estra2 a écrit : ↑29 août22, 04:45
Selon les 3 religions monothéistes, Dieu ne s'est pas retenu de punir des humains qui agissaient mal, que ce soit par le Déluge, par la destruction de Sodome etc.
(...)
Encore une fois, il y a une contradiction entre un Dieu d'amour et de justice et un Dieu qui demande à des humains, qui sont des juges imparfaits, de condamner et d'exécuter un suspect !
Salut,
Le dieu d'amour et de justice, c'est la vision chrétienne de Dieu.
Le dieu de la Torah est différent : c'est le dieu qui guide le peuple d'Israël vers le salut, c'est-à-dire vers la Terre Promise et vers la Loi (au point d'ailleurs que les deux se confondent dans de nombreux textes juifs anciens). Dans ce contexte, le Déluge ou la destruction de Sodome ne sont pas tant l'illustration que ce dieu punit les humains qui agissent mal que la préfiguration du salut d'Israël au comble de l'épreuve.
Le dieu chrétien a émergé au 1er siècle de notre ère du scepticisme d'une partie des juifs ou plutôt des judaïsants à l'égard de la Loi juive dans un contexte où :
* la Judée subissait le joug romain
* le judaïsme se déchirait sur le contenu de la Loi : Torah écrite exclusive pour les uns, Torah écrite augmentée d'une Loi orale pour les autres.
Alors, la Loi qui était sensée garantir le salut d'Israël ne devenait-elle pas l'instrument de sa perdition ?
Le dieu musulman est plus complexe encore.
Pour des raisons qui seraient trop longues à expliquer ici, le milieu d'apparition de l'islam n'était pas un milieu "païen" comme le prétend la tradition musulmane, mais un milieu gnostique.
Le gnosticisme comprenait un grand nombre de sectes assez divergentes entre elles, mais dont le point commun était que le salut et l'accès à la vie éternelle était conditionnée à la connaissance intime du monde invisible divin.
Les gnostiques considéraient que la création était l’œuvre de forces maléfiques qui cherchaient à asservir l'âme humaine. La libération de l'âme n'était possible que stimulée par des messagers de lumière qui lui apportaient la connaissance (gnose) nécessaire à son élévation vers le monde divin.
Certaines sectes gnostiques tenaient le dieu de la Torah pour un faux dieu (parfois dénommé Yaldabaoth dans les écrits gnostiques) en opposition à ce qu'ils appelaient le Vrai Dieu.
Les gnostiques, juifs ou chrétiens, méprisaient la Loi, ils l'acceptaient comme un mal nécessaire, mais voyaient en elle un instrument d'asservissement de l'homme par des puissances maléfiques.
C'est un rassemblement de sectes gnostiques arabes au 7e siècle qui a commencé les premières conquêtes arabes, notamment de la Palestine, vers 620/621 J.C. (d'après une chronique de Jacob d'Edesse).
Le Coran a été écrit précisément en réaction au gnosticisme, et en particulier pour dénoncer la légèreté avec laquelle les gnostiques traitaient de la loi (le début de la sourate 2 notamment), probablement dans un contexte où, les Arabes ayant conquis des territoires, il fallait y légiférer.
Ultérieurement, il y a eu synthèse, vers la fin du 7e siècle puis le 8e siècle, entre le courant gnostique initial des Arabes, et le courant coranique, lequel se développait en réaction au premier, alors que les deux s'affrontaient dans des guerres à de multiples reprises, et c'est cette synthèse qui a abouti à l'islam aujourd'hui.
Cette synthèse s'est traduite notamment par le fait que diverses traditions juridiques hétéroclites arabes développées pendant le 7e siècle par des juges ont été réinterprétées et rassemblées en un corpus appelé "Sunnah", et juxtaposé au Coran.
Et aujourd'hui, l'islam c'est le Coran et la Sunnah, et non pas le Coran seul.
Allah, le dieu des gnostiques arabes du 7e siècle, n'avait probablement aucune intention législative, et c'est le courant adverse coranique qui a forcé à en faire le Législateur suprême.