dont on sent encore l'influence aujourd'hui, revendique des valeurs d'accueil et d'hospitalité. C'est une société où les plus pauvres sont prêts à se dépouiller du peu qu'ils possèdent pour en faire cadeau à un voyageur les sollicitant. Les portes sont ouvertes, des places vacantes sont laissés à chaque table. Si dans cette société il est aussi facile d'obtenir des biens qu'en les demandant, voler est une offense grave. Couper la main ne vise pas à réparer une offense matérielle, car le bien volé aurait été accordé si demandé en bonne et due forme. Il inflige une sanction à la mesure d'une indignité proportionnelle à la générosité institutionnelle de l'islam primitif.
2. Une société sans prisons.
La Péninsule Arabique au début du Moyen-Age, c'est une société avec seulement des embryons de cités-états. Il n'y a pas de police, pas de tribunaux, pas de prisons. Les voleurs ne pouvant être écartés de la société par une peine de prison, seule une sanction corporelle peut neutraliser leur mauvais comportement.
Combattez ceux qui ne croient ni en Allah ni au Jour dernier, qui n'interdisent pas ce qu'Allah et Son messager ont interdit et qui ne professent pas la religion de la vérité, parmi ceux qui ont reçu le Livre, jusqu'à ce qu'ils versent la capitation par leurs propres mains, après s'être humilies.
Le contexte de la sourate est pourtant très clair : les musulmans ont passé des pactes, qui ont été unilatéralement brisés. Le Prophète accorde plusieurs mois aux rompeurs de pacte pour évacuer la ville sainte. Après quoi la menace de guerre est brandie ici, bien qu'entourée de prescriptions indiquant notamment que les ennemis qui déposent les armes doivent être escortés en lieu sûr.
"Les Juifs disent : "Uzayr est fils d'Allah" et les Chrétiens disent : "Le Christ est fils d'Allah". Telle est leur parole provenant de leurs bouches. Ils imitent le dire des mécréants avant eux. Qu'Allah les anéantisse! Comment s'écartent-ils (de la vérité)"
Je ne vois pas ici quoi que ce soit de choquant.
"La fornicatrice et le fornicateur, fouettez-les chacun de cent coups de fouet. Et ne soyez point pris de pitié pour eux dans l'exécution de la loi d'Allah - si vous croyez en Allah et au Jour dernier. Et qu'un groupe de croyants assiste à leur punition".
Contexte
1. L'adultère est une grave déviance
Pourquoi ? Parce dans l'islam, rien n'est plus facile que de se marier ou de divorcer. Le mariage n'est pas un sacrement comme dans le christianisme, mais un contrat civil entre deux partis. Les hommes peuvent épouser plusieurs femmes. Les femmes peuvent divorcer, et elles ont des garanties quant à leur patrimoine et leur statut social. Dès lors, pourquoi tromper un époux ou une épouse ?
2. La condamnation est quasi-inapplicable
Pourquoi ? Parce qu'il faut produire 4 témoins à charge à propos de l'adultère. C'est exceptionnel de réunir quatre témoins qui auront directement assisté à l'acte d'adultère, puis qui acceptent de comparaître. Pour que la sentence soit appliquée, il faut donc que l'adultère en plus d'avoir eu lieu, se soit produit au vu et au su d'un certain nombre de personnes. S'il s'agit de faux témoignage, il faut savoir que le parjure et la calomnie par rapport aux femmes innocentes est un des plus graves péchés en islam.
Les hommes ont autorité sur les femmes, en raison des faveurs qu'Allah accorde à ceux-là sur celles-ci, et aussi à cause des dépenses qu'ils font de leurs bien. Les femmes vertueuses sont obéissantes (à leurs maris), et protègent ce qui doit être protégé, pendant l'absence de leurs époux, avec la protection d'Allah. Et quant à celles dont vous craignez la désobéissance, exhortez-les, éloignez-vous d'elles dans leurs lits et frappez-les. Si elles arrivent à vous obéir, alors ne cherchez plus de voie contre elles, car Allah est certes, Haut et Grand !"
Bof, pas vraiment choquant. Les hommes ont autorité sur les femmes dans cette société islamique primitive parce que ceux-ci les pourvoient en biens et assurent leurs besoins matériels. L'ordre de frapper a beaucoup été commenté, mais je ne crois pas qu'il s'agisse d'un ordre de blesser physiquement, ou de faire jaillir le sang, mais bien davantage d'éveiller la honte.
Le Coran donne quelques illustres exemples à titre de comparaison: au verset 60 de la sourate 2 "frappe/idrib le rocher de ton bâton", au verset 93 de la sourate 37 "il se mit furtivement à les frapper/darban de sa main droite", au verset 4 de la sourate 47 "lorsque vous rencontrez (au combat) ceux qui ont mécru frappez-en/fadarba les cous" au verset 27 de la sourate 47 " les anges les achèveront, frappant/yadriboona leurs faces et leurs dos". Vous entendez jamais de controverse sur le caractère polysémique de ces autres exemples de verbes décrivant l'acte de frapper physiquement/violemment. Il n'y aurait semble-t-il donc que la racine verbal "daraba" du verset autorisant la violence conjugale à l'encontre de l'épouse qui serait porteuse d'un sens ambiguë voire pluriel...
Curieux, n'est-ce pas?
Non, pas curieux, car le verbe est bien choisi. En effet, il apporte une nuance : la femme doit être comme le rocher frappé par Moïse, c'est-à-dire complètement ébranlée. Darban désigne l'effet que doit avoir la sanction sur la conscience. Au reste, on sait que les musulmans sont dans l'obligation de bien traiter leurs épouses. Au Moyen-Age, des femmes battues portaient leur cas devant les tribunaux, où elles étaient dédommagées par leur mari pour leurs blessures, et où naturellement elles obtenaient le divorce. Et oui, une épouse battue est libre de quitter son mari, faut pas l'oublier, et c'est même mieux pour elle.
Il faut aussi prendre en compte le contexte pré-islamique, par rapport auquel l'islam apporte une amélioration certaine à la condition féminine (puisque les femmes d'avant étaient à peine des personnes). Contexte pré-islamique dans lequel les musulmans reviennent petit à petit.