Jean Moulin a écrit :trois auteurs (Pline le Jeune, Suétone et Tacite); 1. ils écrivent dans les années 110–120 et 2. mentionnent les chrétiens ou le christ et visiblement cela ne concerne pas le christianisme au sens où nous le connaissons...
Alors cela concerne quoi ?
Le témoignage de Pline le Jeune qui date de 112 et qui est incontestable, le seul problème c’est ce qu’il dit. Il dit que cette « superstition » vient juste de surgir, alors que le christianisme existe censément depuis 80 ans et que ces gens croient dans un homme ressuscité qu’ils appellent « christ » et qui serait devenu Dieu. Et c’est justement le problème, parce que vers 90, Dosithée ou son disciple Simon le Magicien tentèrent de faire croire que l’un ou l’autre (les sources ne sont pas claires) était mort et ressuscité et qu’il était le christ et qu’il était devenu Dieu. Nous trouvons donc bien en 112 la trace d’une croyance en une résurrection « réussie », mais il est impossible de savoir si c’est de la résurrection de Jésus dont il est question.
Reste deux témoignages un peu postérieurs.
D’abord Tacite, qui écrivit à propos des chrétiens en disant qu’ils furent crucifiés sous Néron. Le passage est depuis longtemps considéré comme un faux, parce que tout simplement ce que Tacite dit des chrétiens provient en partie des évangiles alors qu’en même temps les chrétiens dont il parle, sont assez clairement des Juifs messianisants. Le Christ est le mot grec pour Messie. Les Juifs croient au Messie mais ne croient pas que Jésus soit le messie. Encore aujourd’hui, les Juifs qui croient en la venue imminente du messie sont appelés « Juifs messianisants », donc des Juifs chrétiens qui croient en la venue imminente du Christ ou du Messie qui n’est évidemment pas pour eux Jésus.
Reste encore Suétone qui, dans ses Vies des Douze Césars qui datent de 120, raconte qu’il y eut un certain Chrestos qui poussa les Juifs de Rome à la révolte vers 35 ou vers 45, ce qui provoqua leur expulsion par Tibère ou par Claude. Flavius Josèphe parle d’une escroquerie que firent des Juifs à une prosélyte de grande naissance. Il est possible qu’outre le détournement d’argent auxquels ils se livrèrent, ils avaient peut-être des prétentions messianiques.