jipe a écrit :l'islam est comme l'ambroisie
invasive , nuisible , et problématique pour la santé publique
Qui sont les musulmans de France ?
Samuel Lieven
Entre la masse de ceux qui se disent musulmans par simple héritage culturel ou familial et la frange radicalisée parfois tentée par la violence, un islam identitaire, à cheval sur sa visibilité, a pris son essor ces dernières années.
Installé beaucoup plus récemment en France que le christianisme ou le judaïsme, l’islam, deuxième religion du pays, se présente comme un kaléidoscope difficile à saisir pour les chercheurs.
24 Septembre 2015 : Les fidèles musulmans se réunissent à la Grande Mosquée de Mantes-la-Jolie pour la prière de l'Ad el-Kabir, la "fête du sacrifice".
Une enquête IFOP réalisée pour La Croix en 2011 montre que les trois quarts des personnes issues d’une famille musulmane se disent croyantes. Ce chiffre varie toutefois selon les années en raison du caractère déclaratif de l’enquête.
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Concernant la pratique, celle-ci se révèle beaucoup plus dynamique chez les musulmans que chez les catholiques. Selon la même enquête, 41 % des personnes interrogées se disent croyantes et pratiquantes (16 % chez les catholiques). Un quart des musulmans suivent le prêche du vendredi et la pratique du jeûne durant le mois de Ramadan, stable depuis 2001, a connu une très nette augmentation au cours des années 1990 (plus de 70 %).
Le pèlerinage à la Mecque, autre pilier de l’islam, concerne autour de 6 % des sondés.
« Cette immense majorité de musulmans culturels n’a aucune étiquette idéologique et se bricole le plus souvent un islam à la carte », résume le chercheur Romain Sèze, de l’Institut national des hautes études de sécurité et de justice (INHESJ).
> A lire ; Des dirigeants chrétiens et musulmans du monde entier s’expriment
Le développement d’un islam identitaire depuis les années 1990
Pour les générations nées en France, être musulman se confond davantage avec la notion d’identité, un phénomène que les chercheurs observent depuis les années 1990. « C’est l’affirmation d’un style de vie où l’éthique se conjugue au vêtement, à la nourriture ou encore aux luttes contre « l’islamophobie » et pour la défense de la Palestine », écrit le spécialiste de l’islam en France Bernard Godard (1).
Plus visibles dans l’espace public, les jeunes générations sont aussi plus offensives sur le terrain du droit et de la politique en luttant contre toutes les formes de discriminations (travail, logement, etc), à l’instar du collectif contre l’islamophobie en France (CCIF).
Entre rupture et tentation du djihad : la nébuleuse salafiste
Objet de recherches de plus en plus importantes depuis la fin des années 1990, le salafisme, courant fondamentaliste longtemps cantonné à l’Arabie saoudite, s’est installé en France où il représenterait une centaine de mosquées sur les 2 500 recensées.
Cet islam de rupture, présent à la périphérie des grandes villes, se présente comme une nébuleuse difficile à saisir. « Les salafistes ont néanmoins en commun une vision dichotomique du monde, partagé entre les bons musulmans et les autres », explique Romain Sèze.
Toutefois, signale le chercheur, ce courant très mal vu de l’opinion ne correspond pas toujours aux clichés : celui du jeune homme barbu déambulant en djellaba dans les banlieues de Paris, Lille, Lyon ou Marseille. De plus en plus présent dans les petites villes et sur Internet sans signes extérieurs, le salafisme puise ses références idéologiques dans des univers très différents.
Entre condamnation ferme et ambiguïté de certains discours, le rapport à la violence varie d’un courant à l’autre. De même, l’« hijra » (émigration) – pour vivre entre « vrais » musulmans dans des pays à majorité musulmane – n’est plus systématiquement encouragée. « En dépit de son image déplorable dans l’opinion, le salafisme n’est pas un monolithe radicalisé : de nombreux individus basculent dans la violence sans nécessairement passer par la case salafiste », résume Romain Sèze.
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Au moins 4 millions de musulmans en France
La loi française interdit de recenser les populations par religion, ce qui empêche d’avoir un chiffrage précis.
Dans une enquête intitulée « Trajectoires et origines », des chercheurs de l’Institut national d’études démographiques et de l’Institut national de la statistique et des études économiques ont calculé en 2011 que « les musulmans forment désormais la première religion minoritaire avec 2,1 millions de fidèles de 18 à 50 ans ». Soit environ 4 millions, tous âges confondus. Le chiffre généralement avancé – et présenté comme venant du ministère de l’intérieur – est de 5 millions de musulmans en France.
Quant au nombre de lieux de culte musulman, il a nettement augmenté depuis les années 1990. On en compte de 2 300 à 2 600 en France, qu’il s’agisse de vraies mosquées ou de modestes salles de prière.
Samuel Lieven
(1) La question musulmane en France, Fayard, 2015