Re: Trump, ou la riposte du Renseignement US ?
Posté : 10 nov.16, 05:26
Trump président : comment réagit le monde musulman ?
Des dirigeants du Moyen-Orient ont appelé mercredi Donald Trump à les aider à résoudre les nombreuses crises de leur région sur lesquelles le futur président américain s'est peu exprimé durant la campagne.
Election américaine 2016Moyen-OrientProche-OrientDonald TrumpSyrieIrak
Les réactions de la communauté musulmane n’ont pas tardé en ce jour d'élection de Donald Trump à la Maison Blanche. De l’enthousiasme turc au scepticisme palestinien, tour d’horizon de l’accueil diplomatique réservé au milliardaire américain.
Les tensions entre le candidat républicain Donald Trump et la communauté musulmane (sur le sol américain et à l'étranger) ne datent pas d'hier. Entre sa proposition d'empêcher l'entrée des musulmans aux Etats-Unis en décembre 2015, sur laquelle il est revenu, et ses attaques, en août dernier, contre un couple de musulmans dont le fils, un soldat, est mort en Irak, les multiples saillies du candidat républicain ont mis beaucoup de nerfs à vif.
Maintenant qu'il est président des Etats-Unis d'Amérique, celui qui se revendique isolationniste joue la carte de l'apaisement. «Nous nous entendrons avec tous les autres pays qui ont la volonté de s'entendre avec nous», a déclaré le chef de la première puissance mondiale, lors de son discours de victoire. Dans la foulée, des dirigeants du Moyen-Orient ont appelé le milliardaire, proche de Vladimir Poutine, à les aider à résoudre les crises d'une région dont il a peu parlé durant la campagne.
En haut de la pile, le dossier «Etat Islamique»
En Syrie, les réactions étaient contrastées ce mercredi. La victoire de M. Trump a été accueillie à Damas comme «une bonne surprise», a indiqué Waddah Abed Rabbo, directeur du quotidien Al Watan, proche du régime du président Bachar al-Assad. La télévision syrienne par ailleurs a diffusé en direct son discours, fait totalement inhabituel. Des organisations prorégime se sont également félicitées de son triomphe sur Twitter.
De leur côté, des groupes rebelles réclament aussi une nouvelle politique américaine car «l'expérience avec l'administration Obama n'a pas été bonne», selon Bassam Moustapha, membre du conseil politique de Nourredine al-Zinki, l'un des principaux groupes rebelles du nord syrien.
«Si vous regardez le Moyen-Orient, c'est le chaos total», avait jugé le candidat républicain lors de la campagne. Admirateur assumé du président russe Vladimir Poutine, un allié du régime syrien, Donald Trump avait même déclaré en juillet au New York Times que «l'EI est une bien plus grande menace contre nous qu'Assad».
Israël confiant, la Palestine sceptique
«Un véritable ami de l'Etat d'Israël». C'est en ces termes que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, dont les relations avec Barack Obama étaient tendues, a qualifié Donald Trump « Je suis impatient de travailler avec lui en faveur de la sécurité, la stabilité et la paix dans notre région », a-t-il ajouté dans un communiqué, sans pour autant aborder explicitement le conflit israélo-palestinien ni la promesse controversée de déplacer l'ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem. L'un de ses ministres, Naftali Bennett, chef de file du lobby colon, a estimé quant à lui que «la victoire de Trump offre à Israël la chance de renoncer immédiatement à l'idée de création d'un Etat palestinien».
La réaction palestinienne est bien moins chaleureuse. Sa position est la même que sous l'ère Obama. «Nous sommes prêts à travailler avec le président élu sur la base d'une solution à deux Etats afin d'établir un Etat palestinien sur les frontières de 1967»,a rappelé le porte-parole de la présidence de l'Autorité palestinienne, Nabil Abou Roudeina. De son côté, le Hamas, mouvement considéré comme terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne, a fait savoir qu'il ne comptait «pas beaucoup sur un changement de politique de la part de la présidence américaine, la politique américaine sur la question palestinienne ayant été constamment caractérisée par le parti pris».
Donald Trump l'admet volontiers : résoudre ce problème est un chantier quasi impossible. «C’est probablement la négociation la plus ardue de tous les temps. Mais j’adorerais tenter le coup». Voilà comment il appréhendait le processus de paix israélo-palestinien à l'époque de la primaire républicaine (voir la vidéo ci-dessous).
L'Iran se veut prévenante sur le nucléaire
Pendant sa campagne électorale, Donald Trump avait critiqué l'accord nucléaire conclu en juillet 2015 entre l'Iran et six grandes puissances, dont les Etats-Unis, en affirmant qu'il le «déchirerait». Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, avait rétorqué à l'époque que dans ce cas, l'Iran le «brûlerait».
Ce mercredi, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a appelé le nouveau président à respecter cet accord. «Tout président des Etats-Unis doit comprendre les réalités du monde d'aujourd'hui, a-t-il lancé en marge d'un déplacement à Bucarest (Roumanie). Le plus important est que le futur président des Etats-Unis respecte les accords, les engagements pris non pas à un niveau bilatéral mais à un niveau multilatéral».
Les dirigeants iraniens misent notamment sur un président Trump plus modéré que le candidat. «L'image donnée par Trump en tant que président lors de son discours de victoire est différente de l'image qu'il montrée durant la campagne. C'est un point notable», a twitté un proche conseiller du président iranien Hassan Rohani, Hamid Aboutalebi, au terme du premier discours officiel du milliardaire.
Turquie : Erdogan pose d'emblée ses exigences
«Une nouvelle ère s'ouvre», a affirmé le président Erdogan dans une allocution retransmise par la télévision. Il faut dire que les relations entre l'administration Obama et la Turquie, deux alliés de l'Otan, avaient été éprouvées par le coup d'Etat manqué et les vains appels d'Ankara à une extradition de M. Gülen. Le prédicateur est accusé par le régime d'être l'une des têtes pensantes du putsch raté.
Des divergences opposent aussi les deux pays au sujet des milices kurdes en Syrie, que Washington appuie dans la lutte contre le groupe Etat Islamique alors qu'Ankara les considère comme des organisations terroristes émanant du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK). La proximité de Donald Trump et Vladimir Poutine, notamment dans le dossier syrien, tendent également à rassurer la Turquie.
Réchauffement diplomatique avec l'Egypte ?
L'Egypte du président Sissi fut l'un des premiers pays arabes à adresser ses félicitations au candidat républicain. Son chef d'Etat «espère que la présidence de Donald Trump apportera un nouveau souffle aux relations égypto-américaines». Les relations entre Washington et Le Caire, un allié clé de longue date au Moyen-Orient, s'étaient détériorées depuis la destitution par l'armée du président islamiste Mohamed Morsi, en 2013. Alors que les Etats-Unis critiquent régulièrement le bilan en matière des droits de l'Homme des autorités mises en place par l'ex-chef de l'armée Sissi, l'Egypte s'est rapprochée de la Russie. Avant l'élection, M. Sissi avait déjà assuré que M. Trump serait «un bon dirigeant».
Les monarchies du Golfe ont également félicité Trump
Le roi Salmane d'Arabie saoudite, une des grandes puissances régionales, a souhaité à M. Trump «le succès dans (sa) mission pour réaliser la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient et dans le monde». Les dirigeants des Emirats arabes unis, du Koweït, du Qatar et de Bahreïn, autres alliés des Etats-Unis dans le Golfe, ont également adressé des télégrammes de félicitations au républicain.
Ces monarchies avaient très mal vécu les hésitations de Barack Obama à s'engager dans la guerre contre le président syrien Bachar al-Assad, ainsi que son rapprochement avec Téhéran, rival régional de Ryad, à la faveur de l'accord international sur le nucléaire.
Des dirigeants du Moyen-Orient ont appelé mercredi Donald Trump à les aider à résoudre les nombreuses crises de leur région sur lesquelles le futur président américain s'est peu exprimé durant la campagne.
Election américaine 2016Moyen-OrientProche-OrientDonald TrumpSyrieIrak
Les réactions de la communauté musulmane n’ont pas tardé en ce jour d'élection de Donald Trump à la Maison Blanche. De l’enthousiasme turc au scepticisme palestinien, tour d’horizon de l’accueil diplomatique réservé au milliardaire américain.
Les tensions entre le candidat républicain Donald Trump et la communauté musulmane (sur le sol américain et à l'étranger) ne datent pas d'hier. Entre sa proposition d'empêcher l'entrée des musulmans aux Etats-Unis en décembre 2015, sur laquelle il est revenu, et ses attaques, en août dernier, contre un couple de musulmans dont le fils, un soldat, est mort en Irak, les multiples saillies du candidat républicain ont mis beaucoup de nerfs à vif.
Maintenant qu'il est président des Etats-Unis d'Amérique, celui qui se revendique isolationniste joue la carte de l'apaisement. «Nous nous entendrons avec tous les autres pays qui ont la volonté de s'entendre avec nous», a déclaré le chef de la première puissance mondiale, lors de son discours de victoire. Dans la foulée, des dirigeants du Moyen-Orient ont appelé le milliardaire, proche de Vladimir Poutine, à les aider à résoudre les crises d'une région dont il a peu parlé durant la campagne.
En haut de la pile, le dossier «Etat Islamique»
En Syrie, les réactions étaient contrastées ce mercredi. La victoire de M. Trump a été accueillie à Damas comme «une bonne surprise», a indiqué Waddah Abed Rabbo, directeur du quotidien Al Watan, proche du régime du président Bachar al-Assad. La télévision syrienne par ailleurs a diffusé en direct son discours, fait totalement inhabituel. Des organisations prorégime se sont également félicitées de son triomphe sur Twitter.
De leur côté, des groupes rebelles réclament aussi une nouvelle politique américaine car «l'expérience avec l'administration Obama n'a pas été bonne», selon Bassam Moustapha, membre du conseil politique de Nourredine al-Zinki, l'un des principaux groupes rebelles du nord syrien.
«Si vous regardez le Moyen-Orient, c'est le chaos total», avait jugé le candidat républicain lors de la campagne. Admirateur assumé du président russe Vladimir Poutine, un allié du régime syrien, Donald Trump avait même déclaré en juillet au New York Times que «l'EI est une bien plus grande menace contre nous qu'Assad».
Israël confiant, la Palestine sceptique
«Un véritable ami de l'Etat d'Israël». C'est en ces termes que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, dont les relations avec Barack Obama étaient tendues, a qualifié Donald Trump « Je suis impatient de travailler avec lui en faveur de la sécurité, la stabilité et la paix dans notre région », a-t-il ajouté dans un communiqué, sans pour autant aborder explicitement le conflit israélo-palestinien ni la promesse controversée de déplacer l'ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem. L'un de ses ministres, Naftali Bennett, chef de file du lobby colon, a estimé quant à lui que «la victoire de Trump offre à Israël la chance de renoncer immédiatement à l'idée de création d'un Etat palestinien».
La réaction palestinienne est bien moins chaleureuse. Sa position est la même que sous l'ère Obama. «Nous sommes prêts à travailler avec le président élu sur la base d'une solution à deux Etats afin d'établir un Etat palestinien sur les frontières de 1967»,a rappelé le porte-parole de la présidence de l'Autorité palestinienne, Nabil Abou Roudeina. De son côté, le Hamas, mouvement considéré comme terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne, a fait savoir qu'il ne comptait «pas beaucoup sur un changement de politique de la part de la présidence américaine, la politique américaine sur la question palestinienne ayant été constamment caractérisée par le parti pris».
Donald Trump l'admet volontiers : résoudre ce problème est un chantier quasi impossible. «C’est probablement la négociation la plus ardue de tous les temps. Mais j’adorerais tenter le coup». Voilà comment il appréhendait le processus de paix israélo-palestinien à l'époque de la primaire républicaine (voir la vidéo ci-dessous).
L'Iran se veut prévenante sur le nucléaire
Pendant sa campagne électorale, Donald Trump avait critiqué l'accord nucléaire conclu en juillet 2015 entre l'Iran et six grandes puissances, dont les Etats-Unis, en affirmant qu'il le «déchirerait». Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, avait rétorqué à l'époque que dans ce cas, l'Iran le «brûlerait».
Ce mercredi, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a appelé le nouveau président à respecter cet accord. «Tout président des Etats-Unis doit comprendre les réalités du monde d'aujourd'hui, a-t-il lancé en marge d'un déplacement à Bucarest (Roumanie). Le plus important est que le futur président des Etats-Unis respecte les accords, les engagements pris non pas à un niveau bilatéral mais à un niveau multilatéral».
Les dirigeants iraniens misent notamment sur un président Trump plus modéré que le candidat. «L'image donnée par Trump en tant que président lors de son discours de victoire est différente de l'image qu'il montrée durant la campagne. C'est un point notable», a twitté un proche conseiller du président iranien Hassan Rohani, Hamid Aboutalebi, au terme du premier discours officiel du milliardaire.
Turquie : Erdogan pose d'emblée ses exigences
«Une nouvelle ère s'ouvre», a affirmé le président Erdogan dans une allocution retransmise par la télévision. Il faut dire que les relations entre l'administration Obama et la Turquie, deux alliés de l'Otan, avaient été éprouvées par le coup d'Etat manqué et les vains appels d'Ankara à une extradition de M. Gülen. Le prédicateur est accusé par le régime d'être l'une des têtes pensantes du putsch raté.
Des divergences opposent aussi les deux pays au sujet des milices kurdes en Syrie, que Washington appuie dans la lutte contre le groupe Etat Islamique alors qu'Ankara les considère comme des organisations terroristes émanant du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK). La proximité de Donald Trump et Vladimir Poutine, notamment dans le dossier syrien, tendent également à rassurer la Turquie.
Réchauffement diplomatique avec l'Egypte ?
L'Egypte du président Sissi fut l'un des premiers pays arabes à adresser ses félicitations au candidat républicain. Son chef d'Etat «espère que la présidence de Donald Trump apportera un nouveau souffle aux relations égypto-américaines». Les relations entre Washington et Le Caire, un allié clé de longue date au Moyen-Orient, s'étaient détériorées depuis la destitution par l'armée du président islamiste Mohamed Morsi, en 2013. Alors que les Etats-Unis critiquent régulièrement le bilan en matière des droits de l'Homme des autorités mises en place par l'ex-chef de l'armée Sissi, l'Egypte s'est rapprochée de la Russie. Avant l'élection, M. Sissi avait déjà assuré que M. Trump serait «un bon dirigeant».
Les monarchies du Golfe ont également félicité Trump
Le roi Salmane d'Arabie saoudite, une des grandes puissances régionales, a souhaité à M. Trump «le succès dans (sa) mission pour réaliser la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient et dans le monde». Les dirigeants des Emirats arabes unis, du Koweït, du Qatar et de Bahreïn, autres alliés des Etats-Unis dans le Golfe, ont également adressé des télégrammes de félicitations au républicain.
Ces monarchies avaient très mal vécu les hésitations de Barack Obama à s'engager dans la guerre contre le président syrien Bachar al-Assad, ainsi que son rapprochement avec Téhéran, rival régional de Ryad, à la faveur de l'accord international sur le nucléaire.