génétique juive
ETATS-UNIS : Suite à des tests biologiques, un groupe d'habitants du Nouveau-Mexique a désormais la quasi-certitude qu'il est descendant de Marranes. Ce qui vient confirmer certaines traditions familiales.
Le révérend père William Sanchez, natif de l'Etat du Nouveau-Mexique, a toujours su qu'il était un peu différent. En effet, lorsqu'il était petit, sa famille pourtant tout aussi catholique que ses voisins, jouait à la toupie le jour de Noël, refusait de consommer du porc et parlait d'un lointain passé espagnol. Mais, quand le garçonnet posait des questions, nul ne voulait lui répondre clairement. Arrivé à l'âge adulte, il décida de devenir prêtre.
Il y a trois ans, il regarda à la télévision une émission consacrée à la généalogie.
Ce qui lui donna l'idée de commander " un kit d'ADN " censé lui permettre de retrouver ses origines via ses empreintes génétiques. Peu après avoir fait le test indiqué, le père Sanchez reçut un coup de fil de Benett Greenspan, propriétaire de la société qui effectue lesdits tests.
Il m'a dit: " Savez-vous que vous êtes juif, a raconté William Sanchez au Los Angeles Times. Il m'a aussi affirmé que j'étais un cohen, membre de la caste sacerdotale, descendant d'Aaron, le frère de Moïse " ![Exclamation :!:](./images/smilies/icon_exclaim.gif)
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Réalisant que sa famille descendait sûrement de " crypto-juifs " fuyant les foudres de l'Inquisition et comprenant par là même la raison de ses curieuses habitudes, le père Sanchez convainquit certains de ses paroissiens de l'église Saint Edwin à Albuquerque d'effectuer à leur tour cet examen. Mis au courant, d'autres le contactèrent spontanément. Finalement, sur soixante-dix-huit qui s'y soumirent,
il est apparu que trente d'entre eux possèdaient une caractéristique génétique propre aux cohanim (que l'on ne retrouve que chez moins de 1 % de non-juifs) ![Exclamation :!:](./images/smilies/icon_exclaim.gif)
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Ce qui, outre des us et coutumes bien particuliers,confirmerait selon Michael Hammer, un chercheur de l'Université d'Arizona et
spécialiste de la génétique juive, que ces personnes sont juives.
«J'ai découvert que j'étais juif quand
mon arrière grand-mère m'a dit que
nous étions des sepharditos»
Ainsi, s'expliquent d'ailleurs des "manies" qui, pendant des décennies ont stupéfait leurs copains d'Albuquerque. Notamment le fait d'utiliser des couteaux spéciaux (conformes à la tradition juive) pour tuer certains animaux de boucherie ou bien leur refus absolu de travailler le samedi.
Natif de la petite ville de Jarales (toujours au Nouveau Mexique), Norbert Sanchez, aujourd'hui âgé de 66 ans, se rappelle que le vendredi soir, plusieurs familles dont la sienne
mangeaient à la lumière des bougies. "Nous avons toujours pensé que nous avions des racines juives mais nous n'en étions pas sûrs, a-t-il déclaré toujours au Los Angeles Times. Quand j'en ai eu la confirmation, c'était comme un retour à la maison".
Pour comprendre le silence des ancêtres, un rappel historique s'impose. Venus d'Espagne, des Marranes commencèrent à arriver à Mexico une cinquantaine d'années après l'Expulsion des Juifs d'Espagne en 1492, espérant y trouver un refuge et échapper aux griffes de l'Inquisition. Dont les instances surveillaient de près ces "nouveaux Catholiques" dont elle ne croyait pas (souvent avec raison) à la conversion sincère. Mais le répit fut de courte durée. En 1571, l'Inquisition débarqua au Mexique et ses sbires expliquèrent aux autorités locales comment démasquer les "crypto-juifs". Lesquels, en principe, ne mangent pas de porc, ne s'agenouillent pas correctement à l'église, ne travaillent pas le samedi et enlèvent promptement, avec un chiffon, l'eau qui a servi à baptiser leurs bébés,..
A nouveau, les Marranes furent donc contraints de fuir et allèrent se réfugier dans ce qui est depuis 1848, le nord de l'Etat du Nouveau-Mexique. Malgré le rattachement aux USA, personne n'osa se revendiquer ouvertement comme juif. Et ce, jusqu'aux années soixante-dix,lorsque certains commencèrent à parler. "J'ai découvert que j'étais juif à l'âge de treize ans quand mon arrière- grand-mère m'a dit que nous étions des sepharditos", se souvient plus de trente ans après Keith Chaves, un ingénieur d'Al buquerque qui fréquente à présent la synagogue orthodoxe de sa ville.
Catherine Garson
ACTUALITÉ JUIVE
N°871 DU 30/12/04 -24