Absenthéiste a écrit :A mon sens, les ouvrages religieux sont autant de coquilles narratives théâtralisant l’histoire de nos origines. Ces saintes écritures posent pour pivot de lecture une variable interprétative fluctuant selon les individus et les époques. C’est sans doute très commode, mais je pense que la quête des origines doit pouvoir s’appuyer sur d’autres outils qu’un simple sentiment adaptatif et transcendantal qu’on appelle la foi.
Salut,
Je doute fortement de la perspective proposée par la dernière de ces phrases. "Foi" est un synonyme de "confiance". La confiance ne s'impose-t-elle pas comme une valeur sacrée pour une espèce sociale... capable de se transmettre des histoires qui plus est?
Si l'on a pas confiance en ses ancêtres, au moins certains d'entre eux, que l'on se dit que les Anciens étaient tous des dingos, irrationnels jusqu'au bout de doigts, il est difficile d'apprendre d'eux.
J'ai foi dans le fait que les récits originels sont pour certains le produit d'une transmission et point d'une "mise en scène". Je me suis beaucoup penché sur les cosmogonies et, si l'on sait lire le style utilisé, ce sont souvent des histoires tout à fait cohérentes.
La Genèse, par exemple, est composée d'abord des Sept Jours qui évoquent la formation de l'écosystème; ensuite vient le Jardin d'Eden; puis il y a le récit de Caïn et Abel, l'agriculteur et l'éleveur.
En considérant simplement ces détails généraux, on peut déduire de quoi ça parle fondamentalement : pour développer l'agriculture et l'élevage, il a fallu comprendre le lien entre sexualité et reproduction, soit le principe de fécondation.
Nos ancêtres, quand ils se sont mis à parler et donc se donner des explications, se sont fourvoyés sur la procréation... à cause de l'Eden. En hébreu, ça signifie "plaisir/charme". Les mâles humains font partie des rares êtres vivants qui n'ont pas une sexualité cyclique. Les mâles bonobos, chimpanzés et humains sont féconds et dispos toute l'année. Les chimpanzés utilisent la sexualité pour négocier. Les bonobos l'utilisent pour apaiser les tensions. Nous l'utilisons pour ces deux raisons et pour le plaisir.
À cause de cette particularité sexuelle (et sans doute aussi de la proximité du cycle menstruel féminin et du cycle lunaire), il y eut un temps durant lequel nos ancêtres croyaient que les enfants naissaient des mères uniquement. D'où l'absence de la femme dans le Jardin d'Eden, au début : elle est représentée par l'Arbre de Vie (Eve signifie en hébreu : Vie/Vivre).
Le partage du Fruit représente le partage des enfants : partage des enfants sous l'autorité des deux parents; partage de la nature en catégories, les espèces; partage de l'humanité en ethnies car l'effondrement du mythe collectif engendra des luttes de pouvoir
Le Coran répète plusieurs fois une formule, très claire dans ce contexte : "L'homme fut fait d'une goutte de sperme et devint un querelleur déclaré"
Et si l'on observe les vieux mythes africains, des Khoïsans et Bantous notamment, ou encore Aborigènes, on obtient des détails sur le même événement : la découverte du lien entre sexualité et reproduction.
Au travers des âges, certains ont transmis le souvenir du Temps Premier : l'âge de la Mère Universelle. Je crois que ça a été transmis, via l'Afrique, puis l'Égypte, puis la Bible... et non pas créé de toute pièce. Reformulé conviendrait mieux... ou encore "révélé", selon le lexique traditionnel.