vic a écrit : ↑23 sept.20, 01:27
Bouddha n'a jamais décrit l'éveil en lui même , il a décrit la voie qu'il a empreinté pour y parvenir
. L'éveil n'existe pas en tant que chose qu'on peut se représenter .
Si la personne essait de se représenter l'éveil , ça la rendra folle .
C'est comme un chien qui tourne en rond pour mordre sa propre queue.
Oui.
Certains maîtres zen sont réputés avoir expérimenter de "petits" satori (de courtes expériences d’éveil) dans un grand éclat de rire de compréhension et d'humilité vis à vis d'eux mêmes, un rire de moquerie vis à vis de soi-même tant la "réponse" leur apparaît tellement évidente soudain qu'il rient d'eux-mêmes pour ne pas l'avoir vue alors qu'elle était sous leur nez depuis le début. C'est un rire qui en quelque sorte "anéanti" l'ego, libérateur. Et le rire ce n'est pas vraiment une expérience que l'on peut décrire avec des concepts, on doit le vivre, le ressentir.
Je connais au moins 1 parabole zen ou un maître a provoqué un éveil chez un de ses disciples par la moquerie et quand celui si a compris il a rit, il a connu un petit satori par le rire.
Je peux témoigner que parfois de brefs éclairs de compréhension peuvent se traduire par du rire. Je n'ai jamais eu de témoin mais si quelqu'un avais du me voir à se moment là il m'aurait peut être pris pour un fou, surtout que si il m'avait demandé pourquoi je riais, et que je lui avais expliqué, il m'aurait surement pris pour un fou.
Un petit koan de Maître Dôgen m'a fait cet effet là une fois alors que bien sûre je ne m'y attendais pas.
J'ai entendu que l'Eveil (durable) peut se traduire par un état constant de joie provoqué par un émerveillent permanent vis à vis d’absolument tout ce qui est observé sans le moindre discrimination. Une fleur qui pousse, un chien qui défèque, le soleil qui se lève, tout devient un spectacle merveilleux. Car l’éveillé voit que tout est miraculeux, tout est absolument merveilleux, comme un enfant qui s'émerveille devant de l'anodin ou du banal pour l'adulte.
D'ailleurs le moine Matthieu Ricard conseille aux gens en proie à la dépression de cultiver justement l’émerveillement. L'émerveillement provoque la joie, et la joie est l'état contraire à la tristesse qu'accompagne la dépression.
Et par expérience je connais très bien l'état dépressif.
Et aussi un bref et pur état jouissif de rire provoqué par le bonheur d'un bref éclair de compréhension... que je ne peux pas vous expliquer. Enfin si je peux mais cela ne provoquerait probablement rien chez vous. C'est quelque chose disons... de propre à chacun. Non transmissible. C'est du à une conjonction de facteurs propres à la personne à un instant T.
Si je vous répète le koan de Dôgen vous me direz surement : oui et alors ? C'est tout ?
L'origine (légendaire ?) du Zen est la transmission d'un enseignement sans parole entre le Bouddha et un de ses plus proches disciples. Le Bouddha a fait un simple geste délibéré, et un seul des disciples à souris. Et le Bouddha a dit en désignant celui qui souriait : lui a compris.
Dans les années 1970 Taisen Deshimaru est venu en Europe et plus particulièrement en France faire connaître le Zen. Le danseur Maurice Béjart en a bénéficié et il a dit que grâce à Maître Deshimaru il avait vraiment découvert ce que c'était que le rire.
On ne s'attend guère a voir de l'humour chez des moines bouddhistes et pourtant... d'ailleurs le Dalaï Lama rit souvent, il fait parfois rire son auditoire. Et pourtant il a bien des raisons d'être triste pour son peuple. Il rit de lui même en racontant des anecdotes. Parfois on ne comprend pas bien pourquoi il rit. Mais cela fait quand même plaisir à voir.
La plupart des gens n'associent pas "joie" et Bouddhisme et pourtant...
Et pourtant, sur la plupart des représentations le Bouddha souris très légèrement. Et il y a un sens a ce sourire. C'est un sourire de confiance. Malgré tout le spectacle de la souffrance humaine qu'il a pu contempler, il sait qu'il est possible d'aller au delà, il le sait parce qu'il y ai arrivé personnellement. Et que c'est possible pour tout le monde.
C'est pourquoi quand on me dit que l'enseignement du Bouddha peut rendre heureux, que je n'ai qu'a vérifier par moi même et que je constate que c'est vrai, je n'ai pas besoin d'avoir une vision mystique divine, je n'ai pas besoin d'avoir quelque chose de surnaturel, je ressens un mieux être en moi qui n'a pas besoin de faire dans le "grand spectacle". C'est quelque chose que je ressens. C'est plus convainquant que 100 messes 1000 sermons ou 10 000 prières non suivi du moindre effet concret.
Il y a des années de cela, alors que j'étais encore croyant, un soir ou j'allais très très mal, vraiment très mal, seul, chez moi, dans le noir, j'ai demandé de l'aide à celui en qui je croyais. Et la réponse (peut être - car j'ai des doutes sur la cause exacte de ce que j'ai ressenti alors) fut tout sauf un soulagement, bien au contraire. Donc quand bien des années plus tard un simple homme mort il y a 2500 ans m'a dit que les dieux ne pouvaient rien pour soulager ma souffrance, je n'ai eu aucun mal à le croire, j'avais pu le vérifier.
Mais évidemment... mon témoignage ne vaut absolument rien dans l'absolu. Il ne vaut pas preuve. Je suis le seul a savoir ce qui s'est passé. Donc cela ne peut convaincre personne. C'est pourquoi je ne me balade pas partout avec cette anecdote pour prêcher l’athéisme, ce serait stupide et vain.
Par contre j'ai croisé plusieurs fois sur des forums des personnes témoignant d'une expérience mystique "divine" et la mettant constamment en avant pour essayer de "crédibiliser" leur discours. J'ai croisé 2 personnes comme cela. Très très antipathiques car d'une fermeture d'esprit et d'une intolérance insupportable. Tenant des propos très désobligeant vis à vis de tous ceux qui ne croyaient pas en leur dieu.
C'est pourquoi, j'espère ne jamais avoir ce genre d'expérience, le même genre que ces personnes. J'ai déjà bien assez de défauts comme ça. Je ne veux surement pas devenir encore pire.
Nietzsche avait raison de dire que ce n'est pas le doute qui rend fou, mais la certitude. Ces 2 personnes étaient d'une inébranlable certitude apparente. Et on pouvait raisonnablement douter de leur santé mentale en lisant leurs propos. Plus à plaindre qu'a envier. Je doute for que ces personnes soient heureuses dans la vie, elles doivent être atrocement seules. Se sentir atrocement seules et incomprises. Ce n'est pas un ressenti agréable. Du tout. Si il est intense et constant. Il ne fait pas bon être "élu" par un "dieu", la mythologie grecque ou même certains récits bibliques nous le prouvent. Les prophètes peuvent souffrir beaucoup et finir mal. Si c'est comme cela que l'amour d'un dieu doit se traduire pour ses créatures, non merci. Très peu pour moi.
Moi je cherche a être heureux, plus que je ne le suis actuellement. C'est pas plus compliqué.