lafrisée a écrit : ↑19 janv.23, 20:30
Pour ma part, je ne trouve pas que le terme "juger" soit approprié.
La colère est un cri du coeur, et selon moi ne passe pas par le jugement, sinon ce serait à mon sens le plus souvent une erreur.
Les colères saines sont celles qui partent du coeur, pas celles qui partent de l'intellect ou de la volonté d'avoir le dernier mot. Ce serait un peu la colère d'une mère envers sont enfant : qui l'aime à en mourir, mais qui pourtant ne peut pas tout accepter de lui, et, par le truchement de son coeur, de la justesse de son coeur de mère, de son coeur d'amour débordant de mère, laisse jaillir une colère saine.
En effet, le mot juger n'est pas approprié, il s'agit de la conscience qui rend témoignage, s'accusant et se défendant tour à tour, comme Paul en parle :
"Quand les païens, qui n'ont point la loi, font naturellement ce que prescrit la loi, ils sont, eux qui n'ont point la loi, une loi pour eux-mêmes, ils montrent que l'oeuvre de la loi est écrite dans leurs coeurs,
leur conscience en rendant témoignage, et leurs pensées s'accusant ou se défendant tour à tour".
Il y a donc un témoin, la conscience, les pensées, l'une accuse l'autre défend, ce qui donne : un témoin, un accusé, un avocat (défenseur), pas de juge.
On peut l'étendre à la loi d'amour du prochain, exemple que j'ai souvent cité : un SDF dans la rue, assis par terre avec son chien, un homme riche passe, une première pensée "
il aurait bien besoin d'une réinsertion sociale celui là mais je n'ai pas de temps pour m'en occuper, je vais lui donner un billet". Puis il se ravise, voyant une bouteille vide près de l'homme, pensant "
non, c'est inutile, il va aller s'acheter une autre bouteille". Et il passe sa route.
Sa conscience va l'accuser, lui disant "
quand même, tu aurais pu faire un geste, ça ne t'aurait rien ôté, et en lui donnant de quoi aller s'acheter à manger pour lui et son chien, qui te dit qu'il aurait acheté seulement de quoi boire ?" pensée suivante "
c'est pas faux, j'ai tiré un plan sur la comète sans savoir". Ensuite, soit il fait demi-tour, répare son manque de charité et
apaise sa conscience, soit il poursuit son chemin,
faisant taire sa conscience. C'est ainsi qu'on rend le coeur mauvais, à force d'accumuler les manques d'amour, à force de rater la cible en faisant taire sa conscience, en ne voulant ni la voir ni l'entendre.
La conscience fonctionne donc bien avec le coeur, porté à faire le bien mais ne le faisant pas toujours. Lorsqu'il fait le bien, il le fait avec justice, la colère d'une maman envers son enfant est donc justice, pour son bien et non pour son mal, pour qu'il regrette sa mauvaise conduite et change de comportement à l'avenir.
L'enseignement de Jésus, c'est cela : fait aux autres ce que tu aimes qu'ils te fassent, autrement dit,
fait abnégation de toi, mets toi à sa place un instant et pose toi la question, qu'aimerais tu que l'on te fasse dans sa situation ?
Et bien si je suis l'enfant qui a fait une grosse bêtise, j'aimerais que ma maman se mette en colère (cela m'incite à l'écouter) et m'explique les conséquences de ma bêtise, car je ne dois pas nuire à mon prochain et je dois honorer mes parents, afin que je comprenne la leçon qu'elle me donne, que je la retienne (je me souviendrai de sa colère), et que je ne recommence pas.